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Le Combat N° 474 du 4/10/2012

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Heureux gouvernements, pauvres peuples : La crise malienne ne fait pas que des malheureux
Publié le jeudi 4 octobre 2012  |  Le Combat




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« Le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Cet adage se vérifie en cette période de crise malienne. Si ATT est accusé de tous les maux depuis le début de la crise au Mali, les Maliens ont plus perdu après son départ. Le coup d’Etat du 22 mars dernier n’a fait que profiter à quelques personnes au détriment de toute une population.

Aujourd’hui, les populations du Nord vivent le martyr et celles du Sud vivent dans une peur bleu faite de précarité et d’insécurité. Il est clair que sans ce coup d’Etat, le Mali n’allait pas sombrer aussi vite dans le désastre.

Quels sont ceux qui bénéficient de la tourmente malienne ?

Ce sont d’abord les membres de l’ex-junte de Kati, avec des voitures de luxe, des 4×4, des terrains achetés et déjà en voie de construction et des dépenses journalières qu’ils ne pouvaient se permettent durant toute une année. Ensuite viennent les autres militaires qui, de 6 000 FCFA de prime, se retrouvent avec 50 000 FCFA, en plus des autres avantages tels que les rations alimentaires, entre autres. Pourtant, cela ne semble pas assez : ils veulent des grades fantaisistes. Dioncounda et son gouvernement ont préféré s’adonner à des nominations bidon à la pelle et dans le désordre à des policiers qui sont du clan Sanogo. Dans ces moments difficiles, le Mali a-t-il besoin de tels « folklores » puisque ce sont les mêmes qui ont contribué aux souffrances des citoyens ? Qu’est-ce que ceux-ci ont fait de vaillant pour mériter des gratifications dont Les conséquences peuvent être dramatiques ? Aujourd’hui, c’est un soulèvement des policiers ; demain peut-être, ce serait le tour des gendarmes ou, que sais-je, des gardes ou des fonctionnaires ? Avec de telles pratiques, Dioncounda, qui voulait faire plaisir au « grand patron », risque provoquer une « étincelle qui mettra le feu à toute la plaine ».

Paradoxalement, le Président et le Premier ministre en profitent aussi

Escorté comme un Président de la République, Cheik Modibo Diarra se voit dans le rôle d’un prince. Sa dernière folie des grandeurs fut celle à la « Kakan Moussa », avec une forte délégation, pour se rendre au sommet de New York. Le Premier ministre et son clan ont sans doute beaucoup à tirer de la situation actuelle. Cette crise a donné une formidable opportunité à Cheick Modibo Diarra de renforcer ses positions et son influence au sein de la classe politique, de sortir ainsi de l’anonymat et se préparer à gagner les élections à venir par son parti. Qu’est-ce que le Président par intérim, quant à lui, pourrait espérer de plus ? Gardé par des centaines de militaires, avec tous les privilèges d’un Chef d’Etat et la bénédiction de Sanogo, il se dira : « Pourquoi me ferai-je tuer, d’autant plus que je l’ai déjà échappé belle ?». Ne serait-ce pas mieux qu’il fasse alliance avec Sanogo pour un an, deux ans ou même cinq ans sans problème, et ensuite avoir une retraite dorée ?

Puis viennent les prédateurs…

Le haro des chefs actuels procure une confortable discrétion économique aux prédateurs

Et les malheureux dans tout cela ?

La population est la seule éprouvée dans cette crise malienne. En aucun cas, les heureux gagnants ne voudront changer leur nouveau mode de vie. Mais on ne sait pas combien de temps cela durera. Pour l’instant, la chance d’être considéré comme faisant partie du « club Sanogo » est le plus important

Le peuple est sous tension électrique, les gens sont à bout et les finances sont au plus bas. Le gouvernement nous fait croire qu’il fait tout pour maintenir les salaires, bien sûr. Mais pour combien de temps puisque ces salariés sont une minorité par rapport au reste de la population ? Qu’en est-il des autres, c’est-à-dire les « non fonctionnaires », ceux qui ont été obligés de fermer boutique, ceux qui ont la charge de dizaines de réfugiés nordistes, ceux qui ont perdu leur job, ceux qui ne pourront pas payer les frais de scolarité de leurs enfants et ceux qui n’auront tout simplement pas à manger à cause de ce coup d’Etat ? Aujourd’hui, on ne sait pas précisément qui est aux commandes. Par contre, l’ombre de Sanogo plane toujours sur le Sud. La crise économique semble de plus en plus inextricable, et les risques d’une récession généralisée se font chaque jour plus vifs. A ce rythme, si nous ne trouvons pas une solution rapide, on va avoir un krach très important. Il est derrière nous le temps où la perspective d’un investissement au Mali suscitait des haut-le-cœur pour son promoteur.

L’incohérence de nos gouvernants

Les Maliens ne savent plus à qui faire confiance. Et au niveau étatique, c’est un désordre total. Tantôt le Président parle d’une chose, tantôt le Premier ministre parle d’une autre. Et pour combler le tout, les frasques de Sanogo. Chaque discours venant de ces trois protagonistes introduit des propos incohérents. Le Pr Dioncounda parle de négociations tout en demandant l’aide des amis de la communauté internationale, mais avec quand même des réserves. Le Premier ministre, lui, va directement au but : la guerre avec l’aide de la CEDEAO et de la France. Et Sanogo, qui s’en tape, veut mener tout seul la barque. Cheick Modibo Diarra se laisse déborder par ses émotions : un danger à éviter pour le peule car c’est de la pure manipulation. L’enfer peut être pavé de bonnes intentions, et une politique de bons sentiments ne fait pas nécessairement une bonne politique. Après tout, pourquoi la CEEAO se priverait-elle de faire la leçon à nos dirigeants tout en assurant leur soutien ? A qui la faute ? Aux Maliens eux-mêmes car ils se sont prêtés à des conflits d’intérêts personnels au risque de faire tomber le Mali. Il est très dommage de constater non seulement qu’il existe des divisions au sein de la classe politique, mais aussi qu’un conflit existe entre les porteurs de tenue, ceux-là mêmes qui ont juré d’honorer et de défendre le Mali au dépend de leur propre vie. Trois commandants dans le même bateau ? Alors, nous nous demandons si ce n’est pas la raison qui motive les Américains à nous pousser aux élections enfin que le peuple malien puisse choisir un seul chef.
Renforcement de nos dirigeants

Toutefois, les militaires «au pouvoir » ont tout à gagner à prendre une part active dans la reconquête du Nord : ils sont en passe de prouver leur engagement dans la reconquête de l’intégrité territoriale. Et accessoirement, le gouvernement ne se privera probablement pas de faire valoir son intervention en faveur d’un Mali indivisible lorsque seront abordés des sujets sensibles tels que les droits de l’homme, la répression politique, entre autres. Les grands perdants de ce jeu de poker trompeur dans les hautes sphères de l’Etat seront les populations maliennes. Nul doute que les manœuvres actuelles ne favoriseront pas le retour du seul vrai moteur pour sortir de la crise : la paix. Enfin, si l’aide internationale et les élections peuvent servir les intérêts du peuple malien, ils ne peuvent que nuire aux intérêts de certaines personnes qui souhaitent que la crise perdure et qu’ils restent au pouvoir durant des années, voire le plus longtemps possible.

Neïmatou Naillé Coulibaly

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