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Chérif Ousmane Madani Haidara à Option : Une voix captivante sur la voie de Dieu
Publié le samedi 24 novembre 2012  |  Option


Grand
© aBamako.com par as
Grand Meeting au Stade du 26 Mars
Bamako le 12 aout a 10h. Grand rassemblement organisé par le Haut Conseil Islamique au Stade du 26 mars. Le guide spirituel Chérif Ousmane Madani Haidara , leader de Ansar Dine International(différent de Ansar Dine du Nord du Mali)


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Surnommé « Wilibali » au Mali, Haidara est un éminent prêcheur international qui exprime avec courage ses idées. Ici, il a passé par un tamis fin son pays : crise du nord, charia, Haut Conseil Islamique, criminalité et mauvaise gouvernance «…il n’y a pas de Mali. Qui représente le Mali?… Quand tu dis Dioncounda, il est un président…dont personne n’a besoin. Le premier-ministre dort la peur dans le ventre. Quant aux militaires…rien.

Qui donc ? »



Option : Merci, Chérif Ousmane Madani Haidara, pour la confiance que vous avez mise en nous en acceptant de vous entretenir avec nous chez-vous.

Le Mali est entré dans sa phase de préparation intensive de la guerre de libération du nord occupé, depuis 8 mois, par des bandits islamistes et terroristes armés. Vous êtes un grand leader religieux bien écouté. Pensez-vous que cette guerre est devenue incontournable?



Chérif Ousmane Madani Haidara : Je commence par louer Dieux, l’omniscient, l’omnipotent et le miséricordieux qui nous a tous créé. Je vous remercie de vous être déplacé pour venir me poser des questions. Le mot guerre, en lui-même, est odieux. Les humanistes et les bons islamistes doivent détester la guerre. Car, on sait quand commencer une guerre mais on ignore comment elle se terminera. L’islam est venu sur cette terre pour que nous puissions vivre en paix et éviter la méchanceté et la guerre. Notre prophète nous a enseigné d’offrir une datte à un parent, un ami ou un voisin qui nous agresse. S’il refuse cette datte tu dois mettre des braises ardentes de feu de bois dans ses mains. Donc après des négociations si nos ennemis ne veulent pas de la paix, nous devons faire la guerre par nécessité.

Quand les maliens s’entendront entre eux, ils peuvent bien faire la guerre du nord. On ne doit pas demander aux gens de nous venir en aide si on ne peut pas être sur le champ de bataille à cause des mésententes. Aujourd’hui, « Mali téyen», il n’y a pas de Mali. Qui représente le Mali? À qui on peut s’adresser aujourd’hui? Quand tu dis Dioncounda, il est un président n’importe qui dont personne n’a besoin. Le premier-ministre, Cheick Modibo Diarra, lui, il dort la peur dans le ventre. Quant aux militaires…rien. Qui donc? C’est vrai qu’il n’y a pas de Mali ! Pour que nous ayons la paix, il faut d’abord qu’un Mali existe. C’est quand ceux-ci accepteront de se donner la main que le Mali sera capable quelque soit l’aide qu’il aura. Mais, aussi longtemps qu’ils ne s’entendront pas, même si la CEDEAO et la France viendront, ça ne servira à rien parce qu’il n’y a pas de Mali.



Option : Étant le vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali, vous avez été parmi les responsables qui ont faits des négociations à intérieur et à l’extérieur du Mali pour éviter l’aggravation de cette crise sans précédent. Êtes-vous à la limite de vos efforts de paix?



C.O. M. Haidara : Nous faisons face à deux sortes d’agresseurs : Les diviseurs de notre pays et les imposteurs de notre religion musulmane. Depuis plus de mille ans l’islam est pratiqué dans notre pays. C’est par la paix et la tolérance que l’islam s’est implanté et répandu partout au monde. Donc, ceux qui prennent les fusils, couteaux et bâtons pour nous imposer leur vision, cessent d’être à nos yeux des défenseurs de l’islam. Je peux dire que nous avons atteints notre limite dans ces négociations. Je ne suis pas allé au nord. C’est notre Président Dicko qui s’y est rendu. Mais, la crise continue encore malheureusement. Même si nous ne voulons pas de la guerre, notre pays est obligé de la faire. Que Dieux nous aide à les vaincre.



