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L’OMS a "perdu un temps précieux" face à Ebola (expert)
Publié le mercredi 3 decembre 2014  |  AFP




Dakar- Le co-découvreur belge du virus Ebola estime que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a tergiversé avant de reconnaître la gravité de l'épidémie en Afrique de l'Ouest, qui à l'inverse a provoqué une véritable "hystérie" de la communauté internationale.

Le microbiologiste belge Peter Piot estime que même si l'on pouvait s'attendre à un certain délai avant la confirmation de l'épidémie, il n'y a aucune excuse aux cinq mois supplémentaires qu'il a fallu à l'OMS pour en admettre la gravité.

De nombreuses sources, parmi des ONG combattant la maladie sur le terrain ou au sein même de l'OMS, ont fait part du même avis ces derniers mois.

"Il a fallu trois mois à l'OMS pour découvrir qu'il y avait une épidémie d'Ebola. Ca, je comprends. La Guinée (pays où le virus est initialement apparu) avait un réseau de laboratoires modeste", a déclaré M. Piot dans un entretien à Al-Jazeera, qui sera diffusé samedi.

"J'ai beaucoup plus de problème avec le fait qu'il a fallu cinq mois à l'OMS (...) pour déclarer l'état d'urgence", a-t-il ajouté. "Cela a coûté la vie d'un millier d'Africains (...) Il n'y a pas d'excuse pour cela. (...) Cela a pris trop longtemps, nous avons gaspillé un temps précieux".

Les autorités guinéennes et l'OMS avaient annoncé le 24 mars que depuis janvier, le pays avait enregistré 87 cas de malades suspectés d'être atteints de la fièvre hémorragique, dont 61 décès. Des analyses effectués dans un laboratoire français avaient confirmé qu'il s'agissait d'Ebola.

Mais l'OMS n'avait déclaré l'épidémie une "urgence de santé publique de portée mondiale" que le 8 août.

La crise a été encore aggravée par une réaction excessive de la communauté internationale face à la maladie, notamment aux Etats-Unis, pointe M. Piot, selon des extraits de l'entretien envoyés par Al-Jazeera à l'AFP.

"Il y a une épidémie en Afrique de l'Ouest et il y a une deuxième épidémie, une épidémie d'hystérie de masse que nous avons vue surtout en Amérique du Nord", a jugé M. Piot, directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. "C'était vraiment disproportionné par rapport au problème".
ft/ach/mba/hba
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