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Classes surchargées : La pléthore écrase l’école
Publié le mardi 13 janvier 2015  |  L’Essor
Des
© Autre presse
Des candidats à l’examen du Baccalauréat malien
Session de juin 2011.




Comment venir à bout de ces effectifs élevés qui empêchent le moindre apprentissage ? Une tâche colossale à laquelle il faut pourtant s’attaquer
Lorsque vous demandez aux pédagogues de faire le diagnostic des maux qui minent notre système éducatif, ils citent, entre autres, la pléthore qu’ils qualifient de mal aussi grave que la fraude. « Les classes aux effectifs élevés », appelés techniquement les effectifs pléthoriques, font partie des nombreux facteurs qui influent négativement sur la qualité des apprentissages. Au même titre que la qualité du personnel enseignant, l’environnement social de l’enfant ou encore la qualité des manuels scolaires et leur nombre.
Sous nos latitudes, une classe normale doit avoir un effectif raisonnable de 40 à 45 apprenants, qu’il s’agisse d’une classe d’orientation (5è et 6è années), d’observation (3è et 4è années) ou même d’initiation (1ère et 2è années). Qu’en est-il des effectifs nos classes actuelles ? Il y a quelques années, lors d’une de ses tournées, le ministre de l’Education nationale de l’époque, le professeur Salikou Sanogo, était resté sans voix devant une classe de 9è de 100 élèves au groupe scolaire de Kati Sananfara.
Ce que le ministre ne savait pas, c’est qu’à quelques encablures seulement de son bureau, à l’école fondamentale de « La République », une courageuse demoiselle encadrait une 1ère année avec un bataillon de … 200 écoliers ! Cette classe avait tout l’air d’un marché à la veille de la Tabaski. Il n’y avait pas d’allée à l’intérieur, les quatre rangées de tables bancs occupant tout l’espace. Pour accéder à une place, les élèves étaient obligés de passer par toutes les issues : les deux portes et les quatre fenêtres. Ils escaladaient les tables bancs et les plus forts piétinaient les faibles qui criaient de tous les côtés. L’espace compris entre le bureau de la maîtresse et le tableau noir lui permettait à peine de se retourner.
A la fin des cours du matin comme de l’après midi, on sortait de cette classe comme on y avait accédé. En choisissant l’issue la plus proche. Dans de telles conditions, que peut-on apprendre à un enfant ? Absolument rien. Et pourtant, elles sont nombreuses les classes semblables à cette 9è de 100 élèves à Kati Sananfara et cette 1ère année de 200 écoliers de « La République » à travers le pays.
Les écoles privées n’échappent pas non plus au phénomène. Elles n’ont pas, dans la plupart des cas, d’effectifs aussi élevés qu’à « La République », mais elles entassent quand même les enfants dans des locaux exigus. Elles sont moins rares qu’on le pense les écoles privées qui ont transformé des chambres à coucher en salles de classe, qui enfournent 35 à 50 mioches dans une cellule qui n’a qu’une porte et, par fois, aucune fenêtre. Ils sont serrés à 5 ou 6 par table banc, sans assez d’espace pour poser même une ardoise. A qui bon d’ailleurs car qui pourrait écrire dans ces conditions ?
Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait dont une mauvaise planification de la construction des écoles et de la formation des enseignants (écoles normales ENSEC et instituts de formation des maîtres du premier cycle IPEG) face à une démographie galopante.
« ENSEIGNANTS DU DIMANCHE ». Pour pallier partiellement de profond déficit, le ministère de l’Education nationale a commencé à tester « les techniques d’animation des grands groupes ». Celles-ci consistent à repartir les nombreux élèves d’une classe en plusieurs groupes. On les soumet à un même exercice durant lequel l’enseignant détecte les plus éveillés et les amène à aider les autres à comprendre l’exercice. Les enfants se comprennent plus facilement entre eux et la présence physique du maître est sensée les dissuader de se dissiper.
Le ministre sortant assurait que la méthode avait fait ses preuves dans la région de Mopti au plus fort de la crise, lorsque cette région avait dû faire face aux flux de déplacés des régions de Gao, Tombouctou et Kidal. « Nous avons formé des enseignants aux modules des techniques d’animation des grands groupes, mais cela ne suffira pas », reconnaissait cependant Mme Togola Jacqueline Marie Nana.
En effet pour résorber la pléthore et élever la qualité du système éducatif, il faut respecter strictement le temps des apprentissages, construire de nombreuses nouvelles écoles, former des enseignants qualifiés. Il faut aussi des manuels scolaires adaptés et en nombre suffisant. Rien ne peut être retranché de ce programme et – osons-le – rien ne devrait être différé.
La réalité est cependant toute autre et avec ses moyens, le département est contraint de choisir parmi les urgences. Il a ainsi décidé de former les enseignants des écoles communautaires. Les meilleurs du lot, décelés par les tests, seront recrutés pour éviter aux populations d’embaucher des « enseignants du dimanche ». Ce sera toujours cela de résolu dans un océan de problèmes face auquel l’allocation de l’Etat paraît dérisoire. Si salut il doit y avoir, il nécessitera une mobilisation de la société toute entière pour épauler les pouvoirs publics. L’avenir de nos enfants est un enjeu qui vaut tous les sacrifices.
C. DIAWARA
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