Option : Vous êtes, depuis plusieurs années, le grand chef religieux de l’association musulmane Ançar Dine bien renommée et implantée dans beaucoup de pays. Dès après l’occupation des trois régions du nord, Iyad Ag Agaly et ses agresseurs ont donné à leur groupe ce même nom Ançar Dine. Cette confusion a-t-elle été nuisible à votre organisation originale?



C.O. M. Haidara : Cela nous a causé beaucoup de torts comme le souhaitaient les usurpateurs de nom qui se sont nommés Ançar Dine subitement. Car, parmi les nombreuses associations religieuses au Mali, notre Ançar Dine est celle qui travaille mieux dans une totale autonomie sans dépendre ni des arabes ni des occidentaux. Avec nos propres cotisations, nous avons construit des médersas, des hôpitaux et des locaux qui permettent d’aider les pauvres. Chaque année nous distribuons aux nécessiteux entre 50 et 60 tonnes de vivres. Nos actions humanitaires sont connues de tous. Ces gens là se sont emparés de notre nom pour nous vilipender plus à l’extérieur qu’à l’intérieur du Mali où nous fonctionnons depuis plus de 20 ans. On ne peut créer une telle confusion de noms dans la tête des maliens. Nous avons alors adressé des correspondances à toutes les représentations diplomatiques au Mali pour leur dire que notre Ançar Dine est foncièrement différente de celle qui est dans le nord. Mais, nos dirigeants, par peur, par méconnaissance ou par impuissance, ont contribué à coller aux bandits armés notre nom. C’est le gouvernement qui nous a pourtant reconnu par un récépissé délivré à ce nom Ançar Dine.

Après l’occupation du nord, quatre jeunes Ançars ont quitté ici, sur invitation de notre association Ançar Dine installée en Guinée, pour faire le prêche religieux. Conformément à nos règlements, ils se sont présentés à l’Ambassadeur de notre pays résidant là-bas avant de demander l’autorisation de prêcher. En préparation pour prêcher, nos quatre jeunes ont vu devant leur résidence 4 véhicules remplis d’hommes bien armés qui sont venus les enchainer. Ils sont allés les enfermer sous l’ordre des autorités guinéennes sous prétexte qu’ils sont membres d’une organisation dénommée : Ançar Dine.



Option : Il s’agit de quelle Guinée?



C.O. M. Haidara : C’est la Guinée-Conakry, pays voisin, qui en a fait une affaire d’État en empêchant notre Ambassadeur résidant à Conakry de reparler et revoir ces 4 jeunes emprisonnés dans « un lieu secret ». Nous avons alors alerté nos autorités militaires et politiques. Celles-ci sont intervenues auprès du Président de la République de Guinée, Alpha Condé, pour témoigner que ces jeunes maliens ne sont pas des malfaiteurs mais plutôt des prêcheurs. Malgré cette intervention de haut niveau, nos jeunes sont restés enfermer pendant une semaine de plus. Après, ils ont été conduits, sous haute surveillance d’hommes armés, de Conakry à Kourémalé(la frontière entre le Mali et la Guinée) pour les livrer aux gendarmes maliens.



Option : Ces jeunes ont-ils été arrêtés en possession d’armes?



C.O. M. Haidara : Pas du tout, à part leurs habits, ils n’avaient que des Corans pour faire leur travail. Cette utilisation illicite de notre nom nous a causé des ennuis dans plusieurs endroits car, nous sommes implantés dans plus de 22 pays à travers le monde.



Option : L’ Ançar Dine que vous dirigez, a une bonne et grande réputation internationale. Êtes-vous le représentant de cette organisation islamique au Mali ou son fondateur. Quand, pourquoi et comment a-t-elle été créée?



