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Allocution de S.E.M abdoulaye diop, ministre des affaires étrangères, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la Table Ronde des Forces vives sur l’« Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » paraphé à Alger le 1er mars 2015.
Publié le jeudi 19 mars 2015  |  aBamako.com
Table
© aBamako.com par Momo
Table ronde des forces vives de la nation sur la restitution de l`accord paraphe
Bamako le 19 mars 2015 le gouvernement organise une table ronde des force vives de la nation sur l`accord.




Distingués membres du Gouvernement,
Messieurs les anciens premiers ministres et ministres du Gouvernement de la République
Honorables Députés Mesdames, Messieurs Présidents et Responsables des Partis politiques,
Mesdames, Messieurs les Présidents des Organisations de la Société civile
Mesdames, Messieurs les Secrétaires Généraux des Syndicats, Mesdames, Messieurs les Leaders religieux, coutumiers et traditionnels,
En vos rang et qualité, tout protocole observé
Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir répondu, encore une fois, à notre appel et vous souhaiter la chaleureuse bienvenue à ce Forum d’échanges, de dialogue et de concertation, que le Gouvernement a institué depuis le début du processus d’Alger.
J’aimerais ensuite vous adresser mes sincères félicitations pour vos contributions de qualité aux fora passés.
Enfin, je vous signale que la rencontre d’aujourd’hui se situe dans la droite ligne de la dynamique d’appropriation du processus de paix engagé à Alger le 16 juillet 2014 et qui a abouti le 1er mars courant à un « « Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali » paraphé par le Gouvernement, les Mouvements de la Plateforme, par tous les membres de la Médiation internationale ainsi que par la France.
Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,
Je souhaiterais rappeler que le processus d’Alger a été initié d’un commun accord par leurs Excellences Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, Chef de l’État, et Abdelaziz Bouteflika, Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire à l’issue de la visite de notre Président à Alger, les 18 et 19 janvier 2014.
Dès février 2014, les deux pays ont institué un mécanisme de collaboration appelé « Comité bilatéral stratégique algéro-malien » qui se tient chaque mois, alternativement à Alger et à Bamako. Et c’est au sein de ce mécanisme que l’ensemble du processus a été conçu puis déployé pour aboutir formellement à la formation de deux coalitions de groupes armés, la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (couramment appelée « la Coordination ») et la Plateforme des mouvements d’autodéfense, forces patriotiques et de résistance, (habituellement appelée « la Plateforme »).
En nous inspirant de l’Accord de Ouagadougou, nous avons mis en place l’Équipe de médiation constituée de Représentants de l’ONU, de l’UA, de la CEDEAO, de l’UE, de l’OCI ainsi que des pays du champ : l’Algérie, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Tchad.
La Coordination et la Plateforme se sont librement engagées, à travers des déclarations faites à Alger respectivement le 9 juin et le 14 juin 2014, à résoudre pacifiquement le conflit du nord à travers un accord global et définitif avec le Gouvernement du Mali.
Le processus des pourparlers, entamé à Alger le 16 juillet 2014, est aujourd’hui parachevé mais le dialogue peut et doit se poursuivre dans la mise en œuvre de l’Accord, à la fois avec les forces vives de la Nation que vous représentez ici, y compris les anciens mouvements armés, et la communauté internationale. Car, nous le savons, un accord ne règle jamais spontanément un conflit. Ce sont les acteurs directement concernés du conflit qui le règlent, à petit pas, et par un dialogue permanent, sincère et de bonne foi naturellement dans le cadre de la confiance retrouvée.
Surtout quand il s’agit d’un conflit comme celui du nord dont les racines plongent dans les profondeurs de l’histoire commune de notre pays.
La phase des négociations est donc achevée mais le dialogue inclusif intermalien se poursuit et se poursuivra pour aboutir à une nation réconciliée avec elle-même et avec son environnement. Il me plait ici de rappeler la déclaration du Gouvernement d’hier 18 mars 2015 qui insiste sur ce point, précédé de la déclaration de la communauté internationale qui indique que les négociations sont terminées. Le gouvernement, comme les autres parties, avait beaucoup de réserves mais il fallait avancer vers un compromis issu des discussions directe et indirecte qui va dans le sens de la paix.

Le Gouvernement poursuivra ses efforts pour aller dans les meilleurs délais vers la signature de l’accord avec les mouvements et les groupes désireux de le faire. Chacun doit désormais s’assumer et faire face aux conséquences de ses actes.
Le Gouvernement a fait le choix de la paix et fera tout pour imposer la paix parce que profondément le peuple malien veut la paix et la réconciliation.

