Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Gouvernance dans un Mali en sortie de crise : Ibrahim Boubacar Kéita, l’Homme de l’année 2014
Publié le jeudi 8 janvier 2015  |  L’Indépendant
Le
© aBamako.com par A S
Le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida à Koulouba
Bamako, le 27 Novembre 2014, le Haut Conseil National de lutte contre le Sida était chez le Président de la République à Koulouba




Quoi qu'on puisse lui reprocher par rapport à l'entame assez poussive de sa gouvernance à la tête d'un Mali convalescent, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a été au four et au moulin durant l'année qui vient de s'achever. Le chef de l'Etat a montré une certaine capacité de résistance face aux rudes épreuves qui ont marqué l'année 2014...

Quoi qu’on puisse lui reprocher par rapport à l’entame assez poussive de sa gouvernance à la tête d’un Mali convalescent, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a été au four et au moulin durant l’année qui vient de s’achever. Le chef de l’Etat a montré une certaine capacité de résistance face aux rudes épreuves qui ont marqué l’année 2014. Il s’en est fallu de peu que, durant l’année écoulée, il ne finisse par jeter l’éponge, tant son pouvoir était acculé par les dossiers sulfureux de l’avion présidentiel et du contrat d’équipement militaire, la visite controversée aux conséquences tragiques de son Premier ministre Moussa Mara à Kidal, la panique causée par la fièvre à virus Ebola, etc. Le locataire de Koulouba a su faire face à ces écueils déstabilisateurs pour parvenir à amorcer une petite embellie.
Après son installation en septembre 2013 dans le fauteuil présidentiel grâce à un score électoral très flatteur et jamais réalisé auparavant (près de 78 % des suffrages) par un dirigeant du Mali de l’ère démocratique, IBK a focalisé toutes les attentions. Celles de ses concitoyens et de la communauté internationale venue porter le pays de Soundjata Kéita à bout de bras après l’effondrement collectif de mars 2012. Toutes les impatiences d’un peuple, pour lequel tout est prioritaire, se sont cristallisées sur la personne du nouveau président de la République. La mission du nouvel homme fort du Mali affaissé était si redoutable que les observateurs se sont demandé s’il faut admirer ou plaindre Ibrahim Boubacar Kéita. L’homme devait aussi nettoyer les réminiscences d’une junte, la plus abjecte que l’humanité ait connue (elle a livré le pays à l’occupation jihadiste et démantelé les institutions républicaines). Conduite par le désormais tristement célèbre Capitaine – Général Amadou Haya Sanogo, les bruits de bottes de cette junte à proximité de Bamako (Kati) continuaient de menacer aussi bien les paisibles citoyens que le nouveau pouvoir…

Une entame plus que laborieuse

Dès l’entame de sa gestion des affaires publiques, le chef de l’Etat a cru devoir s’acheter un nouvel avion de commandement dans des conditions qui n’auront pas été limpides. C’est le moins qu’on en puisse dire. Près de 20 milliards de nos francs seront injectés dans l’opération. Dans la foulée, le besoin de renforcer les capacités opérationnelles de l’armée malienne pousse à lancer un marché d’équipements militaires pour près de 69 milliards F CFA. Les deux affaires font plus que grand bruit. Révélées par la presse, dont L’Indépendant, elles émeuvent l’opposition parlementaire, qui proteste avec une vigueur symbolisée par un «carton rouge» lors d’un meeting populaire.

La vague dénonciatrice est d’une telle ampleur que le Fonds monétaire international (FMI) se saisit du dossier et, peu convaincu par les explications embrouillées du gouvernement, décide le gel de ses subsides au Mali, suivi en cela par la Banque Mondiale et d’autres partenaires techniques et financiers. C’est quasiment le désespoir chez nos concitoyens acquis à l’idée que le pays va droit au mur, avec un nouveau pouvoir qui a gaspillé les atouts énormes qu’il avait en sa possession.

