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L'Inter de Bamako N° 385 du

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Entretien avec Souleymane Togola, marabout voyant : «Lorsque le politique échoue, c’est l’armée qui assure l’intérim»
Publié le mardi 20 novembre 2012  |  L'Inter de Bamako




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Originaire de Kignan, commune rurale située à 65 km du cercle de Sikasso, Souleymane Togola est un marabout- voyant au sens étymologique du mot.

Kignan est une localité pieuse, où les ressortissants se retrouvent chaque année pour commémorer la Choura. On dit de Kignan que toute prière formulée en ce lieu est vite exaucée.

Dans la culture africaine, les marabouts, voyants, devins jouent, sans nul doute, un rôle important dans l’accession au pouvoir. C’est pourquoi, tous les chefs d’Etat ont leur marabout qui leur prédise la voie à suivre.

Des marabouts réputés, notre pays en possèdent. Reste à savoir si eux tous mettent leur savoir au service du pays. C’est ainsi que nous nous sommes rendus au domicile du marabout voyant Souleymane Togola qui s’est mis, à ses dires, au service de la junte pour aider le Mali à redécoller sur de bonnes bases. Voyant, il le revendique après avoir passé une année et huit mois perdu dans la brousse possédé par les diables.

Du haut de ses 65 ans, Togola est un sage pétri de connaissance occulte. De taille svelte, teint clair, Souleymane parle avec précision de la crise qui secoue notre pays et pointe un doigt accusateur sur Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra. Pour l’homme de culte, le propagandiste de la crise malienne s’appelle Dioncounda Traoré.



L’Inter de Bamako : Comment expliquez-vous cette crise qui perdure ?

Souleymane Togola : Cette crise perdure parce que Dioncounda Traoré se joue des Maliens. Jusqu’ici, il n’a respecté aucun engagement. C’est un manque de respect pour les Maliens. Si ceux qui doivent respecter les Maliens sont les premiers à fouler au pied les fondements de notre société, c’est la porte ouverte aux étrangers qui nous dictent leurs lois. Dès lors, on comprend aisément les réactions de la communauté internationale et particulièrement celles de Alassane Dramane Ouattara.

A chaque fois que Dioncounda Traoré, le président par intérim, veut jouer un sale coup, il court à Ouagadougou, ou à Abidjan chez ses pairs spirituels pour demander leur soutien et ceux-ci ne ménagent aucun effort pour prendre des décisions qui le mettent au dessus de notre Constitution.

Les différents sommets, qui ont eu lieu Ouaga I, Ouaga II, Abidjan, Dakar et récemment celui d’Abuja, n’avaient pour motif que de maintenir le président par intérim, président de la transition.

La crise malienne perdure parce que le Professeur Dioncounda Traoré ne veut pas céder. Ces marabouts l’avaient dit qu’il sera président après ATT quoi qu’il advienne. Il l’a été pendant 40 jours et n’a pas pu honorer les missions à lui assignées par la Constitution.

Avant la fin du délai constitutionnel des 40 jours, Dioncounda s’est rendu à Ouagadougou et à Abidjan, où il a rencontré le médiateur Blaise Compaoré et Alassane Dramane Ouattara pour demander leur appui afin qu’il soit président de la transition. C’est ainsi que ces deux présidents ont à leur tour saisi la communauté internationale avec des décisions à l’appui pour mettre le Mali sous tutelle CEDEAO.

Cela a été rendu possible par l’implication du Premier ministre Cheick Modibo Diarra qui avait demandé et obtenu auprès de la Cour constitutionnelle la prorogation de l’intérim de Dioncounda Traoré. Et depuis, ce deal passé entre les deux hommes, le Mali a basculé dans une crise profonde qui profite au président par intérim et au Premier ministre de «Pleins pouvoirs».

Cependant, les protecteurs de Dioncounda, Blaise Compaoré et Alassane Dramane Ouattara, n’ont jamais pu régler une crise politique dans leur pays à fortiori ailleurs. Je les connais suffisamment sur ce plan.

Peut-on prédire la fin de la crise ?

La fin de la crise est proche car c’est une crise créée de toutes pièces et entretenue par des gens dont les intérêts politiques sont menacés. Ces gens sont connus de tous. Il suffit pour nous autres Maliens de mettre nos efforts ensemble pour bouter les ennemis du peuple. La crise prendra fin, les rebelles vont disparaître, la paix va revenir dans le nord du Mali. Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra seront chassés du pouvoir.

Les militaires reprendront leur place sans problème. C’est le peuple qui va demander le retour de l’armée pour gérer la transition. Cela est une question de jours. Lorsque le politique échoue c’est l’armée qui assure l’intérim et non les mêmes auteurs politiques comptables de l’échec. ATT sera arrêté et jugé au Mali.

Vous êtes un marabout très réputé dans la sous région, comment voyez-vous la création d’un ministère chargé des Cultes ?

D’après un ouvrage de référence, on compte plus de 900 millions de musulmans sur la planète, ce qui place l’islam au rang de seconde religion après le christianisme par le nombre. Le terme islam est chargé de sens pour un musulman, car il signifie «abandon», «soumission» à Allah ou «engagement envers lui».