La Communauté Internationale, le Conseil de sécurité doit dans ce contexte envisager des mesures fortes y compris des sanctions ciblées contre ceux qui constituent des obstacles à la paix et alimentent la violence. C’est le sens de la Déclaration du 06 février 2015 du Président du Conseil de sécurité des Nations Unies avec l’appui de la médiation.

La signature et la mise en œuvre de cet Accord de paix nous permettront de nous atteler aux tâches urgentes de reconstruction de notre pays réconcilié pour en faire définitivement un pays de paix, de sécurité, de stabilité et de prospérité, au bénéfice de toutes les composantes de notre Nation.
Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,
C’est dans un esprit d’inclusivité et d’appropriation de l’Accord de paix et de réconciliation nationale que le Gouvernement a convoqué ce Forum.
Avec l’espoir d’un débat national fait d’informations utiles sur le processus de paix depuis le début jusqu’à la fin, de clarifications de terminologie et de rédaction de l’Accord, d’échanges de points de vue et de concertations. Autant que de comprendre l’esprit que la lettre car c’est un équilibre qui est recherché et nous souhaitons votre soutien, votre compréhension et votre accompagnement pour la mise en œuvre.
Nous avons également le souci que la cérémonie de signature de l’Accord, les obstacles à venir et la meilleure manière de les surmonter, les meilleures formules de mobilisation du peuple en faveur de l’Accord et de sa mise en œuvre de l’Accord ainsi que les articulations avec la communauté internationale à travers notamment les mécanismes de suivi et d’évaluation qui fera d’attention de votre part dans les débats.
Ce disant, pour une fois, il ne s’agit pas d’ouvrir des débats sur l’acceptation ou non de cet Accord. II a déjà été agréé et paraphé par les mandataires du Gouvernement de la République du Mali sur instructions du Président de la République et du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, les Représentants de la Médiation internationale ainsi que les mouvements de la Plateforme des groupes d’autodéfense que je tiens à saluer nos frères et sœurs de la plateforme car ils ont su prendre les décisions qu’il fallait.
Je salue ici la plateforme pour son esprit constructif et son engagement patriotique.
Nous avons bon espoir que la Coordination nous rejoindra bientôt, après le temps de consultations qu’elle a sollicité, pour nous permettre de parachever le processus d’Alger. Pour ce faire, les mouvements armés de la Coordination doivent faire preuve de courage et de réalisme et prendre leurs responsabilités, alors toutes leurs responsabilités comme l’a fait le Gouvernement du Mali comme l’a fait la Plateforme pour saisir l’opportunité qui s’offre à eux aujourd’hui afin de s’inscrire dans le sens de l’Histoire. Nous leur lançons un appel solennel afin de parapher sans délai l’Accord de paix ;
Dans tous les cas de figure, pour le Gouvernement du Mali, le temps des tergiversations est terminé mais des espaces démocratiques demeurent toujours ouverts dans le cadre du processus de dialogue inclusif intermalien. Il faut aller à la signature de l’Accord et à sa mise en œuvre rigoureuse pour sortir le pays de cette crise qui n’a trop duré et s’atteler à une lutte acharnée contre les vrais ennemis de notre État et de notre région : le terrorisme, la criminalité transfrontalière et transnationale organisée, la corruption et la mal-gouvernance.
Il nous faut nous atteler à la relance de l’économie nationale et tout particulièrement à la reconstruction des Régions de Tombouctou, Gao et Kidal, détruites par la violence, la haine et la barbarie et l’obscurantisme.

