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Hama Aba Cissé : « La communauté internationale n’avait pas : besoin de prendre un avion pour aller faire du tapage pour Kidal »
Publié le mercredi 25 mars 2015  |  Le Canard Déchaîné




Lors de l’interview qu’il nous a accordée, samedi dernier, dans son bureau, sis à Bamako-coura, Hama Aba Cissé, membre de la Plateforme des mouvements armés (CMFPR), a exprimé de vives inquiétudes, notamment sur le déplacement à Kidal de la communauté internationale et l’insécurité dans les axes routiers du nord du Mali.

Pourquoi avez-vous paraphé l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ?

Je suis le 1er vice-président de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR), membre de la Plateforme. La CMFPR est présidée par Me Harouna Touré, qui en est aussi le porte-parole. C’est lui qui a paraphé au nom de la plateforme. La plateforme regroupe plusieurs mouvements qui sont au nombre de six ou sept. Mais ceux qui ont signé l’accord préliminaire de Ouagadougou sont le MNLA, le HCUA, le MAA et le CMFPR en tant qu’adhérent. Dans cet accord préliminaire de Ouagadougou, il n’a jamais été question de fédéralisme, ni d’autonomie. Après cet accord, les pourparlers se sont transportés en Algérie, pendant huit mois et j’y ai participé sept fois. Une première déclaration de la coordination avait été remise au médiateur, la déclaration de la plateforme, aussi, avait été remise au médiateur. Ce sont les premiers documents issus des concertations entre les groupes. Les documents de la coordination et de la médiation ont été déposés au niveau de la médiation internationale qui en a fait un résumé et produit une feuille de route. Dans cette feuille de route, vous ne voyez nulle part autonomie, indépendance, fédéralisme et cette feuille de route est la base des négociations. Ensuite, la médiation a produit un document dans lequel elle demande la création de commissions de travail. C’est dans ce cadre qu’il a été créé les commissions : politique et institutions ; sécurité et défense ; justice et réconciliation ; développement économique et social. Chaque commission, avec la participation des sociétés civiles maliennes de la plateforme et de la coordination, a conçu un document qui a été remis à la médiation. Donc, c’est cet ensemble constitué de la société civile, de la coordination, de la plateforme et de la médiation qui a produit le document dit préaccord. Dans ce préaccord aussi, vous ne voyez nulle part, là où c’est mentionné indépendance, autonomie ou fédéralisme. Le préaccord a été remis à toutes les délégations. La médiation a demandé à chaque partie d’expliquer le contenu du préaccord aux populations. Chacun a pris le document, est parti avec, a fait des modifications, ensuite, on est revenu à Alger. Ensuite, chacun a fait ses recommandations. La médiation a pris dans ces documents les points susceptibles d’être des points d’accord entre l’ensemble des parties et en a fait une synthèse. C’est ce qui est devenu l’accord paraphé à Alger par l’ensemble des parties, sauf la coordination.

Que pensez-vous de la rencontre entre la médiation et la coordination ?

Nous ne savons pas pourquoi la communauté internationale a insisté pour que la coordination signe ou ne signe pas. C’est une discussion qui a duré sept ou huit mois et chacun a donné son point de vue. Pour nous, ceux qui n’ont pas respecté ce qui a été dit dans cet accord ne doivent pas être ménagés, deuxièmement, pourquoi envoyer l’ensemble de la communauté internationale à Kidal pour les écouter, alors que le document a été paraphé par le gouvernement, la communauté internationale et la plateforme. Nous avons des inquiétudes par rapport à cela. Nous pensons que s’il y avait des manifestations ou des choses à faire, la médiation devait convoquer la coordination quelque part pour qu’ils donnent leur point de vue… terminé. La communauté internationale n’avait pas besoin de prendre des avions et faire du tapage pour Kidal. C’est une publicité pour Kidal. Pourquoi ? Je dis que maintenant, c’est la communauté internationale qui doit prendre ses responsabilités. C’est vrai que le Mali est dans une situation difficile, mais cette situation, nous allons la dépasser un jour. Des gens ont des armes aujourd’hui, ils sont forts aujourd’hui, demain, l’Etat malien sera fort, nous même les groupes armés, serons plus forts encore, parce qu’on va rentrer dans la résistance et cette résistance va sortir quelque chose. De même que l’Algérie avait chassé les Français, nous aussi, dans la résistance, nous allons chasser de chez nous tous les ennemis qui ne sont pas d’accord avec les accords de paix. Le nom qu’ils réclament, Azawad, nous appartient tous. Ils représentent peut-être 10 ou 5%, nous, les autres communautés, représentons peut-être les 80 ou 90%. Si vous parlez à notre nom, nous vous demandons de parapher cet accord dans l’intérêt de l’ensemble des communautés du nord du Mali.

Nous avons aussi appris qu’il y a eu des attaques récemment dans certaines zones du nord.

Dans les axes Mopti-Gao ; Gao-Bourem ; Bourem-Tombouctou ; Tombouctou-Goundam ; Goundam-Niafunké –Léré- Nampala-Niono ; l’insécurité se multiplie par cent. Hier, deux cars ont été dévalisés sur le tronçon Léré-Niono. Les passagers ont été dépouillés de tous leurs biens. Aujourd’hui au nord du Mali, personne n’a rien. Les gens sont dépouillés de leur argent, leurs habits, leurs biens. Les pourparlers vont continuer, mais avant cela, nous forces armées doivent sécuriser tous les axes du nord du Mali, car si cela continue, c’est pour créer une révolte des populations contre l’Etat malien.

Propos recueillis par Baba Dembélé

Source: Canard Déchainé
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