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Veillée d’armes inutile et inopportune: les casques de la discorde : Micro trottoir sur le port obligatoire du casque
Publié le mercredi 3 octobre 2012  |  L'enquêteur




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Suite à la décision prise lors du conseil des ministres du 19 septembre 2012, relative à la mise en œuvre de contrôles et de sanctions des contrevenants au port obligatoire du casque de protection des motocyclistes, à partir du 1er octobre prochain, la rédaction de l’Enquêteur a tendu son micro aux motocyclistes Bamakois.

« Je m’appelle Adama Sogoba, étudiant à la FSJP. Pour moi, ce n’est pas le moment propice. La priorité c’est la libération du nord. Actuellement avec le coût élevé de la vie nous ne sommes pas en mesure de respecter cette décision impopulaire.
Aïchata Coulibaly, enseignante à Magnambougou « Je rejette catégoriquement l’exigence du port du casque. Avec la situation actuelle, le moment est mal choisi compte tenu de la crise. Avec les dépenses de la rentrée scolaire qui pointe à horizon, les parents d’élèves ne peuvent pas cumuler la surcharge.
Moussa Haïdara, mécanicien a Banankabougou « Je suis très content de la nouvelle car le casque nous protège contre le traumatisme crânien en cas d’accident. La cause de plusieurs décès est due au choc au niveau de la tête ».
Bakary Sidibé, commerçant à Sogoniko
« Je suis pour le port du casque. Car il nous sauve la vie en cas d’accident de la circulation. Je lance un appel aux autorités de revoir les prix du casque pour que tout le monde en fait bon usage. Un casque estimé entre 10.000 et 20.000 n’est pas abordable par tout le monde ».
Daou, coiffeur à Banankabougou « Notre état d’esprit est négatif et nous empêche de voir nos problèmes réels. S’il y’a urgence c’est d’en finir avec les occupants de nos régions du nord et restaurer la liberté des populations sous la charia des islamistes et bandits armés. Il faut que l’Etat libère le pays d’abord afin que la paix totale revienne. Car la paix qui n’est pas totale n’est pas la paix. Je voudrais vous faire connaitre qu’aucun sentiment d’hostilité ne m’habite vis-à-vis du ministre des transports et des Infrastructures routières. Mais, qu’il sache que ce n’est pas le moment de parler de ces choses là ».
Aly Dolo dit Bako, technicien en télécommunication
« Comment un Etat qui ne parvient pas a assurer la liberté fondamentale de ses populations et les besoins fondamentaux peut menacer sa population de répression. Avec la crise actuelle le prix du gaz butane est passé de 2.500 à 3.500 F CFA, les factures de courant seront augmentées de 30 F CFA, il y’a la rentrée scolaire qui pointe à l’horizon et la fête de Tabaski. Vraiment ce n’est pas le moment, la population est très fâchée contre les dirigeants et s’ils ne font pas attention il va y avoir un coup d’Etat sans armes. Parce que tout simplement le peuple va désobéir. Qu’ils fédèrent les efforts pour récupérer le nord d’abord après tout le reste sera possible. Au lieu d’exiger le casque il faut immatriculer d’abord les engins ».
Au Mali plus de 60 % des accidents de la circulation routière sont les engins à deux roues et plus de 70% des victimes sont tués par traumatisme crânien (contact direct entre le crâne et le goudron ou autre objet). La nouvelle a suscité beaucoup de grogne au sein de la population.
L’Etat a certes le monopole de la violence mais il doit gérer ce monopole de manière intelligente, surtout quand la concertation donne de meilleurs résultats. Les autorités sont dans leur rôle en rendant obligatoire le port du casque pour tous les occupants de bicycles et tricycles; tout comme le port obligatoire de la ceinture et l’interdiction formelle de l’utilisation du téléphone pendant la conduite devrait aussi l’être.
Tandis que le port obligatoire de la ceinture de sécurité pour les chauffeurs de véhicules et l’interdiction de téléphoner au volant et aux guidons pour tout conducteur de mobilier roulant doit être d’application immédiate parce que n’entraînant aucun coût ni pour l’Etat ni pour les usagers, Le port du casque, lui, doit faire l’objet d’une application graduelle parce que les usagers auxquels il doit s’appliquer sont très pauvres et sont par conséquent toujours en mouvement pour assurer leur survie. L’application de certaines mesures d’accompagnement comme une communication active et massive à travers les médias (presse écrite, radios, tv) ainsi qu’une campagne d’affichages à grande échelle et sur l’étendue du territoire pour expliquer aux usagers que c’est dans leur intérêt et de la responsabilité de l’Etat de veiller à leur sécurité, sont nécessaires. L’Etat doit, en outre, prendre une décision qui fixe une date à partir de laquelle toute vente d’un bicycle neuf sans casques sera considèrée comme un délit commis par le vendeur. L’Etat devra envisager aussi la subvention du prix de deux casques par bicycle pour ceux déjà en circulation.
La concertation est une vertu de la gouvernance moderne, surtout quand il s’agit pour l’Etat de prendre des mesures dans le sens des intérêts et de la sécurité des populations.

Zoumana Dao

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