C.O. M. Haidara : Bien! Notre Ançar Dine a été initiée et fondée au Mali d’abord avant de se répandre à travers le monde. Il y a plus de 20 ans que nous avons créé cette association après avoir constaté des erreurs dans la pratique de l’islam. Il fallait dénoncer des comportements inadéquats d’un grand nombre de personnes qui pratiquent la religion musulmane. Car, nous avons amèrement constaté que beaucoup de gens qui font la pratique de la Prière sont considérés comme des musulmans. Même si ces mêmes gens volent, violent, mentent, touchent aux femmes d’autrui, détournent à leurs profits les biens publics, tant qu’ils continuent à prier, ils paraissent comme «Silamè» bons musulmans. Pourtant, la prière seul ne fait pas de quelqu’un un musulman. Beaucoup d’illettrés ont compris et bien apprécié nos propos surtout qu’on n’a jamais hésité de dire que, selon Dieu, tous les dirigeants du pays qui causent des torts à leurs peuples, finiront mal. Par contre, tout dirigeant, même étant cafre(non musulman) s’il sert bien ses populations en atténuant leurs souffrances, sera rehaussé par Dieu sur cette terre. Dans l’au-delà, Dieu le punira pour n’avoir pas eu de bons comportements religieux pendant son existence. À notre début, le Président, Moussa Traoré, qui était au pouvoir avec son parti unique, Udpm, n’a pas du tout digéré nos critiques. Ce président a été conforté dans sa dure position par d’autres prêcheurs qui contestaient aussi nos critiques contre le pouvoir. C’est dans ce contexte que les autorités de l’époque nous ont donné une lettre d’interdiction de faire le prêche dans les lieux publics. De nombreuses personnes qui croyaient fermement à mes propos venaient dans ma maison pour m’écouter. Les dirigeants m’ont adressé une seconde lettre m’interdisant cette fois-ci de prêcher même chez-moi. Ils m’ont aussi interdit de donner des instructions coraniques aux enfants. Même si quelqu’un venait me demander des renseignements sur l’islam, je n’avais pas le droit de lui répondre. Des gens qui ont constaté que le pouvoir militaire a trop abusé de mes droits élémentaires, se sont regroupés en très grand nombre pour prendre en charge mes besoins. Ils ont décidé alors de payer mon logement, mon électricité et ma nourriture. Dans le but de me donner un soutien solide et durable, ils ont pensé s’organiser en association dénommé : « Haidara kanoun bagaw » ( Les adeptes de Haidara) au sens religieux du terme. Je n’ai pas accepté que mon nom soit au centre de celui de cette association même si elle est fondée pour moi. Ainsi je leur ai proposé le nom Ançar Dine qu’ils ont bien voulu donné à l’association.



Option : pourquoi, vous avez rejeté « Haidara kanoun bagaw» et choisi Ançar Dine, quelle la bonne définition du nom retenu ?



C.O. M. Haidara : Je leur ai dit qu’avant d’être mes grands admirateurs, ils ont été d’abord de vrais adorateurs de Dieu. Car au temps du prophète Mohamed, Messager de Dieu, les croyants qui se sont donnés corps et âme pour l’aider à consolider l’islam étaient des Ançars. C’est avec l’aide de ceux-ci que le prophète Mohamed, qui était en difficulté à la Mecque, a pu quitter pour s’installer à Médine.

Ainsi, je les ai persuadé que, eux et moi, nous sommes des « Allah ka Diné Dèmè bagaw » ( Des gens qui aident la religion de Dieux) donc Ançar Dine.

Depuis sa création, notre association continue d’être admirée par des gens de toutes les couches socioprofessionnelles surtout celle des jeunes élèves et étudiants à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali. Une admiration qui dépasse l’entendement. Tous ceux-ci viennent à nous pour la « Baya » (Prêter serment). Quand les gens répondaient à l’appel du prophète Mohamed, il leur proposait de faire ces 6 engagements : 1- Je reconnais l’unicité de Dieu. 2- Je ne volerai pas. 3- Je ne ferai pas d’adultère. 4 – Je ne tuerai pas mon enfant(car dans certains pays arabes des parents enterraient vivant leur bébé s’il est fille à la naissance). 5 – Je ne tricherai ni sous mes pieds(la femme) ni sous mes bras(l’homme). C’est –à-dire, la femme qui sait qu’elle est en début de grossesse, le cache à son futur époux en lui attribuant la paternité de ce futur enfant. L’homme qui enceinte une femme et refuse de reconnaître la paternité de l’enfant. 6 – Je suis prêt à effectuer tout bon travail que mon prophète me demande de faire. Telles sont les 6 serments appelés Baya que les gens continuent de faire avec nous. Certains «Karamoko» prêcheurs ou imams ne sont pas du tout d’accord avec nous sur cette Baya pourtant bien appréciée par une grande partie de la population. Dans toutes les régions du Mali et dans tous les quartiers du district de Bamako, il y a un siège de notre Ançar Dine.



