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Un Etat islamique au Mali… Moussa Mara le dernier rempart tombé, la fête à IBK peut commencer
Publié le vendredi 27 fevrier 2015  |  Le Matin
Primature:
© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  




Les « Musulmans » ont piégé IBK et du coup, est pris tel qui croyait prendre. Avec leur soutien à son élection, il avait deux choix pas plus : devenir une marionnette entre leurs mains pour lancer les bases de l’Etat islamique du genre 2012 ou alors les « trahir » et leur donner la « légitimité » pour agir eux-mêmes à construire un Etat islamique. L’impopularité patente du régime est considérée comme un engrais fertiliseur qui vient à pic.
Il convient avant toute chose de non pas régler, mais poser un problème de définition par rapport au mot « slaamè » ou « musulman ». C’est un flou volontairement nourri et maintenu par ceux qui profitent de ce flou et allègrement ignoré par la masse : par méconnaissance, par paresse intellectuelle ou encore par « je m’en-foutisme » innocent. Nous allons donc utiliser le mot comme le font les Maliens, comme ils le comprennent et jusqu’au moment où l’amère réalité s’imposera à eux : autant ils usent et abusent des mots « islamistes », « sunnites », « salafistes », « jihadistes » ou que savons-nous encore pour parler des autres en Asie, au Maghreb ou même, plus près de nous, au nord du Mali. Mais dès qu’il s’agit d’eux-mêmes, c’est « ‘’slaamè’’ ou musulmans ». Évidemment, ça n’est pas ici que ce problème linguistique sera réglé.
Ceci dit, poussons l’aberration à poser cette question : « IBK le candidat des Musulmans », cela veut dire quoi au juste ? En 2002 puis en 2013, on a fait la promotion du candidat IBK comme étant celui « des Musulmans ». Est-ce que les catholiques, les protestants, les animistes et autres avaient des candidats ? Est-ce parmi les 28 candidats de 2013 (Tiébilé Dramé était candidat, il a recueilli des voix et il a été classé) tous n’étaient pas musulmans ? Est-ce que la totalité de ceux qui ont été candidats et qui ont gouverné le Mali n’étaient pas musulmans à 100 pour 100 ? Avec ses 99 % de musulmans et sur fond sociologique, est-ce que quelqu’un de non musulman à une chance sur mille de se faire élire président de la République au Mali ? S’il fallait forcément désigner un candidat pour les musulmans, est-ce que le sieur IBK est le mieux indiqué ?
Donc, pourquoi et comment peut-on justifier la promotion faite – et qui ne risque plus d’être – au cheval IBK pour gagner la course qui n’oppose que les « musulmans » ? Ça n’est pas avec IBK PM et tout puissant Chef du gouvernement que les « musulmans » ont été matés, gazés, tabassés et pourchassés si bien que toute la place a été jonchée de babouches ? Que les épouses de marabouts, de prêcheurs et d’imams ont vu leurs maris rentrer sans chaussures, sans bonnet et sans turbans ? L’air complètement hirsutes et les yeux rougis ? Et sous la risée du peuple qui se tordait de rire comme un bossu en voyant les grands hommes en débandade? Est-ce que les « musulmans » ont oublié cela ?
Allah pardonne, et les « Musulmans » ?
Que non, bien sûr ! Au contraire. Beaucoup d’entre eux ont visionné des films western ou cowboy dans leur jeunesse. Et ils ont retenu cette phrase-leçon : la vengeance est un plat qui se mange à froid. Ici, on connaît cette instruction par un proverbe : « ni monè do nnailayoromii-na, niikiibabo o yoro la, monèwèrèbi doila ». Ça pourrait dire : si tu ne veux pas attendre et si tu veux te venger tout de suite, alors tu auras deux motifs de vengeance. Conclusion : il faut savoir serrer les dents, avaler la couleuvre, ruminer, ne pas oublier et, le moment venu, frapper comme un cobra. Vite, bien et sans bavure. Et si c’était la recommandation apprise, assimilée et appliquée par les « musulmans » sur le cas IBK. Les Maliens devront tous chercher à écouter et à comprendre les discours tenus le 7 denier lors du congrès de « Sabati 2012 » sous la férule de leur mentor Mahmoud Dicko et dans le rôle de l’invité vedette Moussa Mara. Nos confrères de la radio ont enregistré le président de l’Amupi, celui de « Sabati » et celui du Haut Conseil Islamique du Mali. Discours édifiants.
Les « musulmans » ont choisi IBK parce qu’il était le « meilleur candidat » (dans quel sens et sur quels critères ? Aussi bien en 2002 (où ils avaient commencé le travail très tardivement) qu’en 2003 (où ils s’étaient levés très tôt et abattu un travail de qualité et de titan). IBK était-il le meilleur candidat par rapport à leur objectif de conquête de pouvoir dans un future proche ? Toujours est-il que la victoire éclatante de l’été 2013 a récompensé le bon boulot de campagne fait et dont toutes les mosquées peuvent témoigner. Et en toute honnêteté, les « musulmans peuvent se prévaloir de la victoire et du candidat IBK et des députés de son parti, le Rpm en 2013.
