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Mali: le djihad du « Barbu rouge »
Publié le jeudi 4 octobre 2012  |  Autre presse




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Proche d’Al-Qaeda, Oumar Ould Hamaha est le chef d’état-major des islamistes armés au Nord-Mali. Francophone, bachelier, il prêche la guerre sainte au Sahel et au-delà.

MaliLe « Barbu rouge » fait peur. Il le sait et s’en délecte. Avec sa barbiche teinte au henné, sa kalachnikov en bandoulière et ses appels au djihad « sans fin et sans limite dans le monde », Oumar Ould Hamaha, 47 ans, est le plus mystérieux des chefs islamistes armés qui font régner la terreur dans le Nord malien.

Son visage est apparu au grand public le 1er avril dernier, lors de la prise de Tombouctou. Ce jour-là, perché sur un pick-up, il harangue la foule en français : « Nous nous battons au nom de l’islam et nous allons pratiquer la charia au Mali », martèle ce porte-parole autoproclamé d’Ansar ed-Dine (Défenseurs de la religion), un mouvement salafiste majoritairement touareg, lié à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Depuis le mois d’août dernier, Ould Hamaha a gravi les échelons : il est désormais au Mali le chef d’état-major (commandant militaire) du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), autre organisation terroriste satellite d’Aqmi. La mutation du personnage témoigne de l’étroite imbrication entre ces trois groupes djihadistes. « Ils agissent de manière conjointe, explique un observateur originaire du Nord malien. Aqmi, la maison mère, a tout d’abord dépêché Ould Hamaha auprès d’Iyad ag Ghali, leader d’Ansar ed-Dine, afin de rallier à sa cause des combattants issus des communautés touareg et arabe. Aujourd’hui, Oumar joue le même rôle au Mujao pour enrôler des recrues originaires de toute l’Afrique de l’Ouest. » Car le Mujao, révélé au grand jour dans le courant de l’année 2011, est en fait la « légion étrangère » d’Aqmi, chargée d’exporter le djihad dans les autres pays d’Afrique subsaharienne. Ce qui explique sans doute pourquoi Ould Hamaha a menacé d’attentats suicides les Etats qui soutiendraient une opération militaire de reconquête dans le Nord malien. Et l’objectif de cette internationale terroriste est bien d’instaurer un califat sur toute la zone sahélo-saharienne.

Mais qui est vraiment Oumar, ce chef de guerre que ses combattants surnomment « Hakka » pour sa dextérité à manier le fusil d’assaut AK 47 ? Oumar Ould Hamaha est né en 1965 à Bèr, localité perdue dans les sables, à l’est de Tombouctou. Il est issu d’une famille nombreuse de nomades berabiches (communauté arabe malienne). Son père est « goumier », c’est-à-dire chamelier, dans une unité mobile de l’armée. Dans les années 1980, Oumar fait ses études à Tombouctou, au collège, puis au lycée franco-arabe. Plusieurs de ses anciens camarades se souviennent d’un « élève brillant, très pieux mais qui s’intéressait à tout, notamment à la philosophie ». Le jeune homme, qui parle arabe, français et songhaï, décroche le baccalauréat en 1984, mais renonce à s’inscrire à l’université. Il choisit d’aller étudier le Coran dans une madrasa en Mauritanie. A son retour à Tombouctou, en 1990, c’est un autre homme, entièrement voué à l’islam. Il va d’ailleurs trouver l’imam de la grande mosquée de la ville aux 333 saints pour obtenir le droit d’y prêcher… Refus poli, mais ferme.

« Nous sommes prêts à mourir en martyrs »

A la même période, le Nord malien s’embrase : les Touareg et certains clans arabes se soulèvent contre Bamako. L’un des frères d’Ould Hamaha, Bakar, membre du Front islamique arabe de l’Azawad (Fiaa), est tué par l’armée malienne. Oumar, lui, disparaît dans la nature, afin d’échapper à la répression. C’est durant ces années de clandestinité qu’il verse dans le salafisme, au contact de prédicateurs pakistanais qui arpentent la région. A-t-il séjourné un temps en Afghanistan, « seul pays à avoir véritablement pratiqué l’islam, avec les talibans », selon lui ? Mystère. On retrouve sa trace au Sahel dans les années 2000. Il a rejoint Aqmi, comme lieutenant de Mokhtar Belmokhtar, émir de la brigade Al-Moulathimin (les Hommes au turban), qui s’enrichit grâce aux trafics et aux enlèvements d’Occidentaux. En 2010, « Hakka » figure parmi les principaux orateurs lors d’un rassemblement djihadiste tenu dans une zone montagneuse restée secrète, quelque part au Sahara. Une vidéo de cette réunion avait été diffusée sur Internet quelque temps plus tard par Al-Andalus, la « société de production » d’images d’Aqmi.

Selon plusieurs sources, c’est Belmokhtar qui aurait poussé, ces derniers mois, Ould Hamaha à la tête de la branche militaire du Mujao. Le groupe, qui compte plusieurs centaines de combattants aguerris, retient en otages trois ou quatre diplomates algériens (un doute subsiste sur l’exécution de l’un d’entre eux, annoncée le 2 septembre dernier). Ces derniers temps, le nouveau chef d’état-major sillonne le Nord malien, escorté par un petit détachement de véhicules 4 x 4. Un jour à Tombouctou, un autre à Douentza (dans le centre du pays), occupée depuis le 1er septembre, ou encore à Gao, que le Mujao a mise en couple réglée. Le « Barbu rouge » justifie au nom de la charia les atroces châtiments corporels infligés aux civils : flagellation pour les consommateurs d’alcool et de tabac, lapidation à mort pour un couple non marié, amputation de la main droite pour les voleurs, ainsi que du pied gauche pour les bandits de grand chemin…

Face à l’intervention militaire annoncée au Mali, Ould Hamaha promet « le sabre » aux « mauvais musulmans » et aux Occidentaux : « Nous sommes prêts à mourir en martyrs. » Funeste présage.

lexpress.fr/Par Boris Thiolay, publié le 04/10/2012 à 13:04

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