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Les Echos N° 3962 du 30/10/2012

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Oumou Coulibaly, présidente de la camrci : Le poids de l`inefficacité des associations
Publié le mercredi 31 octobre 2012  |  Les Echos




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Migrante de retour, Mme Coulibaly Oumou Coulibaly est aujourd'hui présidente de l'Association des Maliens rapatriés de la Côte d'Ivoire (ARM) et de la Coordination des associations des rapatriés de Côte d'Ivoire (CAMRCI). Pour elle, des migrants de retour souffrent parce que beaucoup d'associations de migrants ne font pas leur travail correctement. Portrait. Née à Niono (région de Ségou) en 1964, Mme Coulibaly Oumou Coulibaly est veuve depuis 5 ans. Partie en Côte d'Ivoire en 1982 à travers les liens du mariage, elle a été rapatriée en 2003 par l'ONG Save the Children qui n'a rapatrié que des femmes et enfants au moment de la crise qui a secoué la Côte d'Ivoire. "Je suis retournée en 2003 avec mes quatre filles. Mais, mon mari est resté en Côte d'Ivoire", se souvient Mme Coulibaly. Deux ans après son rapatriement, le mari de Mme Coulibaly la rejoint à Bamako.

Par malheur, il décède quelque mois plus tard. Mme Coulibaly a beaucoup souffert quand elle a été rapatriée de la Côte d'Ivoire. Elle se rappelle qu'au retour au bercail, il n'y avait pas de structures pour leur prise en charge. "Nous sommes retournés les mains vides. Il n'y avait personne pour s'occuper de nous. La protection civile s'est limitée à enregistrer les gens. Certaines personnes ont été bien accueillies par leur famille. D'autres ont eu des problèmes. Certaines personnes ont même préféré retourner en Côte d'Ivoire. Car, pour eux vaut mieux mourir à l'extérieur que de rester dans la détresse dans son pays", raconte Mme Coulibaly. "Nous avons beaucoup souffert. A force de pleurer, j'ai eu un problème de vision", déplore-t-elle. Et d'ajouter que certains rapatriés continuent de souffrir le martyre.

Malgré les difficultés, cette dame de teint noir s'est battue pour se faire une place au soleil. "Quand j'ai été rapatriée, je ne savais pas quoi faire pour nourrir mes enfants. J'ai alors commencé le petit commerce au marché de Kalabancoura, car j'étais vendeuse à Abidjan, mais ils ont tout saccagé. Je faisais le commerce en même temps je faisais le gardiennage pour payer mon loyer et nourrir mes enfants. Avec l'expérience que j'ai eue en Côte d'Ivoire dans le commerce, mes techniques de commerce attiraient beaucoup de gens. Au marché, j'ai fait la connaissance de rapatriés de Côte d'Ivoire qui sont dans la même situation que moi.

Certains d'eux mendiaient pour nourrir leur famille. Nous nous sommes regroupés". Mme Coulibaly et une dizaine de femmes rapatriées ont commencé à laver ensemble et à blanchir les habits. Elles pouvaient avoir plus de 8000 F CFA par jour. En fin de journée, elles se partageaient les recettes.
"Beaucoup d'autres femmes rapatriées ont rejoint le groupe. L'idée de créer une association est venue de là".

Opportuniste

Après avoir créé l'association, Mme Coulibaly et ses associés ont commencé à fabriquer les savons "gabakourouni" dans la cour où elle logeait. Ces savons étaient beaucoup sollicités. Mais, cela ne va pas durer. Des familles voisines se sont plaintes des déchets de la saponification qui dégradent leur environnement. "C'est ainsi, que nous avons abandonné cette entreprise. Nous nous sommes orientées à la fabrication d'atièkè".

A Kalabancoura où elle habite dans une villa sur les "30-Mètres", elle reçoit quotidiennement une dizaine de femmes qu'elle forme aux techniques de préparation et vente "d'atièkè". Mme Coulibaly est très sensible au problème des migrants de retour pour avoir vécu la même situation. Elle consacre la majeure partie de son temps à leur apporter son aide. Elle regrette que des partenaires n'aident pas les associations qui travaillent réellement.
"Je n'ai jamais bénéficié d'un projet du Cigem. Notre coordination a postulé à un appel d'offres du Cigem, mais notre candidature n'a pas été sélectionnée. Ils ont sélectionné 10 associations pour accueillir des migrants.

Certains de ces associations n'avaient même pas de bureau. Elles n'ont rien fait. Bien que nous n'ayons rien bénéficié, nous avons accueilli les migrants rapatriés de Côte d'Ivoire avec nos propres moyens. Ils ont été logés dans la cour de la Febak. C'est après que l'Organisation mondiale des immigrants (OIM) nous a aidé à les transporter à leur destination. Quand la crise libyenne a éclaté nous avons également accueilli les rapatriés avec une aide de l'ONG Agro allemande... " Mme Coulibaly révèle que bien que son association n'ait bénéficié d'aucun projet du Cigem on l'a interpellé lors d'un audit à Cigem. "Quand on m'a audité, j'ai dit que je n'ai reçu aucun financement du Cigem", révèle-t-elle.

Mme Coulibaly regrette le fait que des associations créées au nom des rapatriés ne fassent rien pour eux. Elle invite les partenaires à être vigilants, car, dit-elle, il y a beaucoup d'associations opportunistes qui ne travaillent pas. "Je conseille à nos partenaires de venir sur le terrain pour bien connaître les associations avant de les financer et de faire le suivi après le financement".

SlDIKI Doumbia

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