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Accord d’Alger : Que cache le maximalisme du MNLA et compagnie?
Publié le jeudi 19 mars 2015  |  le 22 septembre
Rencontre
© Autre presse par DR
Rencontre médiateurs et rebelles/Kidal




Les séparatistes du MNLA et compagnie ont-ils décidé d’avoir l’Etat malien à l’usure? Les membres de la mission de médiation qui a fait le déplacement, avant-hier, à Kidal pour tenter de ramener à la raison nos frères égarés, les invitant à signer l’Accord de paix d’Alger, se heurtèrent à une fin de non recevoir à peine polie de leur part.
Ils ont eu le culot d’affirmer qu’ils ne signeront pas l’Accord en l’état, arguant que leurs préoccupations essentielles, à savoir l’autonomie ou la fédération, n’ont pas été prises en compte.
Auparavant, dans une dépêche de l’agence Reuters, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avait rejeté l’Accord d’Alger sous prétexte que le texte, rédigé après huit mois de discussions, «ne répond pas à ses attentes» et «ne s’attaquait pas aux racines du mal».
De prime abord, la déclaration a de quoi surprendre, vu les énormes concessions faites par l’Etat malien, l’acceptation de l’appellation Azawad, une zone spéciale de développement pour le nord, des quotas pour la représentation de ses ressortissants dans l’administration d’Etat, la réintégration des futurs ex-combattants avec des grades dont la légitimité reste à prouver, …
Concessions faites au nom de la paix et de la cohésion sociale, dans le cadre d’une discrimination positive, à cause de conditions géo-écologiques particulières. Encore que, d’une manière générale, tout le pays partage, à des nuances près, le même fardeau de la pauvreté.
Certaines des exigences de la CMA, qui se signalent par leur caractère farfelu visant à semer la zizanie, ont été acceptées pour les mêmes raisons. Le rejet de l’Accord, malgré la mise en garde de la communauté internationale, a étonné, notamment la France qui, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a invité tous les groupes armés à signer sans délai l’Accord de paix.
A y regarder de près, le maximalisme de la CMA ne devrait pas surprendre outre-mesure. Car le MNLA et compagnie n’en sont pas à leur premier faux bond. Les coups bas, pirouettes, voltes-faces, duplicité et maquignonnage politique sont leur marque de fabrique. Tout se passe comme si le sort des populations du nord et le développement harmonieux du septentrion sont les cadets de leurs soucis.
Leur dessein secret est plutôt de faire du nord de notre pays une zone de non droit, sans taxes ni impôts, et où ils continueront de se livrer aux activités criminelles de toutes sortes, trafics de stupéfiants, d’armes, de cigarettes, voire d’êtres humains.
Ce qui est révulsant, c’est qu’ils se donnent une importance et une représentativité qu’ils n’ont pas. Il est à parier que si la Libye n’avait pas été déstabilisée par Sarkozy et alliés, on n’aurait rien vu de tout cela. Un rappel historique est nécessaire.
A la faveur de cette crise libyenne, le MNLA a servi de cheval de Troie aux terroristes d’AQMI, du MUJAO et d’Ançar Dine de Iyad Ag Ghaly, avec la complicité active de la France de Sarkozy, qui a saisi l’occasion pour faire main basse sur les ressources pétrolières, gazières et minières, avérées ou supposées, du septentrion malien et occuper la position stratégique de Tessalit.
Certaines monarchies arabes du Golfe, à l’image du Qatar, joueront le rôle de comparses. Mais l’alliance ad hoc ne sera que de courte durée, le temps de conquérir les principales villes du nord. Une fois cela réalisé, les acteurs de ce marché de dupes tomberont les masques pour se livrer une guerre sans merci.
Le MNLA, qui avait installé son «gouvernement» au Gouvernorat de Gao, mordra la poussière. Le «Président de la République de l’Azawad», Bilal Ag Chérif, sera grièvement blessé et exfiltré in extremis vers le Burkina Faso. Au total, le MNLA perdra une trentaine d’hommes, dont un colonel, à l’issue de cette 1ère explication entre «amis». La deuxième bataille sera pire. C’est celle de Menaka, à l’issue de laquelle il comptera une centaine de morts dans ses rangs. Finalement, le MNLA fut contraint d’abandonner toutes ses positions dans tout le septentrion.
C’est l’intervention de Serval, à partir de janvier 2013 qui l’aura remis en selle. A la lumière de ce qui vient d’être rappelé, au plan militaire le MNLA est loin d’être un foudre de guerre. Et, au plan politique, il ne représente presque rien et est loin de porter les aspirations profondes des Touaregs, dont l’écrasante majorité se reconnait dans l’Etat unitaire du Mali. Comme le prouve éloquemment le documentaire du jeune réalisateur Sidi Almehdi Ag Albaka, «Kidal respire le Mali».
Le moratoire demandé pour aller prendre l’avis de la «base» n’était-il pas un subterfuge pour aller s’assurer des appuis, dans la logique «azawadienne», avec les mêmes qui ont commis des crimes de guerre à Aguelhok? N’oublions pas qu’Iyad Ag Ghaly est toujours libre de ses mouvements et demeure un manœuvrier d’une dangerosité quasi-satanique.
L’Etat du Mali est averti. Il doit prendre les mesures pour se mettre à l’abri de toute surprise désagréable dans ce bal masqué qui n’en finit pas de finir. Et méditer cet adage bien de chez nous: «Si le moineau a le toupet d’insulter le père du calao, nul doute qu’il est sous le parapluie protecteur de l’autruche».
Yaya Sidibé
Source: Le 22 Septembre
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