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Les islamistes d’Ansar Dine exécutent un des leurs à Tombouctou : « Pour eux, la charia s’applique à tous »
Publié le jeudi 4 octobre 2012  |  Autre presse


Les
© AFP
Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le Nord du Mali, sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l`unicité du jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l`Islam)


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Le 2 octobre, les combattants d’Ansar Dine ont exécuté à Tombouctou un homme accusé de meurtre. Notre Observateur était sur place et a photographié la scène.

Le porte-parole d’Ansar Dine, le groupe islamiste armé qui contrôle le nord du Mali depuis le mois d’avril, a expliqué que Moussa Agh Mohammed, combattant islamiste, s’était rendu de lui-même à la police islamique pour avouer qu’il était coupable de meurtre. Les jambes tournées face à la Mecque, il a été fusillé en fin de journée mardi, devant une centaine de personnes.

Un couple non marié avait été tué par lapidation à Aghelhok en juillet dernier. Il s’agirait donc de la troisième exécution ordonnée au nom de la charia au Nord-Mali. Par ailleurs, ces dernières semaines, les islamistes d’Ansar Dine et du Mujao ont multiplié les châtiments corporels infligés aux populations, notamment les flagellations et les amputations.

« C’était un homme très pieux. Deux jours après son acte, il est allé se rendre à la police islamique et leur a demandé que la charia soit appliquée »

Othman Agh Mohamed Othman est correspondant du site Sahara Media à Tombouctou.
Je ne connaissais pas Moussa personnellement mais je sais qu’il était un éleveur touareg, membre d’une grande tribu, et qu’il avait rejoint le mouvement d’Ansar Dine il y a un mois d’après les conversations que j’ai eu avec plusieurs combattants du mouvement. Par le passé, il avait fait partie du Mouvement national de libération de l’Azawad [Le MNLA est une rébellion touareg armée se battant pour l’indépendance du nord-Mali. Le mouvement s’est fait évincer de la région au printemps dernier par les mouvements islamistes Ansar Dine et Mujao, ndlr] mais il a finalement choisi de rallier les islamistes. [Le correspondant de l’AFP évoque aussi cette appartenance au MNLA, ndlr].

Deux jours avant son exécution, Moussa ag Mohammed s’est disputé avec un pêcheur à une cinquantaine de kilomètres de Tombouctou. Ce dernier reprochait aux vaches de l’éleveur d’avoir piétiné ses filets. D’après les récits que j’ai entendu, le pêcheur s’est attaqué au combattant islamiste qui lui a tiré dessus avec sa Kalachnikov, le tuant sur le coup.

Moussa était un homme très pieux. Deux jours après son acte, il est allé se rendre à la police islamique et a demandé que la charia soit appliquée. Lors du rassemblement pour son exécution, la famille du pêcheur était présente. Les hommes d’Ansar Dine ont demandé à la maman si elle acceptait de pardonner le meurtrier pour son acte. Ils ont expliqué qu’en échange, ils forceraient sa famille à payer d’importantes compensations. La maman a dit qu’elle ne pourrait pas pardonner et les hommes d’Ansar Dine ont été contraints d’exécuter un des leurs.

« Les combattants d’Ansar Dine avaient l’air touché »
Il y avait beaucoup de monde, la scène a eu lieu dans le centre de la ville près de l’hôtel Azalaï. Les gens regardaient comme s’ils étaient au spectacle, je n’ai pas senti une grande émotion au sein de la population. En revanche, les combattants d’Ansar Dine avaient l’air touché. Moussa était un proche. Il avait de très bonnes relations avec plusieurs d’entre eux. Mais ces derniers ont expliqué devant tout le monde que la charia s’appliquait à tous et qu’ils n’avaient donc pas le choix de le laisser en vie. C’était pour eux la décision de Dieu.
Ce n’est pas la première fois qu’un élément d’Ansar Dine est puni. Je me souviens de quatre cas récents de châtiments corporels pour des accusations d’atteintes aux bonnes mœurs notamment, mais à ma connaissance, c’est la première fois dans la région qu’ils punissent de mort un des leurs.

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