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L'Essor N° 17282 du 2/10/2012

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Combustible : Le charbon de bois consume le budget familial
Publié le mercredi 3 octobre 2012  |  L'Essor




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Depuis la hausse du prix du gaz butane, ce combustible très utilisé dans nos foyers se fait de plus en plus rare et plus cher. Le charbon de bois est en train de devenir une denrée rare. Le souci gagne de plus en plus les ménagères et des chefs de famille au regard de la pénurie et de la cherté qu’on observe autour de ce combustible incontournable dans nos foyers. Depuis l’annonce le 1er septembre dernier de la hausse le prix de la bonbonne de gaz butane de 6 kg qui passe désormais de 2500 à 3500 Fcfa et celle de 2,75 kg qui revient aujourd’hui à 1 605 Fcfa contre 1 500 il y a un mois, le charbon de bois fait l’objet d’un rush et l’offre peine à suivre.

La plupart des femmes qui faisaient beaucoup de cuisine au gaz il y a peu, lorgnent désormais vers le charbon. La demande supplantant l’offre, le marché du charbon connaît une pénurie et un surenchérissement sans précédent. Le sac de 50 kg de charbon qui se vendait entre 2500 et 3000 Fcfa il y a seulement un mois, est aujourd’hui cédé entre 4500 et 6000. Les sacs de 100 kg, communément appelés «gros sacs », coûtent 8000 à 10 000 Fcfa (5000 à 6000 Fcfa en temps normal). Dans certains quartiers, le fameux combustible est carrément introuvable. Il commence même à manquer dans les points de vente de charbon les plus réputés de la capitale. Les quelques cargaisons qui proviennent des foires urbaines s’avèrent de mauvaise qualité.

Un tour dans les différents marchés de Bamako, permet de mesurer le cours de ce produit très demandé. De Faladiè à Kasséla en passant par Niamakoro, Kalabancoura, Kalabancoro, jusqu’à Boulkassoumbougou et Moribabougou, quatre constats s’imposent : demande très forte ; marchés peu ravitaillés ; mauvaise qualité du charbon et prix exorbitants. Le renchérissement est installé à demeure. Comme si tous les vendeurs de la capitale s’étaient passé le mot, les prix sont identiques dans tous les marchés. Les différents acteurs de ce commerce ne manquent pas d’arguments pour justifier la situation.

Dramane Diakité, un grossiste installé à Faladié, énumère les facteurs qui sont à la base de la pénurie et du surenchérissement du charbon. « Nous sommes en période d’hivernage, les charbonniers sont plus occupés aux travaux champêtres qu’à la fabrication du charbon.

Les branches des arbres secs qui servent à faire du charbon sont rares en cette période, car la plupart des arbres fleurissent. Donc, la quantité de charbon produite pendant cette période est largement inférieure à celle de la saison sèche. Chaque année, à cette période, nous avons le même problème d’approvisionnement en charbon.

Nous allons dans les villages les plus reculés des communes de Sanankoroba, Ouéléssebougou, souvent jusqu’à Bougouni, mais il est difficile d’avoir d’importantes quantités de charbon. Et la bonne qualité est aussi rare », témoigne ce spécialiste. De surcroit, depuis l’annonce de la hausse du prix du gaz butane, la demande de charbon a explosé. « A la veille de l’annonce de la hausse du gaz, nous avons fait des ventes record.

En une seule journée, j’ai vendu plus de 200 sacs. Aussi bien les détaillants que les ménagères, tous se sont rués sur le charbon. Les ménagères voulaient stocker le plus possible et les détaillants emmagasiner le maximum pour en tirer des bénéfices substantiels. La demande s’étant avérée plus importante que l’offre, alors place à la pénurie », constate Dramane Diakité.

800 FCFA PAR JOUR. Son collègue, Sékou Diarra, installé au marché de charbon de Boulkassoumbougou est enthousiaste. « Cela fait plus de 16 ans que j’exerce ce commerce mais la demande n’a jamais été aussi forte que cette année. Depuis trois semaines, le marché a explosé. Chaque jour, je vends plus de 40 sacs de charbon. Le week-end dernier, j’ai parcouru tous les recoins des communes de Moribabougou et Koula, afin de dénicher du charbon. Je n’ai pu me faire qu’une centaine de sacs. Il faut reconnaître que les charbonniers sont plus occupés à suivre leurs champs. Et les femmes s’affairent plus dans la cueillette du gombo frais, maïs et autres produits de saison que dans la confection de charbon », explique le vendeur qui confirme la hausse des prix.

Zoumana Samaké, vendeur de charbon au marché de Kalabancoro, indexe les frais de transport du charbon et les exigences des agents forestiers comme causes principales de la pénurie. « Pendant cette saison, les pistes rurales sont presque impraticables. Beaucoup de transporteurs refusent de faire le trajet. Et les rares qui acceptent, imposent des tarifs trop élevés. Nous sommes donc obligés de majorer un peu les prix pour pouvoir nous en sortir.

Par ailleurs, les agents forestiers nous imposent également des pénalités trop élevées. Ce sont là autant de raisons qui expliquent la cherté du charbon aujourd’hui», détaille ce commerçant.

Les détaillants font aussi face à la valse des prix. Les boutiquiers qui vendent le charbon au détail sont perturbés par la hausse et s’adaptent à la situation. A leur profit, naturellement. Par exemple, chez certains, le contenu de la petite boîte qui se vendait à 50 Fcfa coûte aujourd’hui 100 Fcfa.

Les ménagères n’ont d’autre choix que de suivre. Mme Djénéba Coulibaly est de celles-ci. « Je ne suis pas prête à débourser 3500 Fcfa pour une bouteille de gaz qui ne dépasse pas une semaine chez moi. Je revire donc au charbon malgré sa cherté. Car, un sac de charbon peut me faire deux semaines. En plus avec du charbon, les mets mijotent mieux et les grillades de viande et poisson se font mieux», indique cette ménagère.

Ménagère aussi, Mme Sylla Assan Sylla vote en faveur du charbon. « Je suis dans une grande famille. Pendant cette période hivernale, c’est presque impossible de trouver du bois sec pour faire la cuisine. Avec 500 Fcfa de charbon, je pouvais faire la cuisine. J’ai une bouteille de gaz, mais elle me permet juste de chauffer de l’eau le matin pour les écoliers ». Cependant, lance-t-elle « depuis 3 semaines, nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Le charbon est devenu excessivement cher. Souvent, on n’en trouve même pas au marché. En réalité, je préfère acheter au détail, vu la taille de ma famille. Si j’achète le sac, les amateurs de thé vont tout rafler. Aujourd’hui, il me faut débourser près de 800 Fcfa en charbon par jour pour faire ma cuisine », calcule-t-elle déconcertée.

Mohamed Touré, blanchisseur à Banankabougou, est lui aussi sidéré. En effet, travaillant essentiellement avec du charbon, les blanchisseurs de la capitale se retrouvent brutalement sous pression. « J’avais décidé d’augmenter de 25 Fcfa, mes frais de blanchissage, mes clients me l’ont déconseillé. Pourtant le charbon a presque doublé de prix. Je n’ai pas d’autre choix que de diminuer la qualité de mon travail pour économiser du charbon. J’ai moi aussi une famille à nourrir », confesse le blanchisseur. A priori, la majoration du prix du gaz est une raison de cette hausse du charbon. Mais ce n’est pas la seule. La saison des pluies et la crise socio-économique ont aussi eu leur mot à dire.

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