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L'Indépendant N° 3106 du 19/9/2012

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Transition politique et crise sécuritaire et institutionnelle : Quand le président intérimaire néglige de conforter son pouvoir
Publié le mercredi 19 septembre 2012  |  L'Indépendant


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© aBamako.com
Conseil des Ministres du 1er aout 2012
1 er aout 2012. Koulouba. Premier Conseil des Ministres présidé par le Président de la Transition Dioncounda Traore


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Cinq mois après son installation au pouvoir, le 12 avril 2012, comme président de la République par intérim, Dioncounda Traoré peine simplement à exercer ses prérogatives de premier magistrat de l’Etat malien. On peut oser une interrogation : combien de décisions a-t-il prises ? Elles peuvent se compter sur les doigts d’une main. Et dire que le président intérimaire, qui était candidat à la magistrature suprême de la République -avant le coup d’Etat du 22 mars- a pris les rênes d’un pays qui a besoin d’être réorganisé, restructuré.

Avoir le pouvoir est une chose ; l’exercer en est une autre. Or, il semble selon un politologue français, que le pouvoir se conforte à travers son exercice. C’est-à-dire que le défaut de la jouissance des prérogatives que confère le pouvoir politique finit par l’atrophier. C’est de cet esprit que plusieurs chercheurs et philosophes affirment haut et fort qu’a l’instar de la liberté, le pouvoir s’arrache avant de devenir effectif.

On a beau sermonner les putschistes du 22 mars, l’on doit avoir l’honnêteté de constater qu’ils ont quasiment ramassé le pouvoir après une mutinerie au cours de laquelle, le chef de l’Etat, celui qui incarne la plus haute autorité, s’est retiré de sa position pour laisser la place à un vide. La nature ayant horreur du vide, l’ex-junte a trouvé la voie idéale pour s’exprimer, prendre quelques décisions, pousser quelques racines avant la levée de boucliers qui a abouti à son retrait de la scène.

A l’investiture du président de l’Assemblée nationale, Pr Dioncounda Traoré, comme président intérimaire de la République le 12 avril 2012, l’on avait pensé à une prise en main rapide et vigoureuse des affaires de l’Etat, pour revenir au moins à la presque normalité. Ce ne fut pas le cas. Les arrestations arbitraires ont continué de plus belle. Le summum a été atteint avec, le 30 avril et le 1er mai, l’affrontement fratricide entre bérets verts et bérets rouges. Le paroxysme de ce que certains ont appelé « la déliquescence de l’Etat malien au sud » (le Nord aussi poursuivant sa désintégration) a été atteint avec l’agression du chef de l’Etat le 21 mai 2012. Du jamais vu dans le monde, un président de la République, fût-il intérimaire, passé à tabacs dans ses bureaux de la présidence de la République !

A y réfléchir, certaines interrogations fusent. Pourquoi avec cette situation particulièrement explosive, Dioncounda Traoré n’a-t-il pas songé à nommer un chef d’Etat-major particulier chargé de sa sécurité ? Le président n’a-t-il pas la latitude de constituer dès sa prise de fonction une garde rapprochée digne de ce nom ? Passons.

Il semble que le chef de l’Etat est très laxiste par nature. L’homme selon des témoignages concordants, « néglige tout, minimise tout et dédramatise tout ». Loin de nous l’idée de se réjouir de ce drame qui a humilié l’Etat malien, mais il faut, après recul, avoir le courage d’appeler le président de la République à sortir de sa passivité. Cinq mois après son installation au pouvoir, le 12 avril 2012, comme président de la République par intérim, Dioncounda Traoré peine simplement à exercer ses prérogatives de premier magistrat de l’Etat malien. On peut oser une interrogation : combien de décisions a-t-il prises ? Elles peuvent se compter sur les doigts d’une main. Et dire que le président intérimaire, qui était candidat à la magistrature suprême de la République -avant le coup d’Etat du 22 mars- a pris les rênes d’un pays qui a besoin d’être réorganisé, restructuré. Aux nombreuses propositions qui lui sont faites en terme de cadres à nommer à tel ou tel poste, le chef de l’Etat tergiverse, fait semblant de signer le décret et finit par le ranger sur le bureau. A titre d’exemple, le Secrétaire général de la présidence qu’il devait nommer ne l’a été que dans les journaux. Le chef d’Etat major de l’armée, le chef de la Gendarmerie, le patron de la Sécurité d’Etat (renseignements), un service hautement stratégique, qui dépend toujours de la présidence de la République, sont toujours ceux qui ont été nommés par l’ex-junte. Il va s’en dire que ces derniers ne se sentiront dépendants que de l’« autorité » qui les a nommés. Le président intérimaire feint d’ignorer l’importance des postes stratégiques auxquels les nouveaux dirigeants s’empressent de nommer des cadres qui leur sont fidèles. Conséquence, son pouvoir peine à s’affirmer. Il apparaît comme un véritable président de l’ombre, effacé.

Même si le Mali a connu un coup d’Etat, le président de la République par intérim doit s’assumer comme celui du Ghana, John Dramani Mahama qui, dès après les obsèques de son regretté prédécesseur, John Atta Mills, a procédé à plusieurs nominations. Pour asseoir son pouvoir. Lorsque le pouvoir est résiduel, « des voix discordantes à Bamako », dont parlait Kadré Désiré Ouédraogo, le président de la Commission de la CEDEAO, se feront encore entendre, au grand dam du peuple malien.

Dans une interview diffusée récemment sur une chaîne internationale, Soumaïla Cissé de l’Urd disait que le leadership de Dioncounda va s’affirmer aussi bien dans des domaines sécuritaires que dans les questions de la vie courante et qu’il faut lui laisser le temps. Les semaines passent et on a l’impression que le chef de l’Etat ne fait rien pour conforter son pouvoir. Volonté délibérée ou crainte vis-à-vis d’une autre autorité ? La question reste posée. Que Dieu sauve le Mali !

Bruno D SEGBEDJI

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