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Concert pour la paix au Mali à Montreuil : Initiative de Cheick Tidiane Seck
Publié le lundi 24 septembre 2012  |  RFI




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Sous la houlette du directeur musical, arrangeur et multi-instrumentiste Cheick Tidiane Seck, une quarantaine d’artistes (Amadou & Mariam, Manu Dibango, Oxmo Puccino…) ont répondu présent, samedi 22 septembre, au Grand Rassemblement pour la Paix au Mali, initié par un collectif d’une centaine d’associations d’Ile-de-France. La nuit durant, au Palais des Congrès de Montreuil, les artistes se sont succédé pour un concert fleuve, plein de rythme, de promesses et d’espoir. Retour sur un événement chargé de sens.
Des accolades, des retrouvailles enthousiastes, des guitares qui tissent deux-trois notes sur un joyeux brouhaha, des paumes égarées sur des djembés, des textes potassés en dernière minute… Derrière le rideau noir d’une loge improvisée, petite ruche en ébullition au sein de l’immense Palais des Congrès de Montreuil, ils sont tous là : Manu Dibango, Amadou & Mariam, Lokua Kanza, Rockin’Squat, Vieux Farka Touré, Lulendo, Oxmo Puccino, Médéric Collignon, Fantani Touré, Jean-Philippe Rykiel, Mah Damba… Soit, au total, plus d’une quarantaine d’artistes, tous styles et générations confondus, venus donner leur voix, ce samedi 22 septembre, à ce « Grand Rassemblement pour la Paix au Mali », à l’initiative d’un collectif d’une centaine d’associations.

Sur ce petit monde un brin tendu, face à quelques interrogations (ordre de passage, répertoire) une bouille ronde veille : c’est le « Black Bouddha », le multi-instrumentiste et arrangeur Cheick Tidiane Seck, grand fédérateur, chef d’orchestre et directeur artistique de la soirée, dont l’aura zen et le sourire se propagent inlassablement.

Les discours des politiques

De l’autre côté du rideau, avant que ne retentissent les premières notes de musique, le hall bondé (quelques milliers de personnes, majoritairement des Maliens) écoute attentivement les discours « officiels ». En ce jour anniversaire du 52e anniversaire de l’indépendance, de très nombreuses sommités politiques ont, comme les musiciens, répondu à l’appel.


Public au Palais des Congrès de Montreuil

Au fil des allocutions, tous les mots – ceux d’Elisabeth Guigou, Présidente de la Commission des Affaires Etrangères à l’Assemblée Nationale, ceux de Boubacar Sidiki Touré, Ambassadeur du Mali en France, ceux de Razzy Hammadi, député PS de Seine-Saint-Denis, soutien indéfectible de la manifestation) déplorent la « crise sans précédent » que traverse ce pays au destin suspendu, joignent leur vœux en faveur de l’unité et de la paix, convoquent à de multiples reprises la devise : »Un peuple, un but, une foi ».

Tous insistent aussi sur les liens qui unissent France et Mali, comme la député maire Dominique Voynet qui, après un vibrant « Anissou ! » (« Bonsoir ! » en Dioula) rappelle qu’à Montreuil, « le cœur du Mali bat tous les jours de l’année ». Le Ministre des Affaires Etrangères du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga, clôt ces discours par de tristes constats, mais aussi un vibrant message d’espoir. Dans le public, l’émotion se fait palpable. Comme un seul homme, l’assistance se lève pour entonner l’hymne national accompagné par l’enfant de Gao, le guitariste Baba Salah.

Un show plein de rythme et de surprises

Sur scène, l’hymne reprend, et ouvre enfin le concert vers 23h00. Derrière son clavier, Cheick Tidiane Seck, accompagné de son backing band et de son ami fidèle Jean-Philippe Rykiel (l’un des piliers musicaux de cette soirée) conduit le show en véritable maestro, liste des invités en tête, oreilles ouvertes à tous les aléas.

