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L’avenir politique au Mali : Les nouvelles certitudes et l’inconnue
Publié le mardi 17 mars 2015  |  L’Essor
Crise
© AFP par AHMED OUOBA
Crise Malienne : Ouverture des négociations entre Bamako et groupes touareg
Samedi 08 juin 2013. Ouagadougou. Les négociations entre le pouvoir malien et les rebelles touareg qui occupent Kidal, dans le nord-est du pays, se sont ouvertes sous l’égide de la médiation burkinabè. Photo(Alghabass Ag Intalla leader de la délégation ansardine)




Bilal-Ag-AcherifDans le nouveau combat contre le terrorisme, l’Etat s’ajuste peu à peu. Alors qu’à Kidal, la grande consultation a accouché d’un flou complet
La semaine dernière pourrait être qualifiée comme celle des grandes questions. Ou plus exactement des deux grandes interrogations présentes dans l’esprit de tous nos compatriotes. Comment les autorités répliqueraient-elles à la nouvelle donne introduite par les terroristes avec l’attentat perpétré au centre de Bamako et face auquel les populations attendent une réponse déterminée et rassurante ? Comment la délégation de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad s’y prendrait-elle pour faire accepter aux vrais décideurs établis à Kidal son plaidoyer en faveur du paraphe de l’Accord pour la paix et la réconciliation ?
A ces deux questions, de premiers éléments de réponses ont été donnés et en les examinant, il est indispensable de faire la part des choses. Les événements marquants de la semaine passée ne peuvent pas encore être considérés comme les prémisses de tendances définitives. Mais ils sont déjà suffisamment significatifs pour influer sur la tournure que prendront les événements, tout au moins dans les toutes prochaines semaines. Ils ébauchent des certitudes indispensables à un moment où s’amorce une séquence politique déterminante. Une séquence au cours de laquelle l’Etat doit d’une part démontrer aux citoyens sa capacité à assurer une part substantielle de leur sécurité ; et d’autre part, confirmer à la communauté internationale sa détermination à maintenir ses engagements en faveur de l’instauration de la paix.
Sur le premier point, les autorités partaient avec un handicap indiscutable. Le ressenti de la montée de l’insécurité est sans doute l’un des sentiments les plus partagés dans notre pays. Il s’est répandu dans tous les recoins d’une métropole comme Bamako où l’audace des malfaiteurs n’a sans doute d’équivalent que la fureur à se rendre justice manifestée par des habitants frustrés d’être parfois obligés de cohabiter avec des malfrats effrontément établis. Il figure en tête des complaintes des populations du pays profond dont les circuits économiques traditionnels sont infestés de coupeurs de route. Il revient tarauder les communautés du Nord qui renouent avec les angoisses des années de plomb et voient leur quotidien à nouveau dominé par une anxiété permanente.
DES ÉQUILIBRES FRAGILES. Au regard de cette situation, l’attentat de l’Hippodrome offre l’opportunité non seulement de nous organiser afin de contrer une menace nouvelle, mais aussi de recenser les insuffisances du dispositif mis en place depuis le début de la crise politico-institutionnelle et qui a certainement besoin d’être révisé. Certains analystes estimeront sans doute que les premiers obstacles à l’instauration d’une rigueur sécuritaire accrue sont constitués par l’aversion du Malien à l’égard de tout ce qui est contrainte et restriction, l’esprit frondeur que nos compatriotes manifestent face à ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à leur espace vital, la propension que nous avons à nous relâcher une fois que nous estimons l’alerte passée et l’art tout particulier que nous déployons à négocier les allègements et les adoucissements des interdits.
Ces particularités comportementales, nous en convenons, restent très affirmées et peuvent s’avérer handicapantes. Mais toutes ces habitudes établies évoluent notablement lorsque les circonstances s’imposent. Dans les périodes difficiles et troubles, nos compatriotes sont en effet capables de se montrer disciplinés et coopératifs. Le revirement de comportement observé chez l’écrasante majorité d’entre eux lorsqu’il s’est agi de contenir l’épidémie d’Ebola le prouve. Il a certainement été décisif dans le combat gagné contre la maladie. Cette discipline malienne est d’autant plus à relever que les populations de pays plus gravement frappés n’ont pas fait preuve du même esprit de collaboration. Mais il est à noter qu’en préalable à leur adhésion, nos compatriotes demandent le minimum : que la pertinence des mesures prises leur soit clairement démontrée et que ceux qui ont en charge l’application sachent, comme on le dit, prêcher par l’exemple.
