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Rapport 2014 de l’OMS sur la consommation d’alcool : Un rang peu flatteur de 3e mondial sur 194 pays pour le Mali
Publié le mardi 30 decembre 2014  |  L’Indicateur Renouveau




Faut-il en rire ou en pleurer ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier en tout cas son rapport 2014 sur la consommation d’alcool et la santé dans le monde. Le Mali figure dans le trio de tête des pays aux taux de consommation d’alcool les plus élevés au monde en se classant 3e sur les 194 pays membres de l’OMS. Une chose qui peut paraître paradoxale d’autant plus que le Mali est considéré comme un pays à majorité musulmane et islamisé depuis plusieurs dizaines de siècles. Le Mali serait-il devenu un pays de « buveurs » ?

On pourrait bien se le demander dans la mesure où il ressort du rapport de l’OMS, qu’une étude récente classe le Mali au 3e rang mondial des pays où le taux de consommation d’alcool est le plus élevé, soit 22 litres d’alcool par an et par buveur.
L’Afrique occupe malheureusement le trio en tête de ce classement avec respectivement le Tchad (34 litres par buveur) et la Gambie (29 litres par personne). Ils sont complétés par le Mali, avec une consommation moyenne de 22 litres par buveur.

Considérés à juste titre tous trois comme des pays aux populations majoritairement musulmanes, ce classement aurait pu surprendre n’eut été la forte progression de la consommation d’alcool en général et de la bière en particulier ces dernières décennies sur le continent.
En effet, à la dégradation constante des mœurs sont venus s’ajouter d’autres maux tels que la crise économique, le chômage endémique des jeunes, l’absence de perspectives, la prolifération exponentielle des bars et autres lieux de débauche, la prostitution à grande échelle, la perte de repère au sein d’une société qui se cherche sous le poids des problèmes quotidiens, entre autres.

Néanmoins, ces données statistiques donnant ces 3 pays « musulmans » en tête des plus grands consommateurs d’alcool au monde, constituent en soi une surprise désagréable, voire une honte.
Mais elles interpellent aussi tous les décideurs et acteurs de nos sociétés afin de prendre véritablement conscience de l’ampleur du fléau et d’y apporter des réponses adéquates. A ce sujet, il importe de mettre l’accent sur quelques conséquences liées à la consommation et surtout à l’abus d’alcool.

En effet, il est précisé dans le rapport que l’usage nocif de l’alcool entraîne dans le monde 3,3 millions de décès chaque année, soit 5,9 % des décès. En plus, l’usage nocif de l’alcool est un facteur étiologique dans plus de 200 maladies et traumatismes. Dans l’ensemble, 5,1 % de la charge mondiale des maladies et traumatismes, tels que mesurés par les années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY), est attribuable à l’alcool.

La consommation d’alcool entraîne des décès et des incapacités relativement tôt dans la vie. Dans la tranche d’âge 20-39 ans, près de 25 % du nombre total de décès sont attribuables à l’alcool. Il existe une relation de causalité entre l’usage nocif de l’alcool et toute une série de troubles mentaux et comportementaux, d’autres maladies non transmissibles ainsi que les traumatismes.

Dernièrement, des relations causales ont été établies entre la consommation nocive d’alcool et l’incidence de maladies infectieuses telles que la tuberculose ou l’évolution du VIH/Sida. Outre ses conséquences sur la santé, l’usage nocif de l’alcool entraîne des pertes économiques et sociales importantes pour les individus comme pour la société dans son ensemble.
Publiées chaque année par l’OMS, les Statistiques sanitaires mondiales constituent une solide source d’informations sur la santé publique mondiale, collectées auprès des 194 Etats membres de l’Organisation. Elles font également état des progrès accomplis vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé.

Le constat étant établi, il urge de trouver des solutions à l’ensemble des facteurs pouvant être considérés comme à l’origine, favorisant ou encourageant la consommation excessive de boissons alcoolisées. Si on ne peut le faire pour des raisons religieuses (laïcité de la République oblige), la lutte doit être menée à cause des conséquences et les effets de l’alcool tant sur le plan de la santé qu’économique.
B. Sidibé
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