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Pourparlers d’Alger gouvernement/groupes armés : La discussion cale
Publié le jeudi 27 novembre 2014  |  L’Essor
3eme
© Autre presse par DR
3eme phase des pourparlers d` Alger




Malgré les positions jusque là inconciliables, les deux parties ne parlent pas de rupture des négociations. Aujourd’hui à Alger, tous les regards sont tournés vers l’équipe de la médiation qui multiplie les réunions de haut niveau pour essayer de rapprocher les positions des protagonistes. A ce rythme, il sera difficile pour la délégation gouvernementale de rentrer ce jeudi à Bamako avec un projet de préaccord dans la valise, comme prévu.

Un préaccord qui devrait être soumis à l’appréciation des hautes autorités et aux forces vives de la nation avant sa signature définitive. Les divergences persistent encore autour des questions politiques et institutionnelles. Lors de la réunion tripartite de lundi, au lieu de présenter à l’équipe de la médiation leurs observations et amendements sur le document de synthèse pour la paix et la réconciliation au Mali, le MNLA et ses alliés de la coordination des mouvements de l’Azawad ont remis sur la table un nouveau document portant sur le fédéralisme.

Selon nos informations, cette nouvelle proposition des groupes séparatistes n’a pas été appréciée par l’équipe de la médiation car nulle part dans le document de synthèse, il n’est fait mention du fédéralisme. Voyant leur document rejeté par la médiation et la partie gouvernementale, les dirigeants de la coordination ont durci le ton. Ce qui n’a pas empêché le chef de la délégation gouvernementale de maintenir sa position. Abdoulaye Diop a pris la parole pour souligner : « nous n’avons pas mandat à discuter de fédéralisme ici ». Les responsables du MNLA et leurs alliés ont réagi en critiquant violemment la gestion actuelle de l’Etat par les pouvoirs publics, évoquant notamment l’affaire de l’avion présidentiel. Une manière de noyer le poisson et de détourner l’attention de leurs responsabilités dans le blocage.

C’est dans une ambiance surchauffée et délétère que la réunion tripartite de lundi a été levée par l’équipe de la médiation. Certains membres de la coordination ont emporté leur colère jusque dans les couloirs de la Résidence El Mithak. On pouvait les entendre dire : « l’Etat malien est incapable de faire une vraie proposition contrairement à nous. La décentralisation existe depuis 20 ans au Mali mais on n’a pas vu de résultats. On ne veut pas de cette décentralisation à la malienne ». D’après eux, la solution efficace est le fédéralisme avec la fusion de deux Etats : le Mali et l’Azawad.
Malgré ces positions plus que divergentes, les protagonistes ne parlent pas de rupture. « Il y a des positions ouvertement opposées. Il y a des blocages mais pas de rupture », a ainsi lâché Mossa Ag Assarid du MNLA à l’issue de la réunion de lundi.

Pour sa part, le chef de la délégation gouvernementale préfère parler de divergences. « Avec les compatriotes de la Coordination des mouvements, il apparait qu’il y a un certain nombre de questions sur lesquelles on n’est pas encore d’accord. Il y a une proposition remise sur la table relative à une demande de fédération. Là, nous avons été très clairs. Et aussi les directives du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, ont été très claires dès l’entame de ce processus en expliquant que le Mali est un Etat unitaire et qu’en tout état de cause, il est important que la Constitution du Mali soit respectée et observée. En nous envoyant ici, notre mandat a été circonscrit dans ce cadre », a-t-il indiqué. Il a rappelé que le gouvernement a proposé la mise en place d’une libre administration qui permet de promouvoir une auto gestion par les collectivités territoriales. Celles-ci peuvent prendre en charge leurs affaires tout en laissant certaines fonctions régaliennes à l’Etat.

Pour Abdoulaye Diop, les préoccupations exprimées peuvent largement trouver leur place dans le cadre de la proposition du gouvernement. « Nous sommes disposés à regarder les ajustements qui peuvent être nécessaires pour donner encore un maximum de confort à toutes les populations maliennes », a-t-il poursuivi.

Le ministre Diop a insisté aussi sur le fait que les engagements pris par les parties doivent être respectés pour que le processus aille à son terme. « Il y a des acquis dans le cadre de ce processus. Il y a eu une feuille de route qui a été signée. Des engagements ont été pris dans le cadre de cette feuille de route. Ces engagements ne comportent en aucune manière des dispositions à aller vers la création d’un nouvel Etat parce que c’est de cela qu’il s’agit. Le Mali est un Etat unitaire. Pour créer une fédération, il faut créer un nouvel Etat. Par rapport à cela, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sont très claires. Les décisions de l’Union africaine, de la CEDEAO sont très claires à cet égard. Par dessus tout, la Constitution du Mali est très claire à cet égard », a-t-il argumenté.

Comme le fédéralisme, le chef de la délégation gouvernementale pense que la notion de l’Azawad n’a pas sa place dans les négociations actuelles. « Pour nous, cette question de l’Azawad a été réglée depuis longtemps. Le Pacte national avait déjà consacré une terminologie sur les régions du nord. Je crois que c’est une question qui ne mérite pas d’être ouverte encore. Là où le gouvernement a exprimé une position, c’est de dire que l’Azawad ne saura en aucune manière être considéré comme une entité politique ou géographique. Et qu’il appartiendra aux populations un jour de déterminer comment elles souhaitent appeler les organes ou les structures dans lesquelles elles vivent », a-t-il souligné.

Malgré les difficultés, le ministre Diop demeure confiant : « Nous pensons qu’avec les efforts des uns et des autres, nous allons arriver à un accord ».

Certains membres de la délégation gouvernementale se montrent plus pessimistes et estiment que le MNLA et ses alliés sont revenus à Alger avec l’intention de bloquer le processus. Ce qui n’arrange en fait aucune des parties car la situation sur le terrain échappe aux uns et aux autres au profit des terroristes.

Aujourd’hui à Alger, le sort de la négociation repose sur l’habileté de l’équipe de la médiation à rapprocher des positions très éloignées. Ce qui n’est pas impossible si la bonne foi revient à la table.

Envoyé spécial
M. KEITA
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