Certains observateurs verront dans ce douloureux écueil une main invisible de l’Occident faiseur de roi en Afrique glissant une peau de banane sur la route du pouvoir IBK. On était quasiment à deux doigts de la rupture du « contrat social » qui a permis l’arrivée à Koulouba d’Ibrahim Boubacar Kéita. Des bruits de marches réclamant le départ d’IBK du pouvoir se font timidement entendre dans certains quartiers de Bamako. La déception du peuple est partout perceptible. Jusqu’à quand cette disette prolongée pour le Malien lambda (du fait de ce que l’on a qualifié de » soif d’extravagance d’IBK ») va-t-elle durer ? La question était sur plusieurs lèvres et témoignait peut-être d’une méprise dans le choix des électeurs. Ceci dans la mesure où le Mali possédait déjà un avion présidentiel irréprochable à tous égards, dont il pouvait se contenter en attendant des jours meilleurs au plan budgétaire.

Un mouvement populaire dénommé « Anfilila « («Nous nous sommes trompés» en bambara) était en gestation pour… parer à toute éventualité. Un scénario à la Mohamed Morsi en Egypte (élu démocratiquement puis renversé par une contestation populaire) a été murmuré dans certains cercles chauds de Bamako. Le pays semblait s’arrêter avec cette impasse ou plutôt cette mauvaise passe au point que les plus alarmistes des Maliens prédisaient, avec un tantinet de désolation, un hâtif constat : « IBK ne peut pas ! ».

Le pouvoir plie mais ne rompt pas

L’opposition a beau jeu de mettre la pression sur le pouvoir qui, comme un roseau de La Fontaine, plie mais ne rompt pas ! Tiébilé Dramé, Soumaïla Cissé et leurs amis plaideront pour que le chef de l’Etat s’adresse à la nation. Au cours d’une rencontre des acteurs politiques à Koulouba, pour décrisper la tension, IBK affiche un calme olympien en martelant qu’il ne fera pas de discours au peuple sur ce dossier. Qu’il n’est pas à la barre. Une sérénité admirable qui lui a permis de résister à cette bourrasque à deux doigts d’asséner un sale coup à son régime.

L’autre fait marquant qu’il faut relever dans cet épisode, c’est la décision de faire auditer ces dossiers de toutes les controverses par le Bureau du Vérificateur général (BVG) et la Cour suprême. Ce contrôle a illustré une certaine transparence, dont IBK aurait pu s’offusquer au point de l’empêcher ou l’altérer s’il n’avait pas à sa décharge une certaine bonne foi. Le fait que le chef de l’Etat et son Premier ont laissé les coudées franches à ces institutions qui ont fait leur travail avec la rigueur requise, étalant sur la place publique les anomalies et irrégularités de ces marchés doit être reconnu. Voire salué.

Série de malheurs

En outre, comme pour ne rien arranger, un malheur n’arrivant jamais seul, le pouvoir IBK recevra une belle douche écossaise avec la visite inopinée, le 17 mai 2014, du Premier ministre Moussa Mara à Kidal devenu la chasse gardée du MNLA depuis, il faut bien convenir, l’opération Serval. Dissuadé par plusieurs experts sécuritaires, le chef du gouvernement, propulsé à la primature deux mois plus tôt, en remplacement d’un Oumar Tatam Ly plus sourcilleux et désapprobateur du train de vie dépensier du chef de l’Etat (avec ses multiples déplacements à l’étranger), donne un malheureux coup de pied dans la fourmilière kidaloise. Conséquences : plus d’une soixantaine de militaires de l’armée malienne tués, des dizaines d’agents de l’Etat exécutés, d’importants matériels de guerre saisis par les groupes armés rebelles et terroristes confondus. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. L’opposition et plusieurs voix autorisées réclament la démission du chef du gouvernement.

Dans la foulée, par une bourde verbale jetant l’émoi dans le pays, le Premier ministre d’abord, le chef de l’Etat ensuite, déclarent que « l’ordre de lancer l’offensive « sur les positions rebelles ne vient pas de l’autorité politique constitutionnelle habilitée. C’est la consternation, voire l’humiliation pour un pays où manifestement l’autorité peine à … s’assumer. La suite des événements frôle une crise gouvernementale qui aboutit à l’éviction du gouvernement du ministre de la Défense d’alors, Soumeylou Boubèye Maïga, pourtant un allié politique de poids du président de la République.

