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Répercutions économiques de la crise politico-sécuritaire sur la vie des femmes déplacées de Mopti
Publié le samedi 22 novembre 2014  |  aBamako.com
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© aBamako.com par FS
Les femmes de Mopti
Les femmes déplacées de Mopti affectées par la crise du Mali




En Janvier 2012, le Mali a subi une rébellion des membres du MNLA. Cette rébellion a occasionné la chute du pouvoir de président Amadou Toumani Touré et l’occupation des régions du nord par des Djihadistes.

Cette occupation des régions du Nord a obligé des femmes à quitter leurs localités afin de chercher refuge quelque part. Un des points de chute de certaines de ces femmes fur la région de Mopti. Elles ont quitté les lieux laissant derrière elles toutes leurs fortunes.

Le calvaire de près de 40 mille femmes déplacées vers Mopti a commencé à partir de ces évènements. Ces femmes déplacées de la région de Mopti ont été gravement affectées d’une manière ou d’une autre par les effets collatéraux de la crise politico-sécuritaire que tout le Mali a connu dans la période allant de janvier 2013 à juillet 2014.

D’énormes situations de vulnérabilité ont été enregistrées auprès des déplacés de toute la région de Mopti où il a été également remarqué que par la faute d’une prise en charge adéquate des femmes et des jeunes filles, les préoccupations sexo-spécifiques liées aux conflits ont été négligées.

Par voie de conséquence, c’est l’équilibre social des communautés qui s’est retrouvé fragilisé, entravant du coup le processus de réconciliation enclenché par les autorités de Bamako.

Dans les zones de départ comme dans les zones d’accueil, les femmes et les jeunes filles ont ressenti des impacts socio-économiques de la crise. Du point de vue social, le Réseau des Défenseurs des Droits Humains a mené des investigations qui font étalage de diverses formes de violations des droits.

Celles-ci vont de la destruction des biens, de l’atteinte à l’intégrité physique à la torture, assassinat, la disparition forcée en passant par les pillages et extorsion de biens.

Sur un échantillon de 11 femmes qui ont fait l’objet de l’enquête, il ressort que l’atteinte à l’intégrité physique et l’extorsion des biens sont les violations les plus élevées avec respectivement 23% avec 12 cas enregistrés et 26% avec 14 cas recensés. Les autres violations à savoir la maltraitance psychologique, les disparitions forcées, pillages et enlèvements de bétail viennent compléter ce tableau social sombre et triste.

Au plan économique, les femmes qui étaient économiquement actives se sont retrouvées dans une situation de précarité totale. L’étude menée par ONU Femmes a montré que 84% des femmes déplacées exerçaient des activités économiques avant leur déplacement.

Les différentes initiatives jusque-là entreprises se focalisent sur l’aide humanitaire en termes de distribution gratuite de denrées sans cibler le relèvement économique des femmes pour réduire leur dépendance économique et soulager les familles d’accueil, surtout que les filets sociaux s’affaiblissent au fur à mesure que la crise perdure.

Les ménages déplacés majoritairement composés de femmes et d’enfants ont d’énormes difficultés à faire face aux dépenses. Les chefs des ménages déplacés (en général des femmes) sont souvent obligées de prioriser les dépenses. Ainsi dans plusieurs des cas, le taux d’alphabétisation des filles enregistre un net recul. La mère préfère envoyer le garçon à l’école par manque de moyens. Souvent ce sont les jeunes enfants qui sont sacrifiés au profit des frères.

Par ailleurs, la crise que le Mali a traversé, a frappé de plein fouet les activités économiques de façon générale et surtout celles menées par les femmes. Tous les secteurs d’activités des femmes de Mopti ont été touchés par la crise. Prenant spécifiquement le secteur de l’artisanat et du tourisme, les entreprises de femmes sont très nombreuses dans le secteur de l’artisanat.

La Fédération Nationale des Artisans du Mali (FNAM) a déterminé 172 corps de métiers parmi lesquels les cinq métiers les plus exercés par les femmes sont la teinture, la transformation alimentaire, la couture, la fabrication de savon/pommade, et la poterie.

Regroupant 935 associations représentant 171 corps de métier qu’englobe le secteur de l’artisanat, la FNAM s’est fixé comme objectif principal la défense des intérêts des acteurs et la promotion du secteur qui absorbe 80% de la population active non agricole. Le secteur constitue une alternative pour la valorisation des ressources naturelles locales et du savoir faire.