Option : Vous faites de la critique sociale et surtout vous critiquez vertement les dirigeants du pays, n’avez-vous pas peur pour votre vie?



C.O. M. Haidara : Qu’on vive à sa guise ou qu’on suive la volonté de Dieu pendant toute sa vie, on finira toujours par mourir. Notre vie sur terre n’aura pas d’importance si on ne dénonce pas les exactions subies par les gens. Quand on ne tente pas de mettre fin à ces abus et qu’on n’ose pas les décrier, mieux vaut mourir que vivre. Sur ce droit chemin de Dieu, on ne doit pas craindre la mort. On ne doit avoir peur que de Dieu.



Option : Pouvez-vous nous donner des éclaircissements sur cette Charia que des islamistes agresseurs prônent et appliquent par des amputations, lapidations et violations de la liberté et de la dignité des populations du nord?



C.O. M. Haidara : Ces islamistes agresseurs font ce qu’ils veulent sous le prétexte d’appliquer la Charia. Dans un passé très lointain, des juifs non musulmans mais très instruits avaient tentés de piéger le prophète Mohamed pour lui faire honte. Car, selon eux, mieux vaut vaincre quelqu’un dans la lutte des idées que de le mettre par terre avec des coups de bâtons. Ils ont alors interrogé le prophète, devant une grande foule, en ces termes : « Nous avons entendu que vous êtes un messager de Dieu, quel est la mission particulière que Dieu vous a chargé de faire sur cette terre? » En lui posant une telle question, ces chrétiens pensaient que Mohamed ne parlerait que de la mission d’encourager les gens à faire la prière et le jeun. Ils lui diraient que eux chrétiens ont fait la prière et le jeun bien avant lui. Au prophète des musulmans de leur répondre ainsi : « Dieu m’a envoyé pour préserver et développer les bons comportements des humains sur terre ». Il a ainsi impressionné ses interlocuteurs et la foule qui l’écoutaient. Comme exemple de bons comportements : éviter de faire du tort à ses semblables et venir en aide aux nécessiteux. Telle fut une des raisons principales de la promotion de l’islam dans le monde. Mais, il a été constaté que parmi les nombreuses personnes qui ont adhéré à l’islam certains continuaient à faire des mauvais comportements en cachette comme la tuerie, le vol, le viol, l’adultère et autres. Afin de fortement diminuer ces pratiques bannies par l’islam, la Loi appelée Charia a été décidée. Elle mentionne que toute personne qui commettra un délit de vol sera amputée de la main et que l’auteur de l’adultère subira la lapidation. Mais, il a été précisé que ces mesures ne seront applicables qu’après rassemblement des preuves palpables. Par exemple, il ne suffit pas de dire qu’on a vu un homme et une femme nus s’enlacer. Mais il faut que le témoin jure avoir vu( excusez moi du terme, nous a dit Haidara) le sexe masculin et féminin l’un dans l’autre. Ce qui rend très difficile de prouver l’adultère. C’est comme si on disait d’attendre qu’une personne qui marche commence à bouger en vol plané comme un oiseau pour considérer son acte de délictueux avant de le lapider. Dans la mesure où on ne peut pas voir ça entre homme et femme et que le marcheur n’est pas capable d’imiter l’oiseau en vol, on doit dire que la charia est une loi établie pour faire plus de dissuasions et moins de punitions. Car, pendant 700 ans, la charia a été appliquée par amputation et lapidation 4 fois. Ces punitions n’ont été appliquées que sur des personnes qui, sans être accusées, ont volontairement avoué d’avoir commis des délits. Le prophète avait douté de la bonne santé mentale de ces personnes. Mais l’entourage du prophète, après des vérifications, a insisté sur l’application de la sentence dans le but de dissuader d’autres personnes à commettre les mêmes délits.