D’après un historien, il exprime le sentiment le plus profond de ceux qui ont prêté l’oreille à la prédication de Mohamed. Musulman veut dire celui qui suit l’islam.

Aujourd’hui, l’islam a conquis en Afrique des positions dominantes, faisant reculer partout le christianisme et l’animisme, même s’il emprunte parfois des traits caractéristiques.

Cheick Modibo Diarra, en créant un ministère chargé des Affaires religieuses et du Culte, chercherait plutôt à manipuler les associations islamiques, les religieux. Sans quoi rien d’autre. C’est là où sa candidature se précise aussi pour les échéances à venir. J’ai dit à Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique (HCI) de lancer un appel aux musulmans pour une lecture de Coran en direction des gens du nord du Mali, je n’ai pas été écouté. Le Mali est une terre de «SAINTS», Dieu allait exaucer notre doléance, j’en étais sûr.

Je profite des colonnes de votre journal pour féliciter trois ministres du gouvernement : Tiénan Coulibaly, Ministre de l’Economie et des Finances ; Malick Coulibaly, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Mamadou Namory Traoré, Ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Administration, chargé des Relations avec les Institutions qui portent haut le drapeau du Mali.

Ils sont bons pour la reconstruction du pays. Je n’oublie pas les hommes de notre vaillante armée : le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le général Yamoussa Camara, le chef d’état-major des forces Armées, le général Dahirou Dembélé qui ont su éviter jusqu’ici l’humiliation à notre armée.

On parle incessamment de négociations avec les rebelles. Etes-vous pour ou contre ?

Négocier avec qui et pourquoi ? Si le Mali accepte la négociation, il se passera quelque chose que notre pays n’ait jamais connu depuis 1963. Ansardine, Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) sont animés par des hommes sans foi ni loi. Pour quelles raisons, les autorités vont engager des négociations avec des gens qui n’aspirent qu’à la partition de notre pays. Si les plus hautes autorités acceptent ça, ce sera le chaos.

Les chefs rebelles sont à Bamako. A commencer par les ministres, des hommes politiques, les députés du nord du Mali. Lorsque les rebelles ont pris les trois régions (Tombouctou, Gao, Kidal), leurs réactions ont été timides. Ceux qui parlent de négociations sont les membres du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) et le Collectif des Ressortissants du Nord (COREN).

C’est après avoir commis des actes ignobles sur les populations que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sous l’égide de Blaise Compaoré en mission au compte du FDR, demande une négociation. Mais à quelle fin ? Pour qui ? Je suis contre une telle négociation qui n’augure rien de bon pour notre armée.

Que pensez-vous de la tenue des concertations nationales?

Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a déjà fait sa concertation en définissant les contours. L’arrêté N° 2681 du 19 septembre, portant nomination des membres de la commission nationale d’organisation des concertations nationales des forces vives du Mali, précise ses membres dont : les représentants de l’administration, (15), les représentants des regroupements politiques, et organisation de la société civile (12), les membres du comité technique (14).

Quarante une (41) personnes se pencheront sur la nouvelle voie que Cheick Modibo veut prendre. Les Maliens ont demandé la dissolution des institutions de la République, il a dit non. Cette concertation sera un palabre, mais il n’y aura rien de concret et rien ne changera. Une concertation qui n’apportera rien au peuple malien.

Je ne saurai terminer sans parler du Dr. Oumar Mariko qui vient de sauver notre pays de l’humiliation de la CEDEAO en portant plainte contre les agissements de cette organisation devant sa propre Cour. L’initiative du Dr. Mariko est un acte hautement nationaliste. Cet acte posé par M. Oumar doit faire école chez les hommes politiques maliens.

Dans vos prières que dites-vous ?

Dans toutes mes prières, je demande à Dieu de sauver notre pays des mains de nos ennemis. Aussi, mes pensées vont à mes Maîtres coraniques Oumar Touré, un malinké installé à Sikasso, feu Dramane Coulibaly qui fut imam et chef de village de Tiendo (Dioïla). Je voue une réelle admiration pour le marabout Binké Soukoulé, imam de Sinzani décédé.

Le Mali est un grand pays de grandes familles maraboutiques du temps de nos ancêtres jusqu’à nos jours. Ceux-ci ont mis leur savoir au service de leurs rois, empereurs et même pour le bien- être de la société. Je suis sur cette voie des anciens marabouts, devins et voyants pour voir et dire la vérité. Pour cela, je demande aux hommes de culte, religieux de dire la vérité aux chefs d’Etat, de mettre leur savoir au service des chefs justes.

Peut-on dire la vérité à celui dont-on dépend financièrement ?

Quand on veut garder sa notoriété, il faut pouvoir assurer son indépendance financière. Lorsqu’on dépend financièrement de quelqu’un, on ne peut pas lui assener certaines vérités.

L’homme de Dieu doit dire la vérité en toutes circonstances. L’argent ne doit pas nous dévier de notre mission.

Propos recueillis par Amy SANOGO et Yoro SOW

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