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Chantage, harcèlement, chasse aux sorcières sélective de cadres maliens, etc. Le Capitaine Sanogo continue de tirer les ficelles
Publié le samedi 17 novembre 2012  |  Aurore


N’Diaye
© Autre presse par DR
N’Diaye Bah ancien ministre de l’Artisanat et du Tourisme d’ATT


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Interpellé pour un interrogatoire préliminaire, N’Diaye Bah, ancien ministre d’ATT et non moins personnalité influente du Front anti-putsch, s’est aussitôt retrouvé derrière les barreaux de la Maison Centrale d’Arrêt. Contre lui, selon des sources concordantes, on ne retiendrait qu’une responsabilité plus ou moins apparente dans la gestion de l’Office Maliens du Tourisme et de l’Hôtellerie (OMATHO). L’incarcération de l’ancien ministre du CNID puis du PDES semble amorcer le déploiement d’une puissante vague d’intimidations orientée vers tout ce qui est opposé au coup d’Etat.

Les ficelles sont visiblement tirées depuis Kati où d’autres cadres de l’administration et des acteurs politiques, s’ils ne goûtent aux affres d’une privation de liberté, subissent pour le moins des injonctions arbitraires du Capitaine Sanogo et de ses hommes, soit des menaces et chantages plus ou moins dissuasifs. C’est le cas du Directeur National de l’ANPE dont l’interpellation au QG de la junte a coupé le sommeil à d’autres. Au mépris donc des appels incessants de la communauté internationale, les irruptions de la soldatesque sur la scène publique malienne ont de beaux jours devant elles.

Harcèlement, chantage, poursuites judiciaires et arrestations aux allures de chasse aux sorcières, etc, ces pratiques – qui ont pignon sur rue depuis le coup d’Etat du 22 Mars – se présentent sous un visage nouveau depuis l’incarcération de N’Diaye Bah, suite à une brève interpellation de l’intéressé au Pôle Economique et Financier.

La nouvelle est tombée tel un couperet sur la tête du FDR, le front anti-putsch où l’ancien Ministre de l’Artisanat et du Tourisme joue une partition essentielle dans la mobilisation contre le putsch et son esprit. Mais son arrestation aura été beaucoup plus douloureusement ressentie au sein du PDES, la famille politique de l’ancien ministre de l’Artisanat et du Tourisme.

À la stupéfaction générale, dans tous les cas, cet acteur bon-teint du Mouvement démocratique a été écroué sans autre forme de procès par les soins du Juge d’instruction Yaya Karambé. Il s’agit d’un magistrat qui, selon nos sources, faisait déjà parler de lui dans les épisodes de la rocambolesque affaire du Végal, en Commune IV, et qui a rejoint le Pôle à la faveur des récents remembrements récusés par une frange de la magistrature.

De source bien introduite, N’Diaye Bâ – par ailleurs ancien responsables politique du CNID abandonné au profit du PDES – est incarcéré pour présomption d’implication dans une gestion équivoque de l’OMATHO, un dossier dans le cadre duquel deux anciens directeurs séjourneraient depuis quelques temps en prison. Un troisième aurait même réussi à prendre la poudre d’escampette et se trouverait encore en cavale.

Mais comment diantre la responsabilité d’un ministre ressort-elle dans la gestion d’une structure administrative de pareil degré ? Le caractère intrigant de cette question peut se juger à la grandeur de l’intérêt qu’elle suscite chez des observateurs tous étonnés de l’implication d’un ministre dans la gestion d’une structure à laquelle il est supposé n’être lié que par le biais de son Conseil d’Administration?

Recoupements faits, il nous revient, toutefois, que les limiers du Pôle reprochent à l’ancien ministre de l’Artisanat et du Tourisme d’avoir eu recours aux fonds de l’OMATHO pour financer l’organisation de festivals et autres activités culturelles au profit de la machine politique d’ATT, le PDES. Les mêmes confidences ajoutent, par ailleurs, que N’Diaye Bâ y a laissé ses empreintes par voie de correspondances adressées aux différents directeurs qui se sont succédé à ladite structure. Mais, le chef du département n’étant pas ordonnateur de son budget, nombre d’observateurs se disent curieux de savoir le chef d’inculpation sous lequel il est mis sous mandat de dépôt. Pas plus qu’ils ne sont intéressés à savoir le mécanisme juridique au moyen duquel des poursuites peuvent être engagées contre un ministre de la République – pour des faits ayant trait à l’exercice de ses fonctions – sans passer par la section civile de la Cour Suprême, à défaut d’une Haute Cour de justice.