Voyons maintenant ce qui se passe dans notre nord. Ces gens ont froidement tué une femme ayant son bébé à côté d’elle. Selon ces tueurs, cette femme qui n’était pas mariée a fait l’adultère pour avoir ce bébé. C’est effroyable, c’est pitoyable. On ne peut faire et voir un tel acte criminel et rester tranquille. Selon la Charia la femme peut procréer sans mériter d’être punie. Car, cette femme pourrait être mentalement malade ou avoir été violée. Elle peut aussi être une vraie nécessiteuse qui, souffrant d’une maladie dangereuse, a été obligée de satisfaire les besoins d’un homme, pour avoir le prix de ses médicaments et éviter la mort. En tuant cette femme sans savoir comment et pourquoi, ils n’ont pas appliqué la charia de l’islam. La charia du bon musulman commence d’abord par la sensibilisation. On ne l’impose pas, subitement, par des coups de fusils. Ma religion est musulmane, celle de l’autre est chrétienne, je dois chercher à le convaincre sans le forcer à entrer dans la mienne. Nous n’avons pas d’abord été voir dans l’au-delà pour savoir qu’elle est la meilleure parmi les religions. Être fervent croyant de ma religion, ne fait pas de la tienne un mensonge. Il y a même des athées, si on ne parvient à les convaincre de l’existence de Dieu, qu’on les laisse. Ce qui est sûr est que Dieu nous a mis sur cette terre pour la cohabitation pacifique entre les gens de différentes religions.

La loi islamique doit servir de force de dissuasion mais pas de persécution pour la diminution des mauvais comportements.

Ici à Bamako, on court un grand risque d’être attaqué et tué par des bandits lorsqu’on sort sur une moto Jakarta pendant la nuit et même en plein jour dans les quartiers périphériques. Je suis allé voir le Président de la République trois fois pour lui dire que ce genre de tort que subissent les populations est un mauvais présage pour le pays.



Option : Vous parler de quel président ?



C.O. M. Haidara : Il s’agit de ATT. Il m’a répondu « …quoi faire encore? On fait des contrôles en mettant nos gens partout…». Je lui ai dit que certains braqueurs et tueurs sont bien sûr arrêtés et présentés quelques fois à la télévision en masquant leurs visages. Si nos dirigeants avaient décidé d’appliquer fermement la loi et informé les populations que la fusillade des tueurs sera retransmise en direct à la télévision à 03 heures du matin, quand les enfants sont couchés, on fera cent ans sans que d’autres ne commettent des braquages et des tueries. Mais, dès qu’on les enferme, ils consomment le thé et la drogue tranquillement avant de se retrouver dans les rues pour refaire impunément les mêmes braquages et tueries. Pourtant, dans la loi malienne, la peine de mort existe mais n’est pas appliquée. Normalement, celui qui tue volontairement quelqu’un, sans aucun accident, doit être jugé et tué.



Option : Nous profitons de notre rencontre pour avoir des éclaircissements sur votre éventuelle démission du Haut Conseil Islamique du Mali dont vous êtes le vice-président. Vous avez, certes, fait un démenti laconique, mais pouvez-vous nous donner des précisions sur ce qui se passe réellement au sein de ce Haut Conseil?



C.O. M. Haidara : Non, non, non ! Je suis dans le Haut Conseil toujours, et je n’ai pas démissionné de mon poste de vice-président. Mais, dans le Haut Conseil, certaines choses ont été faites qui n’étaient pas bonnes. Au lieu de me taire là-dessus, j’ai préféré les dénoncer. Quand ces gens sont venus occuper le nord de notre pays, ils ont fait des amputations, lapidations et destructions des mosquées et mausolées. Le président de notre Haut Conseil est Mahmoud Dicko. Même s’il est wahabite(wahabia), il représente toutes les confréries musulmanes du Mali. La conception musulmane wahabite n’est pas favorable à l’enterrement de corps dans une mosquée, à la Ziara, au Mahouloud et autres. Par contre nous qui ne sommes pas des wahabites, approuvons ces pratiques.