Mais, un motif de désamour a tout de suite fait surface le jour même ou IBK a prêté serment : les « musulmans » ont été mécontents de sa tenue (costume-cravate) et de celle de sa femme (non voilée). Des critiques ont tout de suite fusé en ce sens. D’autres motifs de courroux se succèderont en chaîne. Rappelons-en quelques-uns – juste pour illustrer. Il faut souligner tout de suite la présence du roi du Maroc dans les gradins du « Stade du 26 Mars », et à la place d’honneur Svp !, lors de la version public-show de l’investiture du président élu IBK. Ce dignitaire et cet émir des croyants est certes musulman, mais, apparemment, il y’a musulmans et musulmans. En effet, le royaume chérifien du Maroc malikite et soufiste. Ce qui est diffèrent des « musulmans » dont on parle ici à propos du soutien à IBK.
La preuve est que le soutien à un candidat, en l’occurrence IBK, avait suscité un violent clash aussi bien en 2002 qu’en 2013, la ligne de fracture opposant, sur la place publique, islam soufiste-malikite et islam wahhabite-‘sunnite’. Les deux camps avaient pour porte-parole Cherif Ousmane Madani Haïdara et l’imam et président du Haut Conseil Islamique du Mali Mahmoud Dicko. Du premier côté, on défendait la position suivante : les chefs religieux doivent rester au milieu, car ils sont pour tout le monde. Du côté des « musulmans » sujet de cet écrit, on soutenait le contraire ; d’où le soutien actif, massif et criard au candidat IBK, revêtu de la tunique de « candidat des musulmans ».
IBK a fermé les robinets juteux aux chefs « musulmans »
Après les ratées de l’investiture au Cicb, celle institutionnelle face à la Cour suprême, la nomination de Oumar Tatam Ly ne fut pas accueillie avec bonheur du côté des barbus. La composition du gouvernement qui en a suivie a elle aussi amèrement déçu. Sur ce, survient le dossier des 500 imams formés « gratuitement » au Maroc – donc forcément des adversaires futures des « musulmans ». Le rapprochement même avec le Maroc, avec son corollaire d’intérêts économiques, leur pose problème aux « musulmans » (17 traités signés et qui couvrent tous les domaines). Et tout récemment, l’affaire Charlie Hebdo a créé un réel courroux dans la gorge des musulmans. Si bien que Mahmoud Dicko, qui devait ensuite diriger une délégation malienne en Europe, a personnellement conduit une marche : non pas contre la France et son journal mais contre IBK.
Car, Moussa Mara, qui constituait le dernier rempart entre IBK et les « musulmans », était tombé : il avait remis les clefs de la primature à Modibo Kéita.
D’autres petites causes de rancœur sont évoquées comme petits bois qui permettent de mieux attiser le feu. C’est ainsi que le très proche d’ATT, Nouhoum Togo, directeur de communication du parti Attetiste, le Pdes, révèle que Mahmoud Dicko figurait sur la liste de ceux qui faisaient objet de don d’argent de la part d’ATT chaque le 15. Peut-on parler de caisse noire ? , toujours est-il que le Haut Conseil Islamique recevait du même ATT 200.000.000 de F Cfa chaque année. ATT n’avait pas à justifier (devant les bailleurs de fonds) les centaines de milliards qu’il prenait et qu’il dépensait comme il voulait. IBK si ! Du coup, le ‘’Kankélentigui’’ a été obligé d’arrêter ces dons hors cadres. ATT accordait beaucoup d’avantages matériels aux « musulmans », faveurs stoppées par IBK par la force des choses – tout le Mali sait qu’il n’est pas radin.
Le 7 février, les « musulmans » ont dit : « ce ne sont pas les Maliens qui ont trahi IBK, c’est IBK qui a trahi les musulmans ». Dans quelle mesure une telle phrase se justifie-t-elle ? Aucune des promesses d’IBK n’a connu un début de réalisation. Soit. Mais lors de la campagne présidentielle de 2013 dans les mosquées où les AG se tenaient, Moussa Bocar Bah, le président-fondateur de « Sabati 2012 » expliquait ceci à ceux qui posaient la question : on soutien un candidat cette fois-ci mais après, nous présenterons des candidats partout nous-mêmes. Et Mahmoud Dicko a déjà expliqué sur les ondes l’absence de confiance aux politiciens : « on ne va plus croiser les bras et les laisser faire ».
En somme, cela faisait longtemps que les « musulmans » murissaient l’idée d’apprendre pour chercher à exercer directement le pouvoir. Ce moment est arrivé et quand les musulmans cherchent à prendre le pouvoir public, c’est pour ériger quel genre d’Etat ? On en a eu la réponse le 7 février 2015 qui constitue une date historique au Mali, à n’en pas douter. Les présidents de l’Imama et de « Sabati » ont fait ce jour-là une démonstration oratoire de qualité qui « ne laisse aucune saleté » sur l’initiative à venir : balayer la petite minorité instruite en occidental qui tient injustement le Mali sous sa botte et obliger la petite minorité qui prétend régir la majorité musulmane du Mali en votant, Place Bagadadji, des lois contraires aux aspirations du peuple.
Amadou Tall
Source: Le Matin
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