Les jours qui ont suivi l’attentat ont confirmé ce que nous pressentions. Face à la menace nouvelle, nos compatriotes évitent l’excès. L’inquiétude oui, mais pas la panique. La vigilance certes, mais pas la stigmatisation. La psychose inévitablement, mais pas la paranoïa. Les équilibres ainsi établis sont indubitablement fragiles et peuvent être rompus – ce que personne ne souhaite – par une succession d’alertes rapprochées. Mais pour le moment, félicitons-nous de ce qu’ils existent. Et que les premiers résultats de la traque lancée par les forces de sécurité les confortent. Les services spécialisés maliens ont, en effet, fait vite en remontant en moins d’une semaine la piste de l’un des acteurs de l’attentat de l’Hippodrome. Ils ont aussi pris la mesure du péril qui rôde toujours. En effet, la réaction du terroriste qui a tenté un ultime et meurtrier acte de résistance, l’impressionnant arsenal trouvé dans son repaire tout comme l’importance des équipements découverts à Samanko laissent à penser que les terroristes avaient programmé plusieurs actions sur Bamako.
Tout cela reste, bien sûr, à établir. C’est pourquoi, selon certaines informations, les enquêteurs continuent d’accorder une attention privilégiée aux éventuels appuis et complicités dont auraient pu bénéficier à Bamako les agresseurs. Le schéma qui pourrait avoir eu cours dans notre capitale n’est guère différent de celui découvert à Londres, Madrid ou Paris après les attentats commis dans ces villes. Plutôt que d’organiser leurs propres cellules dormantes, les agresseurs préfèrent exploiter des groupuscules radicaux déjà installés sur place et dont l’adhésion à leurs idées est connue d’eux. Ces groupuscules ont la particularité de franchir sans état d’âme la frontière qui sépare l’exaltation verbale de la commission d’actes violents. La faiblesse qu’ils affichent toutefois est qu’ayant fait de manière démonstrative étalage de leur radicalisme, ils sont ensuite identifiables sans grande difficulté. Il reviendra alors aux enquêteurs de définir la gravité de certaines implications.
LES BRUITS LES PLUS INVRAISEMBLABLES. D’autre part, dans le combat qui s’engage, la gestion de la communication va représenter un enjeu non négligeable. La délicatesse de la matière à traiter ne se discute pas. Pas plus que se discutent les précautions à prendre avant de rendre publique une information officielle. Mais la particularité de la situation soumet le gouvernement un double impératif. Celui de faire constamment barrage à la rumeur et celui de ne pas être pris de court par l’avance traditionnellement prise par les médias internationaux (qui, rappelons-le, se réfèrent à des sources maliennes). Le porte-parole du gouvernement avait fort opportunément adopté une démarche offensive la semaine dernière en étant le premier à donner les détails sur l’assaut donné contre le repaire de Mounirou Cissé. Son intervention avait été indiscutablement utile puisque les photos publiées quelques heures auparavant sur les réseaux sociaux et montrant le terroriste menotté et ensanglanté auraient pu faire croire que le suspect avait été abattu après son arrestation.
Il ne s’agit pas pour la communication gouvernementale d’engager avec nos amis de la presse internationale une course absurde à la primeur, mais surtout de mettre en application une vérité très simple en la matière et essentielle à respecter dans la conjoncture actuelle : le fait de ne pas donner à temps une information importante et de ne pas avoir suffisamment le souci de la crédibilité au moment de la diffusion transfère aussitôt son auteur dans une position d’assiégé d’où il aura toutes les peines du monde de s’extraire. Il y a d’autant plus de raisons de garder cette vérité présente à l’esprit que nous entrons dans une période qui engendrera certainement les bruits les plus invraisemblables comme les supputations les plus folles.