Pour cela, une bonne compréhension de l’architecture et des termes de l’« « Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » s’impose à tous les citoyens maliens pour donner le meilleur d’eux-mêmes afin que notre pays brille de nouveau dans le concert des grandes nations. A ce niveau particulier Article 51 de l’accord de paix qui donne une place de choix au rôle que doivent jouer la classe politique, les notabilités, la société civile, les femmes, les jeunes, les médias. Je voudrais appeler les médias internationaux à leur sens de la responsabilité d’objectivité et de professionnalisme dans le traitement de l’information. Concernant les médias nationaux, ils doivent amener les uns et les autres à s’entendre et à s’écouter.
Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,
Le format que nous avons choisi cette fois-ci exclut les ateliers thématiques. Nous aurons un débat général en plénière pour notre commune compréhension et notre bonheur à tous.
Tout à l’heure, les Points focaux des cinq thématiques retenues par l’Accord vous feront des présentations succinctes puis nous ouvriront un grand débat sur à la fois le processus d’Alger depuis son commencement et sur les points de clarifications.
Ces clarifications vous seront données par les Ministres membres de la délégation gouvernementale aux pourparlers et par les Experts qui les ont accompagnés à Alger.
Au cours des échanges à venir, nous serons honorés de recueillir vos suggestions en termes de facilités de mise en œuvre de l’Accord, de modalités pratiques d’adhésions massives et de mobilisation des ressources, afin que ce que nous avons connu depuis 2012 ne soit plus dans quelques années que le souvenir d’un mauvais cauchemar.
Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,
Je puis vous assurer d’une chose : les principes qui fondent notre nation, une et indivisible, le caractère unitaire de notre État, sa forme républicaine, démocratique et laïque, ont été largement préservés et consolidés dans cet Accord. Tout le Mali est d’accord que ces principes constituent un bloc que nous devons préserver à tout prix. Nous n’avons pas cédé sur ces points.
Enfin, je soulignerai que jamais un accord n’a été aussi inclusif à l’interne et aussi ouvert à l’apport de la communauté internationale à travers l’Équipe de médiation. Aussi, voudrais-je terminer cette allocution en exprimant notre profonde gratitude ;
- à l’endroit du Président de la République, du Premier ministre et de tout le peuple malien pour l’honneur qui a été faite à l’équipe que j’ai conduite durant ces négociations à Alger ;
- à l’égard du peuple algérien, de son gouvernement et de son Président Son Excellence Abdelaziz Bouteflika pour avoir accepté d’abriter les pourparlers intermaliens inclusifs, pour l’accueil chaleureux qui nous a toujours été réservé à Alger et pour les marques d’attention dont nous avons bénéficiés lors de nos séjours successifs en Algérie ;
- à l’attention de l’Équipe de médiation (Nations Unies, Union Africaine, Union Européenne, CEDEAO, Organisation de Coopération Islamique, Burkina Faso, Mauritanie dont le Président a joué un rôle particulier quand il était président en exercice de l’Union Africaine, Niger, Tchad, Nigéria qui n’a ménagé ni son temps ni son énergie ni ses ressources pour nous écouter et rapprocher nos points de vue afin d’aboutir à cet Accord dont vous aurez la présentation dans quelques instants.
Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,
Il est évident qu’au cours de ces négociations, le Gouvernement du Mali n’a fait aucune concession sur les fondamentaux de la Nation et de la République. Nulle part dans l’Accord, il n’apparaît une référence à la création d’une fédération ou d’un État dans l’État malien, ce qui serait fondamentalement contraire à notre Constitution et aux pertinentes résolutions des Nations Unies, contraire également aux décisions de l’Union africaine et de la CEDEAO, aux engagements pris dans l’Accord préliminaire de Ouagadougou et dans la Feuille de route du processus d’Alger. Je tiens à saluer ici le grand frère Tiéblé Dramé, principal négociateur de l’Accord préliminaire de Ouagadougou pour le travail accompli, en espérant que sa sagesse nous guide dans cette étape.

Je rappelle qu’il n’y a pas d’entité au-dessus de la région. Nulle part les trois régions du Nord ne forment une entité appelée « Azawad ».

Face à la situation générale de notre pays et dans ce processus d’Alger en particulier, nous avons décidé souverainement de nous assumer. Nous comptons sur l’appui du peuple malien et sur le soutien de chacune et de chacun d’entre vous ainsi que de vos organisations respectives pour une adhésion massive à cet Accord et une mobilisation permanente et sans précédent pour sa signature et sa mise en œuvre.

Je ne saurais terminer sans me souvenir, avec une grande émotion que la crise malienne a fait beaucoup de morts civils et militaires, maliens et étrangers, qui se sont sacrifiés pour que vive le Mali éternel. Je voudrais aussi me souvenir de tant de souffrances endurées par les maliens et les maliennes.

Mais aussi me souvenir de l’indignité dans laquelle vivent encore beaucoup de nos compatriotes dans les camps de réfugiés et qui vivent encore comme des personnes déplacées dans leur propre pays, en particulier les femmes et les enfants.

Je me penche pieusement devant la mémoire de ces victimes de la barbarie et vous prie de bien vouloir observer une minute de silence en leur mémoire, mais également en la mémoire des victimes de la barbarie à Bamako, à Tunis et ailleurs.

Je vous remercie de votre aimable attention.
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