Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

AFRIQUE: Les enjeux de la paix et de la sécurité
Publié le lundi 30 mars 2015  |  L’Inter de Bamako




L’Afrique est devenue le continent ou le nombre de victimes du fait des conflits armés est le plus élevé du monde avec déplacement vers la Corne de l’Afrique et l’arc sahélo-saharien. Avec 5,8 millions de déplacés internes et 4,4 millions de réfugiés, assistés par l’UNHCR, l’Afrique dépasse de deux fois les chiffres de l’Asie dont la population est cinq fois plus nombreuse. Les conflits sont multiformes. Ils diffèrent selon leur intensité, leur durée et leur extension territoriale. Ils peuvent être infranationaux, internationaux ou régionaux.
On peut distinguer les guerres civiles et les insurrections, les conflits armés et la violence criminelle, les conflits intra-armés et le terrorisme. Les conflits armés majeurs peuvent se définir «comme des incompatibilités concernant des gouvernements et (ou) des territoires sur lesquels il y a usage de forces armées entre les forces militaires dont une partie au moins est le gouvernement d’un Etat et qui conduit à au moins mille morts pour une année». La question se pose de savoir quelle est la nouveauté de ces formes de violence armée.
Les conflits armés précoloniaux renvoient aux conquêtes, rapines et razzias d’esclaves. Les guerres des indépendances sont liées aux mouvements de libération nationale et à la guerre froide (Cf. le Biafra, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Somalie, l’Angola et le Mozambique). Les conflits internes (guerre civiles, rébellion) se différencient traditionnellement des conflits externes (guerres internationales). Cette distinction a perdu beaucoup de sa pertinence depuis la chute du mur de Berlin. Les conflits armés africains internes aux pays s’articulent avec des réseaux régionaux et internationaux. Ils peuvent être traités comme le supposent les théories réalistes, en termes d’Etats-Nations poursuivant des buts de puissance.
Depuis le tournant du XXème siècle, les conflits ont changé de nature avec les effets de contagion de l’indépendance du Soudan du Sud, remettant en cause l’intangibilité des frontières reconnues par l’OUA en 1963 et accentuant les clivages nord /sud au sein de nombreux pays, avec l’extension des mouvements djihadistes de la Mauritanie à la Somali et les effets de la chute de Kadhafi en Libye. L’intégrisme religieux, notamment celui des Salafistes, se combine avec les trafics et les revendications d’autonomie et de critiques de l’Occident.
En 2013, les conflits à haute intensité concernaient la Somalie, la RDC (Kivu), le Soudan et le Soudan du Sud et l’arc sahélo-saharien. Les pays africains représentent, en 2009,9% des dépenses militaires mondiales (12,6 milliards de dollars sur 1339 milliards de dollars au total) pour un quart des conflits majeurs (5 sur 19). S’expliquant largement par l’exclusion et par la pauvreté, ces conflits sont, à leur tour, des facteurs d’insécurité et de sous-développement traduisant l’existence de cercles vicieux et de trappes à pauvreté.
Selon certains auteurs, aux conflits idéologiques des anciennes guerres fondées sur des doléances auraient succédé des conflits davantage prédateurs et captateurs de rentes ayant une dimension identitaire. Cette thèse à propos de la nouveauté des conflits armés et du rôle des facteurs économiques est controversée. Elle aurait le tort, à la fois d’agréger des conflits de natures différentes et de penser la rupture, alors qu’il y aurait continuité historique.

Philippe Hugon
Source: Inter de Bamako
Commentaires