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Birama Fall , à propos de l’aide à la presse : . « C’est une obligation pour les autorités de nous venir en aide »
Publié le lundi 29 decembre 2014  |  Le Pouce




Depuis quelques temps l’impatience est perceptible au sein de la presse par rapport au paiement de leur « aumône » par l’Etat. Afin de mieux partager l’information sur une large échelle, nous avons rencontré pour vous, le président de l’ASSEP Birama Fall, Directeur de Publication du Journal Bihebdomadaire le Prétoire. Faites en bonne lecture.

Le Pouce : Où en êtes-vous avec le dossier de l’aide à la presse ?
Birama Fall : Le statu quo été levé. Le président IBK, à travers son porte parole Bakary Blaise Sangaré, s’est personnellement engagé pour nous demander de prendre la somme de 90 millions FCFA. En effet, au niveau de la DAF de la présidence, il n’y avait que 60 millions pour la presse. Et ce depuis le mois de septembre La présidence a pris l’engagement de compléter les 60 millions existant en y ajoutant 30 millions au cours de la première semaine de janvier 2015. La somme sera de 90 millions. On va prendre cet argent et on va le distribuer à ceux qui remplissent les conditions d’éligibilité à l’aide à la presse.
Le président IBK s’engage aussi, dans les deux mois qui suivent, de mobiliser les partenaires bilatéraux du Mali pour qu’ils aident la presse. C’est une promesse présidentielle sur la base de laquelle nous nous sommes engagés à prendre cet argent. En ma qualité de président de l’ASSEP, j’ai convoqué une assemblée générale extraordinaire pour demander l’avis des directeurs de publication. Les participants, malgré le faible nombre, ont estimé qu’il fallait par sagesse le prendre et surtout compte tenu de l’engagement personnel du président de la république. Sachez que l’ASSEP n’est pas la seule bénéficiaire de l’aide. L’URTEL s’est engagée à prendre l’argent. Il en est de même pour le Groupement patronal et le Cadre de concertation. Le 5 janvier 2015, les membres de la commission se retrouveront au comité de légal accès aux médias d’Etat pour déterminer les critères. Avant le 10 janvier on va procéder à la répartition. C’est dire que ces 30 millions qui vont être ajoutés proviennent de la volonté politique du chef de l’Etat.
Je profite de cet entretien pour dire que ce qui est plus grave, c’est que l’aide à la presse n’est pas mentionnée dans une ligne budgétaire. Il y a seulement une subvention à la maison de la presse, qu’on est entrain de faire croire aux gens qu’il existe une aide à la presse.
À la sortie de çà, il est important qu’on engage un grand plaidoyer pour demander, qu’on nous traite sur le même pied d’égalité que les partis politiques. L’aide à la presse a été décidée lors de la première conférence nationale en 1992. Compte tenu du rôle important que la presse a joué dans la fin du régime dictatorial du général Moussa Traoré, le peuple malien souverain a décidé d’accompagner la presse.

Les partis politiques, on le sait, c’est venu comme çà. Et leur aide est aujourd’hui indexée au budget d’Etat. Notre combat, c’est d’abord l’inscription de l’aide à la presse dans une ligne budgétaire, ensuite de demander l’indexation de cette aide au budget de l’Etat. Si cela n’est pas fait, en 2015, on va recommencer les mêmes combats.

Le Pouce :Pouvez-vous préciser à vos confrères que le paiement se fera en deux temps ?
Birama Fall : Au moment où je vous parle, les 60 millions ont été versés dans le compte bancaire de la maison de la presse. Le rajout de 30 millions est prévu pour la première semaine de janvier 2015 par IBK.
Le Pouce : 90 millions à partager entre qui et qui ?
Birama Fall : Cette somme est à partager entre l’ASSEP, l’URTEL. Il nous revient de verser un montant à la maison de la presse. Ce montant peut varier entre 10 à 20 millions. Mais, compte tenu de la modicité du montant, l’ASSEP versera 5 millions et l’URTEL 5 millions. On donnait aussi par le passé, une partie à l’AMAP et l’ORTM. Aujourd’hui, elles sont inscrites au budget de l’Etat. Et nous pensons qu’elles doivent faire preuve de solidarité et laisser la presse privée et les radios privées se partager ces miettes. Les 80 millions seront partagés entre l’ASSEP et l’URTEL. Dans un passé récent, l’ASSEP était la seule association. Aujourd’hui il y a le Groupement patronal, le Cadre de concertation. La répartition va se faire sur des critères précis.
Le Pouce : C’est-à-dire ?
Birama Fall : Il faut prouver qu’on est régulier dans la parution. Un journal, c’est avant tout la parution régulière. Quelqu’un qui ne parait pas, ne peut pas prétendre être détenteur de journal papier. Cela veut dire, qu’il ne faut pas attendre que l’aide à la presse tombe pour commencer à paraître. On va veiller à ce que le quota qui est fixé pour l’année pour un hebdo (52 numéros), un bi hebdo (104 numéros), un bi mensuel (18 numéros) soit respecté. Quand au quotidien, c’est facile à vérifier.

Il faut aussi avoir un siège social. Des gens parmi nous se promènent avec leur rédaction dans le sac. Aujourd’hui, on va vers une presse professionnelle et des entreprises économiquement viables. Il faut que le promoteur prouve qu’il crée une entreprise véritable avec à la clé des emplois permanents, de la valeur ajoutée. En plus du siège, les journalistes doivent désormais être inscrits à l’INPS, assurés à l’AMO, percevoir un salaire.

Nous veillerons à ce que les uns et les autres soient en règle vis-à-vis de la fiscalité. Nous devons donner le meilleur exemple afin de pouvoir dénoncer les tares et les injustices au sein de la société. Il ne faut pas donner l’impression aux autres qu’on est en train de prendre cette aide et de la partager entre nous. Faisons violence sur nous-mêmes pour accepter les critères sus énumérés. C’est pourquoi, l’Etat doit vite revoir l’aide à la hausse, pour au moins un milliards de FCFA ;
Le Pouce :Un appel ?
Birama Fall : C’est de rester serein et de ne pas paniquer. Les 90 millions partagés aujourd’hui ne valent rien par rapport à nos charges. Il faut qu’on donne l’impression aux autorités qu’on veut pas de l’aumône. L’aide est un droit que l’on a conquis de haute lutte. N’eût été la presse privée malienne, le régime de Moussa Traoré, n’allait jamais chanceler. Les partis politiques sont venus après et ce sont donnés des gros montants. Ils ne font même pas leur travail. Nous de la presse, faisons une mission de service public. Restons digne et travaillons. C’est une obligation, pour les autorités de nous venir en aide. Nous sommes les premiers pourvoyeurs d’emplois. Certains Ministres, cadres actuels ont transité par la presse.

Sans une presse forte, sans une entreprise de presse économiquement viable, il n’aurait pas de démocratie forte. Nous contribuons largement à la consolidation de la démocratie. Nous voudrions que les autorités sachent cela. Nous méprisés, c’est ouvrir la boîte de pandore. On va rester serein mais ferme dans nos revendications . Il n’est plus question pour nous de percevoir des miettes. Nul n’a le monopole de la transparence. De 200 millions, la presse malienne a été la seule couche du Mali à se sacrifier, en se faisant ponctionné jusqu’à concurrence de110 millions de FCFA. Où sont passées les autres couches ?
Propos recueillis par Tiémoko Traoré
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