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Chronique satirique : Médiature de la République ou l’art de jeter l’argent public par la fenêtre
Publié le lundi 5 novembre 2012  |  Le Procès Verbal


Remise
© aBamako.com par as
Remise du rapport annuel 2011 du Médiateur de la République au Président de la République par intérim Dioncounda Traore
2/11/2012. Bamako. Résidence du Président par interim. Remise du rapport par le Médiateur Django Cissokho lors d’une cérémonie officielle.


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De sa création à nos jours, l’institution dénommée « Médiateur de la République » ne sert strictement à rien, ce qui ne l’empêche pas d’engloutir nos impôts.

Le Médiateur de la République est une de ces instutitions bonnes à rien dont notre pays a le secret. Pour lui donner de l’importance dans la forme, il a été créé, non par un simple décret, mais par la loi n°97-022 du 14 mars 1997. Ce texte définit le Médiateur comme une « autorité indépendante intervenant dans le règlement des litiges entre l’administration et les administrés » et ajoute qu »Il ne reçoit d’instruction d’aucune autre autorité ». Bien sûr, ça pour les sots: en réalité, dans ce pays, le président de la République, surtpout quand il est malin comme le « Vieux Commando », ne nomme que ses proches et une fois en place, ils lui obéissent au doigt et à l’oeil.

La loi poursuit la propagande en précisant que pour mieux asseoir son indépendance, « le Médiateur est nommé par décret présidentiel pour un mandat non renouvelable de 7 ans et ne peut être révoqué qu’en cas d’empêchement ou de faute lourde constatée par la Cour suprême ». Sur le papier donc, le Médiateur jouit d’une inamobilité mais vous comprendrez aisément que quand l’hôte de Koulouba veut lui chercher des poux dans la tête, une « faute lourde » est vite trouvée par les services secrets et la Cour suprême ne se gênera nullement de faire dégringoler le bonhomme de sa citadelle…

Pour lui éviter le sort peu enviable réservé un beau jour au Vérificateur Général – un petit séjour en prison -, la loi déclare que le Médiateur ne peut être poursuivi, arrêté ni jugé pour les opinions émises ou les actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions. Comme tout grand chef, il est libre dans le choix de ses collaborateurs dont il détermine (tenez !) le nombre et le profil. En clair, s’il le voulait, Monseigneur Médiateur pourrait nommer à sa sa…cour tous ses amis griots ou jeunes diplômés sans emploi. De plus, autorisation légale lui donnée d’« organiser à sa manière l’administration chargée de l’assister ». Espérons qu’il n’en profite pas pour donner à ces fameux « assistants » rang et prérogatives de ministres, comme cela arrive parfois en période d’exception !

Alors, bardé tous ces pouvoirs, qu’a fait le Médiateur depuis sa venue au Mali ? Nul n’en sait grand-chose. Feu Demba Diallo, grand combattant de la liberté à une époque, avait envoyé là pour se rouler les pouces car le président Konaré n’arrivait pas à caser ce vieux rebelle parmi les sages de la Cour constitutionnelle. Les Médiateurs suivants, Mme Diakité Fatoumata Ndiaye et feue Mbam Diarra, sont excusables car, tout machisme mis à part, dans notre société, il ne faut pas trop attendre des dames, n’est-ce pas ? Quant à l’actuel titulaire du poste, Django Sissoko, il n’affiche pas encore à sa tableau de chasse la résolution du moindre problème d’envergure entre l’Etat et les citoyens.

Si le Médiateur ne règle rien et passe le plus clair de son temps à ranger de la paperesse et à noircir du papier, tel un écrivain sans éditeur, c’est pour plusieurs raisons.En effet, ‘essentiel des préoccupations des citoyens passe en jugement devant les tribunaux alors que la loi interdit au Médiateur de se mêler de dossiers judiciaires. Au cas où un litige est jugé par un tribunal, le Médiateur ne peut remettre en cause la sentence. Privé de tous ces éléments, le fonds de commerce du Médiateur se réduit, on le voit, comme peau de chagrin. Certes, quand il y a inexécution d’une décision de justice passée en force de chose jugée, le Médiateur peut enjoindre à l’organisme d’Etat rebelle de s’y conformer dans un délai qu’il fixe; toutefois, si son injonction n’est pas suivie d’effet, notre haut personnage ne peut que rédiger un rapport qui, bien entendu, finit assez souvent dans un tiroir poussiéreux de Koulouba. Du coup, le malheureux justiciable qui compte sur le Médiateur pour recouvrer ses droits a toutes chances de crever avant d’atteindre le bout du tunnel. La loi s’amuse à donner au Médiateur le droit d’être informé de la suite accordée à ses recommandations, mais si, comme il faut s’y attendre, il n’est informé de rien, il ne peut que « proposer au Président de la République de donner à l’autorité concernée toute directive utile ». Remarquez que le président de la République, qui a d’autres chats à fouetter, et même parfois des coups de bâton à éviter, ne perd pas son temps à écouter les pleurnicheries du Médiateur!

Du coup, les principaux faits d’armes du Médiateur, depuis une décennie, ont consisté à partager des champs entre paysans, des troupeaux entre bergers et d’autres cirques du genre. Dans son rapport 2010, Django Sissoko constate lui-même, avec un brin d’amertume: «Concernant les recommandations faites par le bureau du médiateur de la République, la plupart de celles-ci ne sont pas suivies d’effet. II s’agit là d’une question récurrente. Dans de nombreux cas, les administrations tiennent très peu compte des solutions qui leur sont recommandées, même si la pertinence de ces solutions est indiscutable et reconnue. En outre, nombre de responsables administratifs ne répondent pas à temps ou du tout aux correspondances du Médiateur de la République dans le cadre de l’instruction des réclamations.».N’étant pas écouté en période démocratique, comment pourrait-il l’être davantage en période de putsch ?

Par chance, les réclamations adressées par les citoyens au Médiateur ne parvenaient pas beaucoup des régions du Nord: en 2010, le taux de réclamations provenant de Tombouctou était de 1,85%, celui de Gao de 2,78% et celui de Kidal de 1,23%. Maintenant que c’est Iyad Ag Ghali qui fait la loi dans ces localités, le Médiateur n’a plus aucune chance de voir son sommeil dérangé par les gens du nord. Et si quelqu’un lui demande, en tant que spécialiste de la médiation, de rendre une visite de courtoisie à Iyad, le bon et brave Django rendra immédiatement le tablier. Iyad ne badine pas avec ceux qui pourraient gaspiller son temps et soon énergie!

Autant le travail quotidien du Médiateur ne sert à rien, autant il perd son temps – et le nôtre – à organiser chaque année le fameux Espace d’interpellation Démocratique (EID). Dans ce ridicule festival où les gens viennent servir leurs salades à un parterre de personnalités étrangères invitées à grands frais par la République, il ne sort presque jamais rien: les résolutions de l’EID sont jetées dès le lendemain au panier puis le gouvernement passe à des choses plus sérieuses: attributions de marchés publics et nominations par exemple.

Dans ces conditions, il y a lieu de se demander pourquoi des milliards sont engloutis, en pure perte, dans l’entretien du Médiateur. Nul ne peut expliquer que dans un pays pauvre comme le nôtre, on alloue un budget annuel et donne l’autonomie de gestion à une institution chargée tout juste d’écrire des rapports et de faire des discours.



Tiékorobani

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