N’Diaye Bah, de source concordante, a été certes transféré de la Prison Centrale au Camp I, mais la mise en examen hâtive d’un justiciable de son envergure, à coups de violations flagrantes de la procédure applicable à son statut, laisse pour le moins planer des suspicions sur les dispositions bienveillantes des magistrats en charge du dossier, ainsi que sur les motivations d’une activation aussi spectaculaire de la machine répressive contre la criminalité à col blanc dans l’ensemble. En clair, le brusque intérêt de la justice pour les supposées casseroles procède pour beaucoup d’une fouille très malveillante dans les poubelles, pour autant que la démarche leur parait hors de saison pendant une transition aux missions très spécifiques.

En y ajoutant le contexte d’un bras de fer très serré autour des enjeux des concertations nationales, il est par ailleurs difficile de ne pas subodorer une cabale aux allures de chasseaux sorcières pour laquelle la justice servirait d’instrument et d’arme fatale contre des protagonistes de la scène politique triés sur le volet. On est même porté à croire, au demeurant, que c’est par à un tel scénario que devait se conclure le mouvement massif de magistrats ayant naguère opposé le Ministre de la Justice à la mouvance syndicale majoritaire de la magistrature.

Après N’Diaye Bâ, à qui le tour ?

La question n’est pas du tout superflue, au regard de l’ampleur que pourrait prendre l’escalade des pressions sur le camp anti-putsch. En effet, le cas de l’ancien ministre de l’Artisanat et du Tourisme, N’Diaye Bâ, selon toute évidence, se veut tout simplement un signal dissuasif envoyé à tous ceux qui seraient tentés de se soustraire de l’emprise de Kati. C’est là, en effet, que les ficelles de la cabale semblent tirées, au mépris de tous les appels de la communauté internationale pour un retrait de la junte de la scène publique, au profit du pouvoir politique.

À en croire nos sources, en tout cas, l’actuel Directeur de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi (ANPE) l’a appris à ses dépens, en milieu de semaine dernière, pour être passé par une interpellation très musclée au ‘Palais de Kati’. À Makan Moussa Sissoko ce n’était pas la justice mais la junte qui réclamait directement des comptes par rapport à un employé du FARE, un projet initié par l’ANPE et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, dans le cadre du financement de l’emploi des jeunes. De même source, il nous revient que l’agent en question, qui répond au nom de Soungalo Sanogo, a été pris en défaut pour double emploi salarial. Bien que recruté à la Fonction publique, il continuait d’émarger au FARE et a juré de se soustraire aux mesures correctives préconisées par sa hiérarchie.
Pour ce faire, il est passé par les services du »justicier de Kati’, le Capitaine Sanogo, grâce auquel l’intéressé a apparemment réussi son pari. Car, au mépris de toutes les procédures administratives, le Directeur de l’ANPE, ancien ministre de son Etat, a été convoqué toutes affaires cessantes à Kati d’où il est redescendu avec des fermes instructions. Le chef de la junte, confie-t-on, lui a enjoint de maintenir le statu quo sur le cas de Soungalo Sanogo dans le sens notamment d’une préservation des intérêts de l’employé irrégulier.

Comme par le fait d’une coïncidence, le vice-président du FDR et non moins ancien Ministre de tutelle de l’ANPE, Iba N’Diaye, a été également aperçu à Kati, dans la foulée. Recoupements faits, il semble que le 2ème vice-président de l’Adema-PASJ s’y trouvait dans le cadre d’échanges avec le Capitaine Sanogo sur la situation du pays. Les deux hommes, selon nos confidences, ne partagent pas les mêmes points de vue, exception faite de la nécessité de se débarrasser de l’actuel Premier Ministre. Et pour cause : tandis que l’un soutient mordicus les vertus du coup d’Etat et son caractère salutaire pour le Mali, l’autre est convaincu qu’il aura largement contribué à mettre le pays en retard aux dépens d’une vingtaine d’années d’efforts pour son développement et la construction de sa démocratie. Mais à quel titre l’ancien Ministre de l’Emploi et vice-président du FDR s’est-il retrouvé nez-à-nez avec le Capitaine ? Nos sources ne pipent mot là-dessus, pas plus que rien n’a filtré sur l’opportunité d’un tête-à-tête entre un haut responsable des services armées et de sécurité et un responsable politique.

A.Keïta



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