Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Aires d’abattage des animaux : Le mauvais exemple de Bandiagara, Koro et Hombori
Publié le mercredi 12 novembre 2014  |  L’Essor




Le ministre du Développement rural, Dr Bokary Treta était en visite la semaine dernière dans la région de Mopti. Il a mis à profit son séjour pour s’enquérir des conditions hygiéniques dans les aires d’abattage de certaines localités de la région comme Bandiagara, Hombori et Koro. Ainsi, très tôt samedi matin, soit 6 heures 10 minutes, la délégation ministérielle était venue s’enquérir des conditions d’abattage des animaux sur l’unique espace réservé à ce service. Au moment, où arrivait la délégation du Dr Treta quelques bouchers étaient occupés à dépecer leurs animaux sur cet espace insalubre. Il faut rappeler que l’aire d’abattage de Bandiagara réalisée dans les années 60, a été très vite rattrapée par l’urbanisation effrénée de la cité.

En effet, en 2007, la ville de Bandiagara avait connu une inondation qui a fait beaucoup de sinistrés à cause du débordement du lit du cours d’eau Yamé. Les autorités ont trouvé un site de recasement qui encercle de part et d’autre l’aire d’abattage. Ainsi les habitations ont poussé comme des champignons aux quatre points cardinaux de cet espace.

Par ailleurs, il faut également relever que l’espace manque d’adduction d’eau potable. Les bouchers ont recours tous les matins aux services de jeunes filles et garçons qui se lèvent très tôt et amènent de l’eau qu’ils vendent à 50 Fcfa le bidon de 20 litres. Ce petit commerce matinal fait le bonheur de Mariétou Yanogué, élève en classe de 7è année fondamentale et de Ousmane Diallo, élève en classe de 8è année. Ces jeunes assurent que leurs domiciles n’étant pas situés très loin de l’aire d’abattage, ils ont pris l’habitude de venir ravitailler les bouchers en eau à l’aide de pousse-pousse.
Mme Diallo Maïmounatou Traoré est agent technique d’élevage qui était en train d’estampiller à l’encre indélébile les carcasses dans le cadre de l’inspection quotidienne de la viande. Elle a confirmé l’absence de point d’eau sur le site de l’aire d’abattage. En conséquence, les bouchers font recours aux services de ces jeunes matinaux pour laver les boyaux et nettoyer l’espace d’abattage des déchets. L’insalubrité des lieux saute à l’œil du visiteur et rebute plus d’un passant. En effet, les contenus des viscères sont déversés à même le sol, le sang coagulé des animaux égorgés ne s’écoule plus dans la fosse sceptique aménagée. L’espace prévu pour dépecer les animaux est juste nettoyé de façon sommaire avant les opérations. Néanmoins, certains bœufs et ovins/caprins sont égorgés à même le sol dans le périmètre de l’aire d’abattage. Ce qui contribue davantage à polluer l’atmosphère.

