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Guerre du nord : Quelle négociation avec le MNLA ?
Publié le lundi 19 novembre 2012  |  Madikama


Les
© AFP
Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le Nord du Mali, sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l`unicité du jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l`Islam)


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On se demande ce qu’il faudra faire, ce qu’il faudra concéder au MNLA (ou à Ansar Dine, car c’est la même chose), quand le médiateur de la CEDEAO va commencer à mettre les deux parties face à face. En 2006 ATT avait dû signer un nouveau pacte, « le pacte d’Alger» avec l’avant-dernière rébellion, celle de Bahanga. Car Alpha avait conçu l’intégration (à laquelle le ministre Traoré de la Fonction publique vient de rendre hommage), et avant Alpha, c’était Moussa Traoré qui avait appelé les populations de la région de Sikasso à accueillir les gens du Nord frappés par une sécheresse catastrophique.

Puis le Général d’armée avait dû faire face à la plus grosse rébellion qu’un président malien eût jamais affrontée : tous les Arabes et tous les Touareg faisaient front commun contre l’armée Mali, fortement épaulée, il est vrai, par la milice Ganda Koy. Le régime de l’UDPM avait ouvert la porte à la décentralisation et préféré à l’affrontement armé le dialogue avec les associations arabo-touareg, ce qui lui laissait d’ailleurs les mains libres pour mater le soulèvement au sud. Cette attitude avait été d’ailleurs interprétée par les agitateurs comme une atteinte au principe fondamental d’égalité des races. Et de relancer leur mouvement, notamment en montant à Koulouba pour lire une déclaration au président Moussa Traoré pour le sommer de se soumettre ou de se démettre. C’est, soit dit n passant, une semblable démarche qui, d’ailleurs, allait être réitérée par les agresseurs du président de la République par intérim le 21 mai 2012.

C’est un fait que c’est la volonté de créer un Etat indépendant au Nord qui guide les différentes rébellions. Mais il est difficile, au 20e siècle, après l’Holocauste, après la ségrégation raciale aux Etats-Unis et l’Apartheid, de faire passer des idées racistes véhiculées par les expressions du genre : « les hommes en bleu », « le mode de vie nomade » ou « les seigneurs du désert ». Il faut donc recourir à l’argument de l’Islam, alors que le pays est musulman à une très forte majorité, que les Touareg eux-mêmes ont toujours été dits tolérants (contrairement aux Arabes auxquels les Français les opposaient). Cet islamisme permet d’avoir les armes et les pétrodollars de l’Arabie saoudite et du Qatar, pays tentant de contrer l’influence du Maghreb sur l’Afrique noire.

En face, il y a la millénaire fierté noire, déjà écorchée par les défaites des guerres coloniales et l’humiliation de l’occupation, mais aussi l’incompréhension de la génération des indépendances, outrée des velléités racistes des « faux Blancs » et lui opposant un racisme à rebours.

Réponses du gouvernement malien et de la majorité silencieuse arabo-touareg

Chaque fois le gouvernement malien a su trouver la parade. Avec Modibo Kéita, ce fut une riposte musclée, avec le soutien de l’Algérie et des chefs de la communauté touareg ; avec la 2e République, ce fut le dialogue et la décentralisation (par les Accords de Tamanrasset), à quoi la 3e République, avec le Pacte national, allait ajouter l’intégration dans l’armée et dans la fonction publique. Pour que les régions Nord ne soient plus des territoires militaires, comme les rebelles l’on souvent prétendu, Alpha et ATT ont même accepté de retirer l’armée de cette région, qui allait ainsi devenir propice aux trafics de tous genres et à la préparation de l’attaque décisive. Difficile de faire cette guerre du Nord, sans qu’elle ait un caractère raciste ! C’est bien l’attitude finale de l’Etat malien, mais aussi de la majorité arabo-touareg. C’est un moyen, disent les mauvaises langues, notamment au Sud, d’économiser de l’argent du budget de la Défense, ou de le détourner. Peut-être est-ce vrai, pour certains officiers, ainsi coupables de haute trahison, qui s’associent aux différents trafics. Que peut donner encore le Mali ? Rien, tout simplement rien ! La commission qui sera en face de Iad Ag Aly et du MNLA aura la tâche facile, en principe : il n’y a plus rien à concéder, et d’ailleurs l’écrasante majorité des Touareg, peuple et cadres, et même l’extraordinaire bataillon de Gamou, se trouve du côté légal, du côté d’une société moderne regardant vers l’avenir, comme le disait Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de la commission de la CEDEAO.

L’ingérence extérieure

Pour tenir son rang dans la gigantesque lutte économique mondiale, faire pièce à la Chine et à l’Inde, l’Union Européenne veut, sans vergogne, reconquérir ses anciennes colonies, au sud d’une ligne de séparation islam-christianisme, celle-là même qui passe par Bouaké, en Côte d’Ivoire. Intervenant après le Cinquantenaire, ce nouveau découpage devait en outre briser le mythe de la décolonisation, pulvériser la grande fierté nègre. Cette récupération est déjà arrivée en Ouganda avec la chute du président musulman Idi Amin Dada, au Soudan avec la partition de ce pays en deux entités : le Nord musulman et le Sud Chrétien. Au Togo, à l’instigation de Sarkozy, pendant que l’OTAN bombardait Kadhafi, il y a eu une réunion des pays africains chrétiens (comment les appeler autrement ?), pour préparer une offensive diplomatique dans le cas où l’offensive militaire échouerait. Le lien de ce bouleversement de la carte en Afrique avec le printemps arabe est évident. Il s’agit de prouver que l’Arabe reste le bédouin moyenâgeux ou le terroriste, qu’Israël a raison dans le conflit, étant le seul Etat démocratique de la sous-région ; il s’agit aussi de corriger le retard millénaire des peuples noirs entrés tout récemment dans l’histoire, comme l’a cru Sarkozy prononçant son premier discours comme président en Afrique. Quand la police de Modibo Sidibé a empêché les manifestations pro-Kadhafi, cela n’a-t-il pas exacerbé l’amertume des Touareg contre le Mali, alors même que Bahanga a trouvé la mort sur le champ de bataille ? Mais la Décentralisation elle-même, à cet égard, n’est-elle pas un couteau à double tranchant ? Ne permet-elle pas, éventuellement, un détachement, des particularismes prononcés pouvant aboutir à des revendications identitaires, voire à l’indépendance ?

Ibrahima KOÏTA

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