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Chronique satirique: Les mauvais diables de la primature
Publié le lundi 19 novembre 2012  |  Le Procès Verbal




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Tous les premiers ministres maliens qui ont tenté l’aventure de Koulouba se sont fracassé le nez. De mauvais diables postés à la primature leur portent la poisse et gâchent leur festin. Cheick Modibo Diarra, le Martien, les vaincra-t-il ?

Les anciens racontent que quiconque entame la recherche du pouvoir à partir de la ville de Bafoulabé n’atteindra jamais son but. Simple superstition ? En tout cas, autant Bafoulabé traîne une triste réputation, autant la primature, au Mali, porte malchance à son titulaire chaque fois que celui-ci a voulu monter en grade et devenir calife à la place du calife.

Premier chef de gouvernement victime des mauvais diables de la primature, Ibrahim Boubacar Kéita ne nous démentira pas. Cet homme qui parle comme un livre et roule le latin à ses heures perdues, a dirigé le gouvernement 6 ans durant – un record ! Cérise sur le gâteau, il tenait aussi les rênes du parti au pouvoir, l’Adema, qui alignait plus des deux tiers des députés et des maires. De surcroît, IBK bénéficiait d’une popularité inégalée après avoir jeté en taule le leader estudiantin Yéhia Ould Zarawana et ses troupes de casseurs urbains qui avaient précipité le départ de deux premiers ministres. IBK, fort de tous ces atouts, avait renoncé à briguer, comme l’y invitaient les Américains, le secrétariat général de l’ONU, convaincu de succéder bientôt, inch Allah, à son frère et ami Alpha Oumar Konaré. Mais voilà: au moment où IBK voguait tranquillement vers l’objectif suprême, de lourdes tuiles surgies on ne sait où lui sont soudain tombées sur la tête. Une meute de « rénovateurs » le chassa sans ménagement du parti et du gouvernement; quelques mois plus tard, tous ses proches furent balayés des hautes sphères de l’Etat et sevrés des marchés publics. Quand, malgré tout, IBK, à la tête du RPM (son nouveau parti), parvint à gagner la présidentielle de 2002, il fut gentiment soulagé de sa victoire par les 9 sages de la Cour Constitutionnelle qui ne se gênèrent point de jeter au panier 600 000 voix exprimées en faveur du candidat. Le pauvre IBK n’avait plus, en vérité, que ses yeux pour pleurer mais comme il avait fait le pèlerinage de la Mecque et mentionnait souvent le saint nom d’Allah au début de ses discours, il aura, au moins, la consolation de présider l’Assemblée Nationale. Présider quelque chose, c’est toujours mieux que de planter des choux ou de jouer au tiercé, n’est-ce pas?

Mandé Sidibé, malgré son grand âge, n’a pas tiré les leçons de la mésaventure d’IBK. Premier ministre du président Konaré et ex-chef de la BCEAO, le compère avait de l’argent et de l’influence qu’il mit vite au service de ses ambitions présidentielles. Mandé avait, hélas, oublié que la primature portait la poisse et, pour parapraser Laurent Gbagbo, il confondit la foule et le peuple. Résultat des courses: Mandé ne glanera que 3% des voix aux élections, juste devant le célèbre troubadour Maribatrou Diaby.

Modibo Sidibé, frère cadet de Mandé (eh oui, mes amis!), aurait dû poser quelques questions à l’intéressé avant de s’élancer ern terrain inconnu. Mais comme Modibo, le Abdou Diouf malien, était docteur en criminologie et, après avoir trusté les ministères et fini Premier ministre, avait la toute-confiance du chef de l’Etat, il n’avait que faire de conseils. Il croyait avoir partie gagnée d’avance et se préparait à ne faire qu’une bouchée de ses concurrents lors du scrutin d’avril 2012. Et puis patatras! Dévalant, sans crier gare, la colline de Koulouba et obligeant le « Vieux Commando » à fuir nuitamment son palais, des soldats ont pris le pouvoir le 22 mars 2012, bien décidés à « restaurer l’Etat » et à « redresser la démocratie ». Vaste programme qui se situait aux antipodes de celui de Modibo Sidibé, sans doute, puisque ce dernier n’aura plus la paix. On aurait dit que toute la merde du nord-Mali avait été transportée à son domicile. Tantôt, on le réveille au petit matin pour l’emmener dans une caserne; tantôt, on le traîne dans une gendarmerie; et tantôt on le fait asseoir toute la journée sous un arbre de camp, à regarder les moutons paître. A ce train, le bonhomme n’aurait pas du tout tort de s’inscrire sur les listes du HCR ou de la Croix Rouge…

