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Mali : les islamistes s’invitent dans le processus de paix
Publié le mardi 10 mars 2015  |  Xinhua




En moins de 48h, les organisations terroristes viennent de rappeler qu’elles sont loin d’être anéanties au Mali, en frappant pour la première fois à Bamako et en prenant pour cible un camp de la mission de l’Onu (MINUSMA) à Kidal (au nord), faisant au total huit morts et une dizaines de blessés.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une fusillade a fait 5 morts (trois Maliens, un Français et un Belge) au restaurant "La Terrasse", en plein coeur de la capitale. Le samedi après-midi, deux jeunes Arabes s'attaquent au poste de police de Gao, mais n’atteignent pas leurs objectifs et sont arrêtes et lynchés par la foule. Et le lendemain, dimanche, le camp de la MINUSMA à Kidal essuie des tirs de roquettes faisant trois victimes, deux enfants et un soldat tchadien.

Seul l’attentat de Bamako a été revendiqué par Al-Mourabitoune, une cellule de'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Ces actes prouvent que les groupes terroristes sont à nouveau très actifs dans le nord du pays, après avoir été laminés à la suite de l'Opération (française) Serval.

Déjà, le quatrième trimestre de 2014 avait été marqué par des attentats (mines et kamikazes) sanglants contre des soldats de l'ONU et les forces maliennes dans le nord du pays, alors que les négociations de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord tiraient à leur fin.

Ainsi, malgré le déploiement de troupes françaises et de 10.000 casques bleus, AQMI a réussi à réactiver ses cellules en se servant de la Libye comme base arrière pour se réorganiser, souligne un expert militaire souhaitant rester anonyme.

Il ajoute, "l'immensité du désert malien leur a ensuite permis de facilement s'infiltrer au nord du Mali où ils ont retrouvé des complicités et des relais dont ils avaient besoin pour agir".

Oumar Sidi Touré, un leader de la société civile à Gao, renchérit : "aujourd’hui, il est très facile de s’introduire à Bamako. Des cars remplis quittent tous les jours Gao pour Bamako. Le seul contrôle se limite à la pièce d’identité, facile à obtenir. Et une fois dans la capitale, c’est un jeu d’enfant que de trouver un arsenal comme celui utilisé contre les habitués de La Terrasse".

Pour Kader Toé, chroniqueur indépendant, "le moment et le choix de Bamako ne sont pas fortuits. Dans quelques jours, Bamako et les mouvements armés doivent parapher un accord sensé mettre fin à la crise au nord. N’ayant pas été associés aux pourparlers d’Alger, les organisations islamistes se manifestent ainsi pour rappeler qu’il n’y aura jamais de paix au Mali comme au Sahel sans leur adhésion".

En outre, le leader du groupe islamiste Ançar Dine, Iyad Ag Ghali, n’a jamais caché sa volonté de faire payer à la France et à la MINUSMA, non seulement leur engagement dans le nord du Mali, mais aussi son exclusion des négociations pour la paix. Il avait précisé sa menace dans une vidéo publiée en début août 2014.

Pour un diplomate africain en mission au Mali, ces attentats donnent raison à ceux qui pensent que les opérations militaires ne sont pas efficaces sur la durée et que "la meilleure solution contre le terrorisme est de régler les questions de développement, de bien-être de la population".

Pour certains observateurs, ces actes criminels montrent les limites de la politique française en Afrique. Ils apportent donc l’eau au moulin de Nicoletta Fagiolo, ancien ambassadeur de la France en Côte d’Ivoire, qui dans une récente sortie médiatique conseille à la France de "laisser les Africains être les vrais acteurs" et dénonce l'inefficacité des troupes de l’ONU.

"Il faut qu'on sorte de ce schéma pour s’occuper des vrais problèmes que sont les problèmes de développement et de pauvreté, des problèmes de couverture médicale…", suggère le diplomate.

Celui-ci donne sans doute raison à ceux qui pensent que la Chine est en train de contribuer à la sécurité en Afrique sur la longue durée en investissant dans le développement du continent. F
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