L’intervention des femmes dans le secteur de l’artisanat est assez remarquable au Mali. C’est d’ailleurs l’un des secteurs qui leur procure un revenu substantiel. Les activités artisanales des femmes dépendent de leur appartenance ethnique et aussi de la zone de résidence. Quant au tourisme, l’intervention des femmes y reste encore très limitée.

Elles sont surtout présentes dans les villes touristiques au niveau des activités de restauration et de vente de divers produits alimentaires. La viabilité de ces activités est directement liée au volume de l’activité touristique.

Dans le secteur de la transformation agroalimentaire, aujourd’hui, les femmes sont devenues de véritables actrices du secteur agricole rural. Elles sont présentes tout le long de la chaîne agricole du labour à la transformation et la commercialisation. La plupart de ces femmes sont à un niveau moyen par rapport aux femmes de la première catégorie: les chiffres d’affaires annuels sont généralement inférieurs à 30 millions CFA. La plupart des femmes de cette catégorie sont soumises à l’impôt synthétique.

Le secteur de l’entreprenariat féminin regorges de véritables professionnelles, qui gèrent des entreprises relativement structurées, qui ont un niveau d’activité largement au-dessus de la moyenne et qui sont en général imposées au réel.

Tous les secteurs d’activités sont concernés, le seul critère d’appartenance à cette catégorie étant le degré de structuration et le chiffre d’affaires relativement élevé (généralement supérieur à 30 millions FCFA). L’entreprenariat féminin connait les mêmes difficultés que les autres entrepreneurs nationaux. Les témoignages annexés montrent l’ampleur de ces difficultés.

La crise a non seulement touché les secteurs d’activités des femmes de Mopti, mais également des témoignages font état d’énormes difficultés ressenties liées au fait que le système bancaire qui est d’habitude très frileux en ce qui concerne l’octroi de crédit aux femmes a arrêté de financer les activités.

Aucune femme n’a pu bénéficier de l’appui des fonds de garantie déposés au niveau de la Bank of Africa qui offrait cette opportunité. Ces fonds avaient suscité un grand espoir pour les femmes qui ont subi les effets économiques de la crise car ils devaient palier le manque de biens meubles et immeubles en guise de garantie pour soutenir leurs prêts à hauteur de souhait en ce qui concerne le financement de leurs activités.

Le comble est que, les subventions venant de l’Etat et des partenaires financiers sont arrêtées et la conséquence est notoire : toutes les activités des entreprises, dans tous les secteurs fonctionnent au ralenti entrainant du coup une diminution accrue du chiffre d’affaires des femmes en général et celles de Mopti en particulier.

L’Etat malien dont la faillite a occasionné cette crise a aussi pris des dispositions nécessaires pour atténuer la souffrance des femmes à travers de mesures législatives et règlementaires.
C’est dans ce cadre que le gouvernement du Mali a adopté en conseil des ministre du Mardi 12 Juin 2012, un projet de loi portant indemnisation des victimes du Mouvement insurrectionnel du 22 Mars 2012.

Pour la mise en œuvre des dispositions de cette loi, il était prévu de mettre en place une commission d’évaluation, de recensement et d’indemnisation des victimes. Cet organe n’a pas vu le jour jusqu’à présent car la loi d’indemnisation a été votée par l’Assemblée Nationale du Mali en Juillet 2013, mais le gouvernement n’a pas toujours pris son décret d’application.

Par ailleurs, les organisation de la société civile, regroupées au sein du Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme (RDDH) dénoncent la non prise en compte des victimes économiques dans la loi d’indemnisation actuelle.

La prise en compte de ces préoccupations dans le décret ou une révision de la loi permettrait certainement aux femmes victimes des effets de la crise de bénéficier des soutiens leur permettant de décoller avec leurs activités économiques.

Du côté des partenaires au développement comme ONU FEMME et l’ambassade de suède appuient un projet d’Appui à la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre et à la réhabilitation économique des femmes affectées par le conflit au Mali.

Des Associations et des ONG au Mali ont aussi soutenu des femmes victimes de la crise du Nord. Parmi elles, on peut citer l’Association des Juristes Maliennes (AJM), la CAFO, Wildaf, Demeso, etc.

Ces organisations de la société civile font le plaidoyer auprès de l’Etat pour qu’en plus de la justice classique, celui ci expérimente la justice transitionnelle pour résoudre de façon définitive les problèmes qui ont conduit à la crise que le Mali a vécu depuis 2012.

En attendant d’être mises dans leurs droits, nombreuses femmes maliennes sont sans activités affectant du coup les foyers dont elles étaient les principaux piliers.

Fsanogo
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