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Haut Conseil islamique du Mali : La division est consommée
Publié le mardi 23 octobre 2012  |  Aurore


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© aBamako.com par S.A
Forum pour la paix dans une transition apaisée
Vendredi 29 juin 2012. Bamako. Maison de la presse. El Hadj Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil Islamique.


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Partager la poire en deux est désormais une tâche impossible pour Mahmoud Dicko et Ousmane Chérif Haïdara ci-devant : président et le vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali. Entre les deux ténors de l’organisation faîtière du monde musulman malien, la pomme de discorde ne se résume plus à une simple question de leadership sur fond de convoitise. À cette divergence latente vient se greffer une barrière beaucoup plus difficile à surmonter, un fossé plus difficile à combler que sont la différence d’approches des fondements de la religion commune.

La rupture était longtemps pressentie et les rapports entre les deux chefs religieux ne tenaient visiblement qu’à un fi. Celui-ci a finalement craqué pour de bon, la semaine dernière, à la faveur d’une visite du premier responsable d’Ançar Dine à l’Assemblée Nationale du Mali. Convié chez le président par intérim dans un cadre sur lequel nos sources ne sont pas précises, Ousmane El Madani Chérif Haïdara n’a fait aucun mystère de sa volonté de divorcer d’avec le Haut Conseil Islamique du Mali. Plutôt de perdre du temps dans les querelles de leadership et tentative de le contrôler, le plus célèbre des prêcheurs du Mali a opté pour la création d’une organisation religieuse parallèle. Notre source indique, par ailleurs, que ladite organisation sera probablement portée sur les fonts baptismaux d’ici à la mi-novembre et pourrait être massivement rejointe par l’AMUPI, une association qui partagerait les mêmes visions et objections qu’Ousmane Chérif El Madani Haïdara sur les dérives vers lesquels tend le HCMI sous la gouverne du Wahabite Mahmoud Dicko. Il est en effet reproché au président du Haut Conseil des prises de position trop tendancieuses qui présentent l’organisation sous des traits peu conforme au rôle et à la mission qui lui sont dévolues par nature. C’est du moins l’impression qu’a laissée à certains milieux associatifs musulmans l’épisode du fameux meeting officiellement dédié à des bénédictions mais qui aura été consacré à une véritable élégie du l’actuel Premier Ministre au détriment de ses adversaires politiques. Quoi qu’il en soit, la plupart des observateurs en ont déduit, non sans raisons, une instrumentalisation politique qui affecte forcément la notoriété d’une organisation par vocation neutre et équidistante des forces politiques du pays. Au lieu de quoi, la nouvelle vocation du Haut Conseil Islamique aura donné des idées à d’autres acteurs du monde musulman au point de les inciter à investir un terrain politique où le rôle d’arbitre leur aurait mieux convenu. Il s’agit notamment du Chérif de Nioro qui a clairement signifié à ses ouailles son intention d’explorer le monde politique et l’a aussitôt manifestée en apportant un soutien actif, la semaine dernière, à la manifestation du front putschiste contre l’arrivée de la Cédéao.

Le malaise créé au Stade du 26 Mars n’est pas l’unique pomme de discorde entre le président du Haut Conseil et la tendance de Haïdara. Et pour cause : le second suspecte par ailleurs le premier d’œuvrer discrètement à la percée des islamistes intégristes qui partagent avec lui les mêmes visions et conceptions religieuses essentiellement basées sur l’application de la charia. La branche dissidente de l’organisation faîtière est par conséquent convaincue qu’un triomphe des « jishadistes » et de l’intégrisme se fera au détriment de la tolérance religieuse et, partant, pourrait consacrer la disparition de toutes les autres tendances différentes.

Comme on le voit, la démarche des adversaires du président du Haut Conseil s’inscrit aussi dans un combat de survie et d’existence identitaire de plus en plus menacées au regard d’un risque évident de conforter l’ascendance du ‘Wahabisme’ sur les autres entités islamiques maliennes.

Quoi qu’il en soit, la nouvelle donne pourrait consacrer la fin d’une union sacrée que le monde musulman malien aura longtemps mise à profit pour asseoir son influence, souvent aux dépens de la laïcité, des fondements démocratiques et de l’autorité de l’État. Il faut tout de même espérer que la division visiblement consommée ne fasse le lit des incompatibilités et replis identitaires au point de courir à la violence pour les manifester et solder les comptes.

A.Keïta


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