Ces bruits et ces supputations ont accompagné toute la semaine dernière la réunion de la base de la Coalition des mouvements armés. L’exercice s’annonçait difficile pour la délégation des négociateurs présente à Alger. Et il l’a effectivement été. Non pas – et contrairement a ce qu’a prétendu un journaliste français auteur d’un étonnant parti pris – parce qu’il confrontait les négociateurs envoyés à Alger à une population viscéralement attachée à une solution d’autonomie et refusant toute autre option. Mais parce qu’il mettait face à face des acteurs qui, à un moment donné, pensaient leur rêve d’indépendance (appuyé par des puissants alliés extérieurs) réalisable et des personnalités à qui ils avaient fait partager cette chimère et qui aujourd’hui réclament des comptes.
Mais aussi parce que l’exercice opposait une aile politique qui sait que – sauf à encourir le risque d’être mis au ban de la communauté internationale – il n’existe aucune alternative tenable à la signature de l’Accord et une aile militaire peu disposée à renoncer à ses positions actuelles pour se fondre dans un grand ensemble de défense et de sécurité national. Mais enfin parce que cet exercice était l’occasion d’un très difficile échange entre ceux qui réfléchissent déjà à leur positionnement dans la future architecture institutionnelle et ceux qui en seront rejetés à coup sûr, comme Iyad Ag Ghali dont les partisans n’ont aucune intention d’abandonner leur leader emblématique. Telles étaient les réalités très complexes que recouvrait la fameuse consultation de la base. Telles sont jusqu’à présent les contradictions internes auxquelles les discussions prolongées tenues à Kidal n’ont pas apporté de solution. Telles sont les raisons pour lesquelles la CMA tente de faire rouvrir les négociations.
PAS DE PLAN B. La direction du regroupement n’avouera jamais l’échec patent qu’elle vient d’essuyer, échec amené par l’impossibilité de faire cohabiter les aspirations objectivement inconciliables des uns et des autres. Si ces aspirations avaient présenté des points de convergence avec les dispositions fondamentales de l’Accord, les délégués de la Coordination auraient mis à profit la période préparatoire à la réunion pour élaborer des compromis minimaux que l’événement de Kidal aurait entérinés et qui, à défaut de satisfaire tout le monde, auraient managé les futurs particuliers des sensibilités en présence. Maintenant, la vraie difficulté que devront affronter les négociateurs de la Coordination et qu’ils feignent d’ignorer, est que l’Accord, depuis qu’il a été paraphé, n’est plus aménageable. Le MNLA et ses alliés paient en fait une énorme faute tactique : ils s’étaient mépris sur l’importance d’Alger V et n’avaient pas correctement interprété les signaux que leur avait fait parvenir la Médiation. Signaux qui leur indiquaient que cette réunion était celle de l’effort final, celle au cours de laquelle devaient être mis sur la table et discutés les derniers compromis.
Mais, soulignons-le, eut-elle compris ce message, la Coalition aurait été bien embarrassée pour donner la réponse idoine. Elle avait auparavant perdu un temps précieux à s’agripper aux branches d’une formule fédéraliste très mal ficelée et rejetée par les médiateurs si tôt que présentée. Elle ne s’était jamais soucié de l’élaboration d’un plan B qui aurait habillé autrement ses revendications d’autonomie. Et surtout elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait épuisé par ses atermoiements répétés la compréhension que lui prodiguaient certains médiateurs. Toutes ces erreurs accumulées se sont payées lors de la conception finale de l’Accord. Dans le texte paraphé, la Médiation a tenu compte de certaines observations du gouvernement malien, mais elle a dû estimer elle-même les compromis acceptables par la Coordination.
Comment se présente désormais l’avenir puisque l’Accord n’est pas renégociable ? Il faudra certainement attendre la réponse de la Médiation qui mettra toute son influence dans la balance pour obtenir le ralliement de la Coordination. Il faut espérer que la persuasion paiera, mais il serait inutile de se cacher la difficulté de ramener les radicaux à une attitude de conciliation. La preuve de la complexité de ce qui attend les médiateurs se concentre dans cette particularité : jusqu’ici la CMA a assez clairement laissé filtrer, à partir de Kidal, ce qui ne lui convient pas, mais elle peine toujours à faire savoir concrètement ce qu’elle désire.
G. DRABO
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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