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Pourchassés dans le désert, les jihadistes parviennent à frapper en milieu urbain
Publié le samedi 14 mars 2015  |  AFP




En frappant au coeur de Bamako, le groupe
jihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar menace de passer d'une tactique
d'escarmouches dans le désert à une guérilla urbaine et se positionne pour
rallier les futurs laissés-pour-compte d'un accord de paix au Mali, selon des
spécialistes.
La mort vendredi d'un des auteurs présumés de l'attentat, dans l'assaut
contre un immeuble d'habitation de la capitale où il séjournait depuis
plusieurs semaines, selon les autorités, démontre la capacité des jihadistes à
se fondre dans la population.
Les munitions retrouvées sur place correspondent non seulement à celles de
l'attentat du 7 mars, mais aussi "au même type de balles que celles retrouvées
dans les lieux où les terroristes se cachaient" dans un camp d'entraînement
présumé, découvert quelques jours auparavant près de Bamako, a affirmé
vendredi le ministre de la Communication Choguel Maïga.
Un expert mauritanien du jihadisme dans le Sahel, Isselmou Ould Salihi,
voit dans l'attaque anti-occidentale qui a fait cinq morts, trois Maliens, un
Belge et un Français, "le signe précurseur d'une guérilla urbaine que lancent
les jihadistes".
"Par cet attentat au coeur de Bamako, Al-Mourabitoune signe l'urbanisation
de son action jihadiste après avoir été vaincu dans le désert", estime-t-il,
en référence aux coups infligés par les forces internationales, en particulier
françaises, aux partisans de Mokhtar Belmokhtar, comme à l'ensemble des
groupes liés à Al-Qaïda, dans le nord du Mali.
"Belmokhtar a selon toute vraisemblance trouvé refuge en Libye, ne pouvant
plus vivre au Mali où il serait en danger. La preuve: la fin tragique de son
bras droit, Ahmed al-Tilemsi", remarque-t-il.
Dans sa revendication, Al-Mourabitoune (les Almoravides, du nom d'une
dynastie berbère connue pour son rigorisme originel, qui domina une partie de
la région aux XIème et XIIème siècles) précise avoir notamment voulu venger
Tilemsi, tué par l'armée française en décembre dans le nord du Mali.
"S'ils ne sont pas arrêtés, ils seront encouragés et cela peut avoir des
conséquences très graves pour l'avenir du tourisme et de la paix dans le Mali
entier", poursuit Isselmou Ould Salihi.
Selon André Bourgeot, anthropologue au CNRS et spécialiste de l'espace
saharo-sahélien, cette irruption dans la capitale "montre que les groupes
armés jihadistes, en particulier Al-Mourabitoune, peuvent intervenir partout".
A cette "situation inédite", observe-t-il s'ajoute "le problème des
cellules dormantes qui sont présentes depuis quelques temps à Bamako", où
affluent depuis 2012 les réfugiés des violences dans le nord du pays.

- Faire le jeu des jihadistes -

Depuis l'attentat, la pression internationale déjà forte sur la rébellion à
dominante touareg pour signer un accord de paix paraphé le 1er mars par le
gouvernement malien s'est intensifiée, dans le but déclaré de priver les
jihadistes de tout soutien ou abri dans le Nord.
Mais le directeur de l'Institut des mondes africains (Imaf) Pierre Boilley
prévient qu'une signature arrachée aux mouvements rebelles actuellement réunis
dans leur bastion de Kidal (nord-est) pour en débattre, risque de provoquer
des scissions, voire faire le jeu des salafistes jihadistes.
"Si l'accord est signé, les chefs des mouvements risquent d'être
discrédités et cela pourrait aboutir à une rébellion sans dirigeants",
explique ce spécialiste de la zone, évoquant le scénario d'un "MNLA bis", en
référence au Mouvement national de libération de l'Azawad, dont la rébellion
en 2012 a ouvert la voie à la conquête jihadiste du Nord.
Dans ce cas de figure, "toute une partie des gens plus radicaux vont
s'éparpiller dans la nature", précise-t-il, "la jonction peut être faite avec
les salafistes".
La question est de savoir "qui va engranger les mécontents" d'un accord,
résume André Bourgeot, considérant comme une "hypothèse possible" des
ralliements à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui vient d'accepter
l'allégeance du groupe nigérian Boko Haram.
Un important homme d'affaires malien originaire du Nord et hostile à
l'autonomie souligne que Bamako détient une partie des clés du problème.
"Tant qu'il y aura des massacres d'innocents au Nord ils vont se révolter",
indique-t-il sous le couvert de l'anonymat, en référence à la répression des
rébellions touareg successives depuis l'indépendance du Mali, en 1960.
Selon lui, "il faut demander pardon pour tout ce qui s'est passé, et puis
développer le Nord, pour que les gens aient quelque chose à perdre au cas où
ils partiraient dans une aventure".
burs-sst/sba
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