L’opposition saisit la balle au bond pour introduire sans succès à l’Assemblée nationale une motion de censure en vue de renverser l’équipe Moussa Mara. La cote d’IBK est au plancher et un sentiment d’impuissance s’est emparé du Malien lambda. Le pays est dans l’ornière et celui qui est censé l’en sortir fait preuve d’incapacité. « IBK peut-il relever les défis auxquels le Mali fait face ? Qu’est-ce qui nous arrive ? « , s’interrogeaient les observateurs.

Certains diplomates murmuraient que le Mali a des soucis à se faire quant à l’aptitude de ses dirigeants à le remettre sur ses pieds. Les valses hésitations du chef de l’Etat par rapport au règlement de la question du septentrion, prêchant tantôt la force, tantôt le dialogue, entretenaient ce pessimisme ambiant. Les événements de Kidal finiront par convaincre le chef suprême de l’armée à opter définitivement pour le dialogue ; d’où les pourparlers d’Alger. Dialogue dont le bout du tunnel semble, annonce-t-on, poindre à l’horizon.

Dans cette phase aussi, la capacité de résistance et de résilience du locataire du palais de Koulouba attire l’attention. IBK sort de cette épreuve comme aguerri, du moins requinqué pour poser quelques actions en faveur des populations quelque peu oubliées pour la guerre de reconquête au nord et les affaires juteuses. Des actions dont la concrétisation est vivement attendue.

Des points positifs non négligeables

C’est ainsi qu’en septembre 2014, le président se rend en Chine et en revient avec sa valise remplie d’une kyrielle de contrats et projets de développement dans plusieurs secteurs d’activités, le tout estimé à plus de 5 000 milliards de nos francs. Auparavant, le Roi Mohammed VI du Maroc sera en visite mémorable à Bamako sur invitation du président de la République, avec à la clé d’importantes retombées socio-économiques pour un peuple malien meurtri.

Mais comble du malheur et au moment où les regards sont tournés vers les pourparlers d’Alger pour la paix au Nord, le léger regain d’espoir malien sera obscurci par l’épidémie à virus Ebola qui frappe le pays en octobre 2014. Quelques victimes sont notées à Kayes, Bamako et Ségou, mais une certaine réactivité du chef de l’Etat, qui s’est personnellement impliqué dans la gestion de la situation, a permis de sauver les meubles.

A ce niveau, le dispositif de prévention et de lutte mis en branle par le ministre de la Santé, Ousmane Koné et l’expert désigné, Dr Samba Sow, supervisé par le Premier ministre Moussa Mara, a impacté positivement la situation. Permettant, une nouvelle fois à IBK, d’émerger des vives critiques qui allaient pleuvoir sur sa » mal gouvernance « . Tant l’homme s’est opposé à la fermeture des frontières avec la Guinée voisine gravement endeuillée par la maladie.

Persévérer dans l’effort

Parallèlement à cette succession de hauts et de bas au cours de ces quinze premiers mois d’IBK à la tête du Mali, les efforts de la gouvernance ont permis de redonner quelque espoir au peuple malien. Plus d’un Malien croit aujourd’hui qu’avec une solution de la situation sécuritaire, IBK et son gouvernement peuvent relever certains défis auxquels font face les populations. Si, à en croire les gouvernants, le taux de croissance se relève autour de 5,8% en 2014, avec un climat des affaires donnant le Mali en première position au sein de l’UEMOA, une augmentation imminente de la valeur indiciaire des salaires des fonctionnaires, il n’y a pas lieu de désespérer. Sans oublier les nombreux projets d’exploitation minière, de création d’emplois, de constructions d’infrastructures de base, etc.

Tout ce décor fait que bien des observateurs interrogés sur la question n’hésitent pas à créditer le président de la République de l’étiquette d’Homme de l’année 2014.

Ils relèvent toutefois qu’il ne doit surtout pas dormir sur ses lauriers. Les quatre années qui lui restent de son quinquennat devront être plus utilement mis à profit pour marquer le destin d’un peuple qui l’attend au tournant, celui de 2018. Une opposition déterminée aussi

djitosegbedji@yahoo.fr

Commentaires