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Pourparlers inclusifs inter-maliens d’Alger: Les quatre points d’achoppement du processus de paix
Publié le vendredi 13 fevrier 2015  |  Le Soir de Bamako
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




Débutés en mi-juillet 2014 et initialement prévus pour se tenir seulement en deux ou trois sessions qui ne dureraient que quelques semaines, voire au plus deux mois, les pourparlers inclusifs inter-maliens sont aujourd’hui à leur cinquième session après sept mois de tergiversation. Si une telle lenteur profite à certaines parties prenantes au dialogue, notamment les différents groupes armés en ce sens qu’elle consacre l’insécurité, l’anarchie et le laisser faire dans le septentrion du pays, l’État malien pour sa part, ne peut que pâtir de cette situation de non-droit, car il se voit amputé d’une partie de son territoire, donc de sa souveraineté.
Le Premier ministre Modibo Kéita, qui fut le haut représentant du Chef de l’État aux pourparlers inter-maliens d’Alger, n’a pas manqué de faire part de sa vive préoccupation devant cette lenteur qui caractérise le processus des négociations. « Plus nous trainons, plus la situation au nord du Mali se complique et plus les problèmes sécuritaires s’accroissent », a dit le Premier ministre, à l’issue de l’audience que lui a accordée le président algérien Abdel Aziz Bouteflika à la veille de l’ouverture du cinquième round des pourparlers d’Alger. Le monde entier semble unanime à se préoccuper de cette lenteur et à la décrier.

LE CITOYEN LAMBDA SE DEMANDE SUR QUOI ACHOPPE LE PROCESSUS DE NEGOCIATION?

On se souvient qu’en 2012, lorsque la crise a éclaté, les rebelles du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla) revendiquaient l’Indépendance ou l’autonomie pour les régions du nord du Mali, mais le Gouvernement ne voulait pas en entendre parler. Ce qui a conduit à une situation de guerre, avec son corollaire d’instabilité, dans tout le septentrion du pays. C’est dans ce contexte que la communauté internationale, en accord avec l’État malien et les rebelles, est parvenu à faire asseoir autour d’une même table, les belligérants pour des négociations espérées ramener la paix. Après avoir écouté les revendications de part et d’autre, le comité de médiation, sous la houlette de l’Algérie, a établi un projet d’accord de 72 articles. Ce projet d’accord reconnaît sans ambages l’intégrité territoriale du Mali, la forme républicaine et laïque de l’État.

Mais là où le bût blesse, c’est que ce projet d’accord qui reconnaît l’intégrité territoriale du Mali, la forme républicaine et laïque de l’État, fait aussi mention de « régions intégrées » pour les régions de Gao, Tombouctou et Kidal (première pierre d’achoppement). Le Gouvernement du Mali n’est pas d’accord pour cette notion de « régions intégrées » qui est portée dans le texte du projet d’accord. Pour les autorités maliennes, la notion de « régions intégrées » n’est qu’une façon subtile de désigner et d’instituer l’autonomie.

D’autre part, le souhait et même l’exigence des rebelles est que l’ensemble des trois régions du nord (Gao, Tombouctou et Kidal) soit désigné dans le texte du projet d’accord sous l’appellation « Azawad » (deuxième pierre d’achoppement). La partie malienne s’insurge contre cela car elle trouve que, porter l’appellation « Azawad » dans le texte du projet d’accord, reviendrait à officialiser cette appellation. Toute chose qui ne contribuerait qu’à encourager les velléités indépendantistes ou autonomistes de rebelles.

D’ailleurs le chef de la délégation malienne, M. Abdoulaye Diop, Ministre des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, n’avait pas manqué de dire, lors d’un point de presse qu’il a animé le 09 février courant « nous rejetons l’Azawad dans sa connotation politique et géographique qui considérerait Tombouctou, Gao et Kidal comme une seule entité politique ».

Un autre point de désaccord entre le Gouvernement et les rebelles, est que ces derniers suggèrent que le document de préaccord fasse mention de « développement avec conseil consultatif » (troisième pierre d’achoppement). Le Gouvernement malien, tout en reconnaissant la nécessité absolue de développer toutes les régions administratives du Mali, soutient qu’il n’est pas nécessaire de porter cette notion de « développement avec conseil consultatif » dans le texte de ce projet d’accord qui, par ailleurs ne concerne que les trois régions du nord. Mentionner cette notion de « développement avec conseil consultatif » dans le texte du préaccord reviendrait simplement à octroyer une priorité auxdites régions par rapport aux autres régions administratives du Mali, dans le cadre du plan global de développement du pays.

Si tous ces points de discorde sont essentiellement liés au texte du préaccord, il n’en demeure pas moins qu’une autre difficulté a fait surface lors de la reprise des négociations pour le cinquième round. On se souvient qu’en prélude à la reprise des pourparlers, les groupes armés belligérants du nord en l’occurrence la coordination des mouvements de l’Azawad et la plate-forme des groupes d’autodéfense ont été conviés à Alger par le comité de médiation, en vue d’aboutir à un accord de cessation des hostilités sur le terrain. Tous ces deux groupes sont parties prenantes des discussions d’Alger.

Eh bien, jusqu’au jour de l’ouverture de la cinquième session des pourparlers, ces deux entités n’étaient pas parvenues à trouver un terrain d’entente. Les hommes de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma) exigent que leurs adversaires, les hommes de la plate-forme des groupes d’autodéfense, soient désarmés. Ils font de cela un préalable à leur participation aux discussions (quatrième pierre d’achoppement).

LES FAUX-FUYANTS DU MNLA-HCUA-MAA ET ALLIÉS

Interrogé par Deutsche Welle, Mohamed El Maouloud Ramadan, membre de la coordination des mouvements de l’Azawad et chargé des relations extérieurs du mouvement Arabe de l’Azawad (Maa dissidence) dira: « on veut trouver une solution politique. Mais il faut régler les problèmes : Il faut arrêter l’avancé de l’armée malienne sur nos positions. Il faut désarmer les milices qui sont dans les zones que nous contrôlons ». Cette dernière exigence des rebelles aura-t-elle la chance d’être satisfaite ? Pas si sûr, dans la mesure où on sait que les groupes d’autodéfense se sont formés avec les autochtones des lieux qui ont décidé de prendre leur destin en main, en assurant la sécurité de leur territoire après que l’armée malienne ait déserté leurs localités.

Aujourd’hui, les groupes d’autodéfense sont les seuls remparts contre les visées expansionnistes des groupes rebelles. Dans les contrées où ils règnent, les groupes d’autodéfense sont très bien acceptés et même adulés par les populations locales qui voient en eux des protecteurs. Leur désarmement par la force ne sera pas chose aisée. Et ce n’est pas la Minusma qui dira le contraire, car elle se souviendra longtemps de cette journée du mardi 27 janvier 2015, où elle a eu maille à partir avec les populations de Gao.

Mamadou GABA
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