Avant cette petite foule de premiers ministres, c’est Zoumana Sacko, chef du gouvernement de transition (1991), qui a subi les foudres des mauvais diables de la Primature. Réputé grand gestionnaire pour avoir régularisé les salaires sous le régime du général Moussa Traoré, Zoumana Sacko a été, à la satisfaction générale, appelé à diriger le gouvernement de transition après la Révolution du 26 mars 1991. Il réussit à mener le bâteau Transition à bon port et quitta ses fonctions sous les éloges de tous. Petit problème: Zou a cru pouvoir, en 1997, ôter le pain de la bouche du président Konaré en venant briguer son fauteuil. Ce que Zou ne savait pas, c’est que Konaré, soucieux de gagner un second mandat, avait piégé le scrutin présidentiel: les listes électorales bidon fabriquées pour la circonstance ne laissaient aucune chance de festin à un autre concurrent, fût-il ancien premier ministre. Zou, voyant la messe dite et les carottes cuites, se retrouva avec les opposants radicaux du Coppo. Or, contrairement à Bâ Mountaga, Choguel et autres, à qui la faim donnait à l’époque une grande agilité physique, l’ancien premier ministre, répu de beurre et de mayonnaise, n’avait guère l’habitude des marches avec barricades: il fut donc, un beau jour, cueilli par les forces de l’ordre qui lui cassèrent, dit-on, un os et l’inondèrent copieusement de gaz lacrymogène. Depuis cet événement, où son mythe laissa de grosses plumes, l’homme est candidat à chaque scrutin mais en sort toujours brédouille s’il arrive, bien entendu, que le scrutin se tienne.

A présent, les regards se tournent vers Cheick Modibo Diarra, l’actuel chef du gouvernement de transition. Résistera-t-il à la tentation présidentielle ou bien vaincra-t-il de vive force les mauvais diables de la Primature ? A priori, pour peu qu’il parvienne à les voir de ses propres yeux, Diarra n’aura aucune peine à terrasser les diables : il dispose, en effet, d’une carrure de lutteur sénégalais, d’une voix à effrayer tout génie malfaisant et d’une généalogie royale remontant à l’illustre Da Monzon de Ségou. Sur ses prédécesseurs à la Primature, Cheick Modibo a aussi l’avantage de ne pas être un Malien ordinaire. D’abord, c’est un Maliano-Américain, donc un Américain: or il se dit que les diables n’ont pas de prise sur les Blancs ou ce qui y ressemble. Ensuite, Diarra est un astrophysicien qui a visité la planète Mars, un lieu que les génies eux-mêmes ne peuvent atteindre, malgré leurs milliers d’ailes. Alors, Diarra, futur vainqueur des diables ? Qui vivra verra. En tout cas, notre ami ne devrait pas pécher par excès de confiance. Déjà, les diables semblent avoir marqué un bon point. Ils ont obligé Diarra à dévoiler trop tôt ses ambitions présidentielles, se mettant aussitôt à dos les militaires, dont le puissant colonel-ministre de l’Administration territoriale. Pour ne rien arranger, la CEDEAO, qui aime mettre son nez à toutes les fenêtres, a décrété qu’aucun membre du gouvernement de transition ne pourrait se porter candidat à la présidentielle de 2013. La meilleure feinte que Cheick Modibo Diarra pourrait infliger aux diables, c’est peut-être tout bonnement de renvoyer les élections aux calendes…maliennes ou de la conversion de Iyad Ag Ghali au christianisme. Histoire de prolonger le festin de la transition…



Tiékorobani

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