Pendant que des djihadistes et terroristes de toute marque, pour des raisons aussi illégitimes qu’immorales, affluent vers le nord de notre pays pour imposer terreur et rancœur ; certains de nos compatriotes, à la recherche d’une vie meilleure, jettent leur dévolu vers les différentes zones minières du pays. Quand bien même le dossier des premiers (djihadistes et terroristes), eu égard à la situation générale qu’il engendre, demeure l’actualité et la préoccupation majeure du pays ; un regard non moins important mérite d’être porté sur celui des seconds à savoir nos compatriotes qui se débattent nuit et jour dans l’espoir de dénicher un lingot d’or et changer leur vie.
Pour les internautes-lecteurs qui n’hésiterons pas à me ‘’bombarder’’ en se demandant pourquoi le choix d’un tel sujet alors que les populations du Nord vivent dans la souffrance et que les deux tiers du pays sont occupés ; j’ai pris en guise de justification le soin de préparer la série de questions suivantes : que deviendrait le Nord si le reste de la population vivait dans le désespoir ? Qu’aurait été le Mali si certains de ses fils ou secteurs d’activités stratégiques restaient dans la paralysie ? Et enfin, ‘’la bonne santé’’ du sud et de nouvelles perspectives de développement pour le pays ne sont-elles pas des facteurs favorables à libération du Nord ? En d’autre terme, le problème du Nord ne peut-être dissocié de la situation générale du pays.
Les refrains du genre ‘’Franci (France)-Ameriqui (Etats-Unis)-Espagne-Lybie-Congo…’’ ne sont plus d’actualité. Loulou, Kenieba, Sadiola, Yatela et autres sites offrent aux jeunes maliens les mêmes rêves et opportunités. Mieux, plus besoin d’affronter la mer ou de subir la brutalité des gardes de côtes. Encore moins de demander un visa ou se faire arnaquer par des vendeurs d’illusions. En pleine expansion, le secteur minier séduit de plus en plus les jeunes maliens. L’affluence vers Bamako a diminué au profit de ces zones aurifères.
Même les bamakois sont séduits par ce nouvel eldorado. Des familles entières s’y rendent.
En plus de la recherche aurifère, se sont développées dans ces localités toutes sortes de business. De l’alimentation au transport, en passant par d’autres prestations de service…tout le monde y gagne. Les familles, dans nos villages, se vident au profit de ces zones. Les jeunes ne sont pas les seuls tentés. Même les femmes et vieillards, en fonction de leurs compétences et aptitudes, s’y rendent. L’ambiance et l’engouement qui y règnent donnent l’impression d’un véritable monde à part. Les conditions d’hygiène et de vie ne sont pas très favorables. Qu’à cela ne tienne, la population va crescendo. Des pratiques qui y sévissent, aussi mauvaises soient-elles, sont le plus souvent moralisées et justifiées par des arguments qui tiennent peu la route. Sans compter les nombreux risques sanitaires et environnementaux. Bref, tout n’est pas rose dans ces zones. Mais le rêve est tel, que le scepticisme n’a point de place. C’est un monde à part entière, avec autant d’opportunités d’affaires que de menaces socio-sanitaires, que représentent les différentes zones minières. L’agriculture, activité principale dans notre pays, a laissé la place à l’exploration aurifère dans bon nombre de villages.
Loin du désespoir et de la souffrance quotidienne de nos populations du Nord, émerge un monde d’espoir et plein de dynamisme à Loulou-Sadiola-Yatela-Kenieba…A côté du Mali meurtri, humilié et impuissant que représente le Nord au jour d’aujourd’hui, se construit une autre nation plus équilibrée, prometteuse et puissante dans ce nouvel eldorado. Aux consternations des populations de Gao-Kidal-Tombouctou, tentent de répondre les ambitions des combattants de Loulou-Sadiola-Yatela-Kenieba…Comme pour dire que le Mali reste debout et que notre soutien en faveur des populations du Nord dépendra de notre aptitude à entretenir des rêves au Sud. Ces rêves, tant bien que mal, sont bien entretenus dans ce nouvel eldorado malien. Lequel eldorado, pour des raisons d’ordres sociales, sanitaires, culturels, environnementaux…, devra être réorganisé et moralisé.
NB : Attention pour ceux qui tenteront d’y faire un tour car la tentation d’y rester peut être grande.