connexion au réseau d’adduction d’eau. Le spectacle est révoltant à la vue du sang et des déchets déposés qui pourrissent littéralement sur place. Même si reconnaissent les utilisateurs, ils enlèvent de temps en temps les déchets des panses pour en faire un fertilisant organique pour leurs champs. Les eaux usées stagnantes empestent l’air de leurs odeurs nauséabondes. C’est dans l’indifférence et l’impuissance totales que les riverains et passants encaissent les nuisances olfactives de l’espace.
Cependant, le Service local des Productions et industries animales (SLPIA) collecte bien une taxe qui est reversée mensuellement à la mairie. Ainsi, la taxe d’abattage pour les bœufs est de 150 Fcfa par tête et 100 Fcfa pour l’égorgeur et 30 Fcfa par tête d’ovins/caprins et 50 Fcfa pour l’égorgeur. En moyenne, le SLPIA reverse entre 19.000 et 20.000 Fcfa par mois à la mairie qui n’apporte aucune assistance à l’infrastructure.
Le ministre Dr Treta s’est indigné des conditions d’hygiène et d’insalubrité insoutenables de l’aire d’abattage. « Il est intolérable de s’accommoder de cette situation. En attendant de délocaliser l’aire d’abattage en dehors de la ville, les autorités politiques et municipales ont l’obligation de trouver une solution à la problématique de l’hygiène des lieux. », a développé Dr Treta. Il a ainsi instruit au SLPIA en relation avec la mairie, la Préfecture et les exploitants de l’aire d’abattage de trouver rapidement une solution à l’évacuation des eaux usées et des déchets. Le ressortissant de la localité, l’opérateur économique Seydou Nantoumé a fait un raccordement à partir d’un château pour soulager des corvées d’eau les populations recasées. La tuyauterie de ce branchement passe à proximité de l’aire d’abattage. Le ministre Treta a suggéré de le saisir pour lui demander le branchement de l’aire d’abattage sur son réseau d’adduction d’eau potable. L’aire d’abattage de Bandiagara n’est pas singulière en son genre. La même situation prévaut à Koro et à Hombori. Dans ces deux localités la même insalubrité a été relevée par le chef du département. Les bouchers étaient occupés à dépecer leurs animaux quand la délégation est arrivée sur les lieux. A Hombori, les traces séchées de sang et de restes de boyaux jonchent l’espace. La fosse sceptique, comme à Koro et Bandiagara, est bouchée et le circuit d’écoulement du sang est endommagé. Le chef de service local des productions et industries animales de Hombori a expliqué au ministre que les bouchers n’utilisent pas ou peu l’infrastructure. Ils exercent dans les environs immédiats du marché de la localité sur des espaces rocailleux. La consommation de la localité est de un bœuf et une dizaine d’ovins/caprins par jour. A Koro, ce sont 2 à 3 bœufs et une dizaine d’ovins/caprins qui sont abattus par jour. La taxe d’abattage est de 100 Fcfa par tête de bovins et 50 Fcfa par tête d’ovins/caprins.

un bœuf à 15.000 Fcfa. A Bandiagara, Koro et Hombori la viande est transportée dans des charrettes ou des pousse-pousse pour être acheminée sur les différents marchés ou espaces de vente (kiosques). En moyenne, le kilogramme de viande bovine sans os est vendu à 2500 Fcfa et la viande avec os à 2000 Fcfa à Bandiagara. Les mêmes prix sont appliqués à Koro. Toutefois, à Hombori, en raison de la sécheresse qui prévaut cette année, la viande est vendue par tas de 500 Fcfa.
Les éleveurs sont réticents à procéder au déstockage de leurs élevages en raison de l’absence de fourrages herbacés. En effet, la sécheresse qui sévit dans la zone affecte durement les animaux qui peinent à trouver de l’herbe à brouter. Un habitant de Boni, commune rurale voisine de celle de Hombori, a indiqué qu’un bœuf a été vendu à 15.000 Fcfa la tête. Mais, s’est-il empressé de préciser, il était si maigre qu’il ne pouvait même pas tenir sur ses sabots. Les éleveurs ont attiré l’attention de la délégation sur le phénomène et sollicitent de l’aliment bétail pour soulager les animaux et sauver le cheptel. Mais, le chef du département a expliqué que l’aliment bétail doit être considéré juste comme un complément et non une alimentation exclusive de l’animal. Même toute la quantité produite du pays ne saurait suffire à nourrir le cheptel affecté. La solution la plus raisonnable est de procéder au déstockage des animaux en vendant les éléments les plus affectés par la faim. Ce qui permettra à l’éleveur de générer un peu de revenus monétaires pour faire face aux charges du ménage notamment l’achat de céréales.
En attendant les aires d’abattage dans les villes secondaires connaissent les mêmes difficultés et des dysfonctionnements récurrents. Le chef du département promet de s’attaquer très rapidement à la problématique des aires d’abattage de ces localités qui exercent dans des conditions qui jurent avec les règles élémentaires d’hygiène.

Le Dr Treta a rappelé cet adage qui assure que si « le médecin soigne l’homme, le vétérinaire lui soigne l’humanité », en veillant à la sécurité sanitaire de la viande grâce aux inspections sur pied et sur les carcasses et en exigeant des conditions d’hygiène appropriées d’abattage.

M. COULIBALY
Commentaires