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Le père Zacharie Bere, président de l’université catholique de l’Afrique de l’ouest -unité universitaire de Bamako (UCAO-UUBA) : «Je place mon mandat sous le signe de la continuité et du renouvellement»
Publié le mardi 9 octobre 2012  |  Autre presse




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Dans l’interview qu’il nous a accordée, le nouveau président de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest -Unité universitaire de Bamako nous parle de son parcours, des missions assignées à l’Unité universitaire et de l’hommage mérité qu’il rende au président sortant et à son équipe.

L’Inter de Bamako : Monsieur l’Abbé, vous venez d’être nommé comme Président de l’Unité universitaire de Bamako. Pouvez-vous parler à nos lecteurs de votre parcours ?

L’Abbé Zacharie BERE : Je voudrais remercier votre journal pour cette interview qui me permet de me présenter à vos lecteurs et du coup à un monde plus vaste que celui des étudiantes et des étudiants. Je voudrais aussi reconnaître ici l’ampleur et la portée de l’œuvre réalisée par le Père Joseph Tanden Diarra et son équipe dans l’UCAO-UUBa pour leur rendre hommage. Mon parcours est très simple en ce sens qu’il est consacré aux études, à l’enseignement et à la recherche. Je suis du Burkina Faso, plus précisément de l’archidiocèse de Koupéla, au Kurittenga au centre-est du Burkina Faso.

Après mon ordination en 1977, mon évêque, Mgr Dieudonné Yougbaré de vénérée mémoire, m’a envoyé enseigner au petit séminaire de Baskouré près de Koupéla, avant de me faire aller aux études en 1979 à Rome pour la philosophie et à Paris pour la théologie. Je suis retourné au pays après six ans de présence en Europe avec un doctorat en philosophie et une Licence canonique (maîtrise) en théologie, la théologie des religions. Ma thèse de philosophie soutenue en 1983 a pour titre : Pascal : le langage religieux comme recherche du Dieu caché.

En 1985, à mon retour d’Europe, j’ai été envoyé directement au grand séminaire saint Jean-Baptiste de Wayalgé à Ouagadougou pour l’enseignement de la philosophie et aussi de la théologie. J’y suis resté douze ans. C’est alors que la Conférence épiscopale Burkina-Niger m’a envoyé ouvrir un nouveau séminaire, le séminaire saint Pierre et saint Paul de Kosoogê, toujours à Ouagadougou. C’est en 1999 que j’ai rejoint l’Institut catholique de l’Afrique de l’Ouest (ICAO) devenu Université catholique de l’Afrique de l’Ouest-Unité universitaire d’Abidjan (UCAO-UUA) en 2000 avec la décision de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) d’ouvrir des Unités universitaires dans toutes les conférences épiscopales.

J’y ai assumé les rôles d’enseignant, de vice-doyen et de Doyen de la faculté de philosophie. En même temps, je travaillais dans l’équipe des Publications. C’est ainsi que la faculté de philosophie, en pionnière, a sorti sa revue, les Annales de la philosophie, qui paraît une fois l’an. Et en juin dernier, j’ai été nommé ici, à l’UCAO-UUBa.

L’Inter de Bamako : Pourquoi le choix de Bamako ?

L’Abbé Zacharie BERE : Je ne saurais répondre à cette question de façon adéquate, car ce sont les évêques de la CERAO, en les personnes des présidents des différentes conférences, en accord avec le rectorat de l’UCAO, qui nomment. Ce dont il faut tenir compte, c’est que, dans le statut de l’UCAO, une fois l’Unité universitaire lancée dans la course, la Présidence doit passer entre les mains de quelqu’un qui n’est pas du pays où est implantée l’unité, de façon à maintenir l’esprit d’universalité ou, si vous voulez, d’internationalité de ces institutions. Maintenant pourquoi moi et pourquoi Bamako ? La question reste posée.

L’Inter de Bamako : Sous quel signe sera placé votre mandat ?

L’Abbé Zacharie BERE : Sous le signe de la continuité et du renouvellement. Une revue de la Conférence épiscopale Burkina-Niger portait ce titre énigmatique mais réaliste : Fidélité et Renouveau. C’est un peu comme cela l’Eglise, fidélité à l’enseignement des Apôtres, mais dans le monde de notre temps. Continuité dans tout ce qui s’est réalisé, et je vois tout le travail abattu ; mais il s’agit aussi de rester ouvert au nouveau. D’ailleurs, qui dit continuité dit mouvement et qui mouvement dit renouvellement. «La meilleure façon de marcher, qui doit être la nôtre, chantions-nous à l’école, c’est de mettre un pied devant l’autre et de recommencer». C’est ce que nous allons faire : poursuivre l’œuvre d’Eglise commencée par l’équipe précédente. D’ailleurs, comme le disait Aristote en morale, «une hirondelle ne fait pas le printemps». Le président change mais l’équipe, c’est-à-dire la cheville ouvrière, reste. Et cela aussi a son importance.

L’Inter de Bamako : Pouvez-vous nous présenter l’Unité universitaire de Bamako ?

