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Hommage : Mohamed El Mehdi, le Mali au coeur jusqu’à la mort
Publié le mercredi 14 janvier 2015  |  L’Essor




L’illustre disparu a fait très tôt des choix sans équivoque et s’en est toujours tenu à des positions de principe.
C’est une grande figure du Mali qui s’en est allée en fin d’année passée. Mohamed El Mehdi Ag Attaher El Ansari, l’Amenokal des Touaregs de Tombouctou, est décédé le 28 décembre dernier à la suite d’une longue maladie à l’hôpital du Point G à Bamako. Les membres de sa famille viennent de désigner pour lui succéder son neveu Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed, 45 ans, inspecteur des douanes. Cette consécration a été sanctionnée par un communiqué qui vient de nous parvenir et qui est ainsi libellé : « Suite au décès de Monsieur Mohamed El Mehdi Ag Attaher, Amenokal (chef et patriarche des Kel Antessars), la famille du défunt, après consultation, a désigné leur grand frère et cousin Monsieur Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, comme successeur dans le cadre de la continuité des affaires ». Le même communiqué « remercie les illustres personnalités et toutes les délégations qui ont fait le déplacement pour présenter leur condoléances et partager la douleur avec tous les Kel Antessars »
Mohamed El Mehdi, né en 1923, était issu d’une longue lignée de chefs traditionnels de la tribu Kel Ansar à laquelle revient depuis le XVIème siècle la chefferie de tous les Touaregs de la région de Tombouctou. Il faut noter que la confédération Kel Ansar comprenait avant la pénétration coloniale les Touaregs, mais aussi les autres communautés (sédentaires et nomades) vivant de l’est mauritanien actuel jusqu’à Timtaghène (l’extrême est malien actuel) et de Taoudenit (nord de Tombouctou) aux berges du fleuve Niger (au sud de Tombouctou).
Homme de paix et chef extrêmement charismatique, l’illustre disparu a particulièrement marqué l’histoire politique du Sahara central, du Soudan français et de la République du Mali. Il a constamment entretenu les relations de bon voisinage avec ses pairs des autres confédérations, notamment Intallah Ag Attaher des Ifoghas (décédé fin 2014) ; Hamato Ag Fihroun, Omayyata Ag Achaïbane et Moradisse Ag Adaghib des Imouchar (Iwillimiden et Tindjer Edjef) ; Mahmoud Ould Dahmane des Berabiches ; Boudamha Ould Badi et Baba Ould Cheikh des Kounta (décédé aussi en décembre 2014) ; les chefs peulhs du Macina ; les chefs sonraï de Tombouctou et Gao et enfin, les Oulad Daoud du Hodh Chargui (Mauritanie).
En tant que chef traditionnel de la plus puissante confédération du futur Nord du Mali, Mohamed El Mehdi a été le principal artisan de l’échec du projet colonialiste de maintenir la présence française dans le Sahara, projet qui s’était notamment appuyé sur la très controversée Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). L’Amenokal opta sans hésiter pour l’indépendance du Mali et batailla pour le rattachement des régions du Nord. Il se battit pour voir l’administration coloniale quitter ces territoires. «La question qui était posée à l’époque était : Allons-nous rester sous le joug colonial avec l’adoption du projet de l’OCRS ou opter pour l’indépendance ? J’avais fait le choix de la deuxième position, car la colonisation a bien trop duré et je voulais nous en débarrasser», rappelait l’Amenokal de Tombouctou de son vivant.
UNE AUTORITÉ MORALE INDISCUTÉE. À partir de 1946, Mohamed El Mehdi poursuivra l’œuvre de son frère et prédécesseur l’Amenokal de la confédération Kel Ansar, Mohamed Ali Ag Attaher El Ansari. Ce dernier avait été très tôt le principal artisan de la scolarisation des enfants touareg à une époque où les nomades rejetaient encore l’école moderne. C’était sur son insistance que fut créée l’école nomade, une école qui se déplaçait avec le campement au gré des transhumances. Mohamed El Mehdi continuera l’œuvre de son aîné en menant sans répit la lutte pour l’éducation des nomades des régions sahariennes, au-delà de Tombouctou. Son implication a favorisé une véritable révolution dont les effets se répandront dans tout l’espace touareg, donnant comme résultat la formation de nombreux cadres que l’on trouve aujourd’hui en milieu touareg.
L’illustre disparu a occupé de nombreuses fonctions politiques et administratives dont voici une énumération succincte :
1943 – 1978 : Rédacteur d’administration
1946 – 2014 : Amenokal (chef suprême, souverain) de la Confédération Kel
Ansar (tribus et fractions touarègues de la région de Tombouctou)
1952 – 1957 : Conseiller général du Soudan
1952 : Chevalier de l’Etoile noire du Bénin
1957 – 1959 : Conseiller territorial du Soudan
1958 : Chevalier de l’Ordre du Nichan el Anouar
1958 : Chevalier du Mérite saharien
1958 – 1959 : Représentant du Soudan à l’OCRS
1959 – 1960 : Député fédéral du Mali
1959 – 1968 : Député de l’Assemblée législative du Mali
1960 – 1963 : Secrétaire politique (Section US – RDA Goundam – Diré)
1968 – 1969 : Conseiller technique à la Présidence du Mali
1973 : Chevalier de l’Ordre national du Mali
1978 -1984 : Secrétaire général adjoint de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM, Section de Goundam)
1985 – 1988 : Membre du Conseil national de l’ UDPM
1985 – 1991 : Secrétaire général UDPM (Section Goundam)
1985 – 1991 : Député à l’Assemblée nationale du Mali
1999 : Elu Maire de la Commune de Gargando (Cercle de Goundam)
2004 : Officier de l’Ordre national du Mali

