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Sidi Ali Ould Bagna, Président de « La Jeunesse Arabe du Mali » : « Le Mali ne nous protège pas. Il nous inquiète d’ailleurs »
Publié le vendredi 6 fevrier 2015  |  alakhbar




"Le Mali ne nous protège pas. Il nous inquiète d’ailleurs, même en temps de paix", se désole Sidi Ali Ould Bagna. Il est le président de "La jeunesse Arabe du Mali": une association qui "contribue à l’avènement de la paix dans le Nord malien et plaide pour la réinsertion des jeunes arabes dans les structures étatiques". Interviewé par Alakhbar, Sidi Ali évoque plusieurs cas de détention "arbitraire" d’Arabes maliens.

« Le Mali ne nous protège pas. Il nous inquiète d’ailleurs, même en temps de paix », se désole Sidi Ali Ould Bagna. Il est le président de « La jeunesse Arabe du Mali »: une association qui « contribue à l’avènement de la paix dans le Nord malien et plaide pour la réinsertion des jeunes arabes dans les structures étatiques ». Interviewé par Alakhbar, Sidi Ali évoque plusieurs cas de détention « arbitraire » d’Arabes maliens.

Alakhbar: Vous parlez d’arrestation « arbitraire » de membres de la Communauté Arabe du Mali. Avez une idée sur le nombre et sur les conditions de détention?

Sidi Ali Ould Bagna: D’abord, notre association ne réagit pas par rapport aux prisonniers de guerre, mais aux membres d’une seule communauté arrêtés sur de simples dénonciations. Ces derniers sont une centaine dans les prisons du pays. Il y a parmi eux près de 70 personnes détenues à Bamako. Nous en avons visité une vingtaine à la Maison d’arrêt de Bamako. Mais malgré notre insistance, nous n’avons pas pu entrer en contact aves les autres détenus au camp 1 de la gendarmerie.

Ceux qui sont détenus à la maison d’arrêt de Bamako ne sont pas torturés physiquement. Mais ils ont été traumatisés par leur arrestation humiliante et par l’éloignement de leur famille. Ils ont été coupés de leurs parents lesquels sont parfois dans des camps de réfugiés. Ils vivent cet isolement et ils sont sous-alimentés. Cela est une torture morale. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour lancer un appel pressant à tous ceux qui peuvent nous soutenir pour que ces personnes ne soient pas les oubliées de la réconciliation nationale.

Alakhbar: Y a-t-il des femmes et des mineurs parmi les personnes arrêtées ?

Sidi Ali Ould Bagna: Il n’y a pas de femme parmi ces détenus. Mais, nous avions signalé le cas de deux mineurs qui étaient retenus à la prison centrale. Ils ont été ensuite transférés à la prison des mineurs; mais ils vivent toujours de mauvaises conditions de détention.

Alakhbar: Avez-vous sollicité le soutien des Ong de défenses des droits de l’homme pour la libration de ces personnes ?

Sidi Ali Ould Bagna: Absolument ! Nous avons rencontré beaucoup d’Associations de défense des droits de l’homme au niveau national comme international. Je peux même en citer Amnesty Internationale, Human Right Watch et la Fidh. Nous avons aussi rencontré la section des droits de l’homme de la Minusma et Monsieur Suliman Baldo, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali. Malheureusement, il n’y a pas eu de suite à ces rencontres.

Alakhbar: Avez-vous attiré l’attention des autorités maliennes sur la question ?

Sidi Ali Ould Bagna: Nous nous sommes réunis avec toutes les autorités concernées, à commencer par le Ministre de la Justice. Ce dernier avait promis de remettre ces détenus dans leurs droits le plus rapidement possible. Là encore il n’y a pas eu de suite.

Alakhbar: Que réclament en outre « La Jeunesse Arabe du Mali » à leurs autorités et à la communauté internationale ?

Sidi Ali Ould Bagna: Nous réclamons auprès des dirigeants du pays un peu plus de patriotisme. Ils ne doivent pas fermer les yeux face à ces détentions arbitraires, surtout au moment où le pays doit réaffirmer le contrat social qui lie ses composantes ethniques pour transcender les intérêts partisans, en vue de la création d’une vraie nation.

Quant au niveau international, nous demandons assistance et protection contre ce que nous subissons comme stigmatisation, racisme, haine, préjugés et autres. Nous sommes confrontés à des conflits latents depuis le lendemain de l’indépendance. Le Mali ne nous protège pas, il nous inquiète d’ailleurs même en temps de paix. Malgré tout, nous sommes toujours attachés à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali et nous prônons la Paix, l’égalité et la sécurité. Dans ce contexte nous réclamons la mise en place d’un espace convivial et fraternel. C’est dans ce cadre, que les Arabes du Mali rappellent la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée par l’Assemblée générale de l’Onu en septembre 2007. La déclaration recommandée par le programme d’action de Vienne affirme notamment que les peuples autochtones ont le droit à l’autodétermination interne et qu’en vertu de ce droit ils déterminent librement leur statut politique et recherchent librement leur développement économique, social et culturel. Elle stipule que les peuples autochtones ne peuvent être expulsés de leur terre et qu’ils ont droit aux ressources naturelles.

Alakhbar: Prôner une bonne cohabitation sociale ne serait-il pas le meilleur moyen de régler toutes ces questions que vous évoquez?

Sidi Ali Ould Bagna: Au Mali, nous n’avons pas de problème de cohabitation sociale. Le malaise malien est plutôt au niveau de l’aménagement du territoire. Il est inacceptable le fait de marginaliser une bonne partie du territoire et de la laisser sans aucune administration et exposée aux pires influences extérieures. Il se trouve d’ailleurs que cette partie est l’espace vital des Arabes. C’est pourquoi les Arabes réclament une région administrative, mais qui tarde à se matérialiser. Ils veulent aussi la réhabilitation rapide des services sociaux de base (école, centres de santé, points d’eau) pour pouvoir jouir pleinement de leur citoyenneté et participer à la reconstruction du pays et à la réconciliation nationale.
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