L’Abbé Zacharie BERE : Un proverbe dit : «l’étranger a les yeux ouverts, mais il ne voit pas». C’est mon cas actuellement. J’apprendrai à connaître l’Unité Universitaire de Bamako (UUBa). Et quand je l’aurai fait, je pourrai en parler. Pour le moment, je me remets à l’équipe précédente et au président sortant.

D’ailleurs, la providence a fait en sorte que le Père Joseph Tanden Diarra reste membre de l’équipe dirigeante de l’UUBa. Je profiterai sûrement de son expérience et de ses services. Il sait que je compte sur lui.

L’Inter de Bamako : L’UUBa, comme les unités des autres pays, a adopté le système LMD. A quand les premiers docteurs ?

L’Abbé Zacharie BERE : Le système LMD, comme l’ancien système, prend huit (8) ans de formation pour faire un docteur. Seulement, les cycles diffèrent et l’esprit -ou la mentalité- qui l’anime est bien différent. Le système LMD vise la réussite de l’étudiant et son insertion dans le monde du travail, d’où la part de plus en plus grande donnée aux étudiants qui doivent s’impliquer et s’engager dans la recherche et dans les réalisations.

Il ne s’agit plus seulement de recevoir l’enseignement, il faut s’engager, réaliser, viser l’excellence. Et cela de la part des étudiants. La même exigence est demandée aux enseignants.

Par ailleurs, le système LMD se divise en trois cycles et octroie trois diplômes : le premier cycle appelé Licence prend trois (3) ans et donne droit au diplôme de la Licence, le deuxième, appelé Master, deux (2) ans accorde celui du Master et le troisième, le doctorat, trois (3) ans au bout duquel on a le Doctorat.

On va du fondamental à la spécialisation insensiblement. Il y a bien d’autres avantages que présente ce système et que je ne détaillerai pas ici, car ce n’est pas l’objet de la question. On peut tout de même citer la mobilité des étudiants comme des enseignants, la thésaurisation des crédits, la semestrialisation, etc.

Pour revenir à votre question, à quand les premiers docteurs ? Quand les premiers auront fini ce parcours.

L’actualité au Mali montre que depuis quelques temps, la situation est difficile sur le plan politique, social et économique.

L’Inter de Bamako : Dans quel esprit comptez-vous exercer votre mandat, compte tenu de ce contexte. ?

L’Abbé Zacharie BERE : Pour vous dire vrai, la situation est si complexe, qu’il faut beaucoup d’humilité, oui beaucoup d’humilité, je ne trouve pas d’autres mots, pour se situer devant elle. Vous avez cité trois composantes qui rendent la situation difficile, le politique, le social et l’économique. Mais avez-vous tout cité ou seulement quelques spécimens ? Votre question recense-t-elle de façon exhaustive les ingrédients de la situation ?

Dans une telle situation, c’est alors dans l’humilité, une humilité réaliste que je compte exercer mon mandat. C’est un service d’Eglise que l’on me demandé de rendre. Et un serviteur est soumis et à l’esprit de service et au mandataire du service. Mon rôle principal est d’organiser au sein de l’UCAO-UUBa, en collaboration avec les autres unités universitaires et le Rectorat, les rouages de la transmission du savoir, du savoir-faire, du savoir-vivre et du savoir vivre-ensemble. Cela demande de l’humilité, de l’abnégation, du retrait de soi, non pas comme une démission mais en tant que libérant l’espace à l’autre pour son épanouissement et lui permettant de grandir et de prendre sa place dans la société, de prendre son envol dans notre société d’aujourd’hui.

En contre partie, l’autre aussi est soumis à des exigences, des exigences d’abnégation, de réceptivité, de docilité, selon le sens étymologique du mot, de celui qui se laisse instruire (doceo, docere en latin), de celui qui est motivé dans l’apprentissage, mais aussi d’engagement réel pour le bien, sinon pour l’excellence, à atteindre et à construire.

L’Inter de Bamako : Monsieur le Président, avez-vous un message à l’adresse des étudiants et de vos collègues professeurs pour l’année 2012-2013 ?

L’Abbé Zacharie BERE : Le message a été déjà donné dans ma dernière réponse. Il s’agit donc pour chacun de respecter les exigences inhérentes à son rôle : aux enseignants de «donner aux étudiants le goût d’apprendre pour avoir un métier et prendre leur place dans la société» (Benoît XVI aux enseignants et éducateurs ce 30 septembre 2012) et aux étudiants d’être exigeants à l’égard d’eux-mêmes pour apprendre et s’engager en vue de leur avenir.

L’Inter de Bamako : Votre mot de la fin.

L’Abbé Zacharie BERE : Embarqués dans le même navire ou reliés les uns aux autres dans la même cordée, il s’agit d’œuvrer à la promotion de la personne humaine, à l’édification de la jeunesse, à la construction du Mali et de la sous-région.

Et nous confions tout cela au Seigneur qui est le Maître et le Guide. C’est lui qui éclaire et donne force. Comme un berger, il est devant et nous, nous suivons. Ainsi l’œuvre que nous réaliserons sera son œuvre.

Réalisée par Yoro SOW

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