2009 : Commandeur de l’Ordre national du Mali
Oumar Idoual, professeur, originaire de Tombouctou, a tenu à rendre un vibrant hommage au patriote qui a consacré toute sa vie à la préservation de la nation malienne. « C’est un témoignage que je garde depuis longtemps, dit-il, et dont j’ai tenu à vérifier les éléments avant de les dédier à la mémoire de Mohamed El Mehdi Ag Attaher El Ansari. Instituteur des années 1940, il avait succédé dans les années 1950 à son frère Mohamed Ali Ag Attaher El Ansari. Ce dernier, alors chef de canton et Amenokal des Kel Ansar de Tombouctou, a boudé les propositions de la France au moment de l’Indépendance. Mohamed El Mehdi, tout comme son frère, a fait de l’éducation des enfants son cheval de bataille malgré un environnement hostile. Il faut rappeler qu’à l’époque les nomades soit fuyaient l’école, soit corrompaient les agents (goumiers) qui venaient chercher les enfants pour les inscrire.

Mohamed El Mehdi a toujours réglé les différends inter communautaires en homme de consensus. En 1967, Modibo Keita (premier président de la République du Mali) a dissous les tribus, mais Mohamed El Mehdi conservera une autorité morale indiscutée, ce qui lui permit de garder le contrôle sur l’échiquier politique à Goundam jusqu’à sa mort. C’est à lui que nous devons d’avoir boudé les conflits fratricides issus de l’avènement de la démocratie et du Pacte national de 1996 à nos jours. C’est à lui que nous devons la non participation aux milices armées, au commerce de la drogue et à la jonction avec les organisations d’économie criminelle. C’est à lui que nous devons la stabilité malgré nos différends politiques dans la région de Tombouctou. Mohamed El Mehdi était un homme politique hors pair, charismatique, mais jamais passionné.
Il avait en horreur
- Mohamed El Mehdi la corruption malgré l’environnement très infesté au Mali dans ce domaine de 1960 à nos jours ».
A. DIARRA
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