Débute alors une sorte de jam session de plusieurs heures, tissée d’improvisations, de moments de grâces, de quelques couacs, aussi. L’un des premiers invités n’est autre que celui qu’il surnomme son « grand frère », le doyen de la soirée, Manu Dibango et son saxophone, qui entonne son mythique Soul Makossa, sans une ride, explosif !

Puis la nouvelle génération survient en la personne de Vieux, fils d’Ali Farka Touré, qui interprète le titre Ai Du de son père. Entre le jeune Malien et la légende camerounaise, s’installe un duel sax-guitare, complice et plein d’humour. La douceur et la délicatesse de Lokua Kanza ; les pitreries vocales, toujours au poil, de Médéric Collignon ; le tempérament de feu de la griotte bamakoise Fantani Touré ; le swing irrésistible d’Ousmane Kouyaté, guitariste virtuose de Salif Keîta ; le rap utopiste de Rockin’Squat, spécialement écrit pour l’occasion ; le Dimanche à Bamako plébiscité d’Amadou & Mariam ; le rock touareg de Tiwitine… : chaque invité, sur un ou deux morceaux, apporte sa couleur et sa touche à cette »Grande Kermesse pour la Paix ».

Malgré des conditions acoustiques difficiles, musiciens et public restent jusqu’à l’aube pour profiter d’un show plein de surprises et de rythme. D’ailleurs, vers quatre heures du matin, elle débarque tout spécialement de Bamako pour l’occasion : la diva Oumou Sangaré conclut cette fête, avec un bœuf de musiciens plein d’émotions. Vers 05h30, l’ensemble du public lève le voile, les cœurs un peu soulagés, les âmes empreintes d’espoir. Montreuil a, ce soir-là, résolument vibré: un chant solidaire, une réunion collective des musiques et des consciences, qui gageons-le, laissera entendre ses harmonies jusqu’au Mali…

Trois questions à Cheick Tidiane Seck

Peu avant de monter sur scène, Cheick Tidiane Seck, visiblement très ému, a évoqué cette « union sacrée des musiciens » à Montreuil…

Quel est votre état d’esprit aujourd’hui par rapport à la situation au Mali ? Quelles sont vos actions en tant que musicien ?

Dès ses débuts, cette crise a été pour moi un coup de poignard. Pendant une semaine, j’ai perdu le sommeil. Comme tous les musiciens maliens ici, à Paris, j’étais atterré. Selon moi, le Mali, est pris en otages par des enjeux extérieurs, des questions d’argent, des revendications religieuses… Nous appartenons tous à un même pays, et partageons une histoire commune –touaregs, songhais, peuls, bambaras, soninkés… Il n’y a pas de raisons pour que nous ne puissions vivre en paix. Dès le début, j’ai voulu agir. J’ai ainsi créé le collectif Action pour le Mali, pour promouvoir le pays que j’ai connu, celui que l’on veut m’arracher. J’ai, par ce biais, initié plusieurs concerts-conférences dans toute la région parisienne.

Comment avez-vous choisi et réuni tous ces musiciens ce soir ?

Je les tous appelés un par un, des amis proches aux artistes que je connais moins, pour fédérer le maximum d’énergies. Tous ont répondu présents, pour dire « non » à cette situation intolérable, pour clamer d’une seule voix, le retour à la paix et à l’unité. Il est temps de chanter ! C’est l’union sacrée des musiciens !

Cette « union sacrée des musiciens » peut-elle être un exemple pour la société entière ?

La preuve ce soir : il ne s’agit pas seulement d’une « union sacrée des musiciens », mais aussi d’une « union sacrée » des politiques et des consciences. Au Mali, la population, qui se sentait prise en otage entre une sorte de non-gouvernance et une corruption érigée en système d’état, a, en grande partie, applaudi le putsch militaire ! Pourtant, tout n’était pas pourri…Aujourd’hui, je ne jugerai personne, leur colère est justifiée, mais j’ai envie de dire à tous : transcendez vos colères et créez l’Union Sacrée. La musique fédère, c’est un beau message d’espoir.

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