Option : Comment on appelle les musulmans qui ne sont pas wahabites?



C.O. M. Haidara : Ceux-ci sont appelés Chiaou, Ahalou Tasaout ou Soufi(mais pas nécessairement ceux qui ont les cheveux tressés).

Nous nous réclamons tous de la même religion musulmane et de la seule nation malienne qu’on soit wahabite ou pas. Il faut préciser que les wahabites constituent seulement 15% de la population musulmane du Mali. Malgré cela, nous avons choisi Dicko pour nous diriger. Quand ces islamistes qui se disent de la tendance wahabite ont commis leurs dégâts au nord, ce sont toutes les populations musulmanes, bref maliennes qui ont été offensées! N’ayant manifesté aucune intention de fustiger ces saccages en sa qualité de président de tous les musulmans, je l’ai appelé pour lui dire qu’il est de son devoir de les désapprouver à la télévision. Dicko l’a accepté par principe mais ne la pas fais lors de son passage à la télévision. Je l’ai appelé une deuxième fois. Quand il venait, j’étais avec d’autres «Karamoko» chefs religieux. Ensemble, nous lui avons dit qu’il est obligatoire pour lui de condamner à la télévision cette agression pour raffermir la crédibilité de notre Haut Conseil Islamique. De commun accord, nous avons invité au CICB(Centre International des Congrès de Bamako) tous les musulmans et toute la presse au sujet de la crise au nord. C’est à cette rencontre que notre président a enfin condamné les actes barbares des vendeurs de drogues et assassins dans le nord. Depuis lors, il a continué à condamner, sans hésiter, les autres actes ignobles de ces gens qui font tranquillement au nord tout ce qu’ils veulent. Cette courte période de discussions houleuses mais fructueuses a prouvé l’ouverture d’esprit, le respect mutuel et l’entente qui existent entre nous les responsables du Haut Conseil. Avant qu’on ne commence cette entrevue, Dicko m’a appelé. Contrairement à ce que certains croient, Dicko est au courant de la création de notre nouvelle organisation : Groupement des Leaders Religieux du Mali que je dirige. Ce Groupement ne dépend pas du gouvernement contrairement au Haut Conseil Islamique qui est une des institutions du Mali. L’un ne dérange pas l’autre. Être vice-président du Haut Conseil ne m’empêche pas de mener des activités au sein du Regroupement. Malgré ce que certaines presses racontent, il y a de bonnes et respectueuses relations entre Dicko et moi.


Option : Vous êtes un prêcheur d’une grande réputation nationale et internationale. Pouvez-vous nous parler de la formation ou l’éducation qui vous a permis d’atteindre un niveau si étonnant dans le domaine religieux?


C.O. M. Haidara : Je dis toujours que c’est Dieu qui est la vérité. Même quand on n’est pas instruit, tout être humain connait le mauvais. Dieu a donné à chacun un esprit pour distinguer la vérité du mensonge. Je ne suis pas issu d’une famille de leaders religieux. Mon père était un commerçant. Ma mère était une ménagère. Tout ce que je peux vous dire, sur moi Haidara, est que mes paroles prononcées appartiennent à Dieu. Tout ce que je fais a été soutenu par Dieu.

Option : Quel est votre mot de la fin

C.O. M. Haidara : Je le redis, seule l’entente entre nous permettra à notre pays de s’en sortir. Surtout l’entente entre les militaires qui sont notre espoir pour libérer le pays, car, en entrant dans le corps militaire, ils ont pris le serment de nous défendre au prix de leur vie. Dieu ne donne son aide qu’à des gens qui s’entendent. Même quand les gens ne sont pas nombreux, l’entente leur permettra d’avoir le soutien de Dieu. Que ce bon Dieu protège le Mali contre ses ennemis internes et externes.


Propos recueillis par Lacine Diawara

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