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ONU : Les vérités de Adoulaye Diop devant le conseil de sécurité
Publié le mercredi 15 avril 2015  |  L’Informateur
SEM
© aBamako.com par Momo
SEM Abdoulaye DIOP rencontre le Corps diplomatique dans le cadre du 4è round des Pourparlers Inclusifs Intermaliens d`Alger
Bamako, le 09 Décembre 2014. Le Ministre des Affaires Étrangères, de l`Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, SEM Abdoulaye DIOP, dans le cadre de sa démarche d’échanges et d`information sur le quatrième (4è) round des Pourparlers Inclusifs Intermaliens d`Alger a rencontré ce Mardi dans la Salle de Conférence du Ministère l`ensemble du Corps diplomatique.




Nous vous livrons ici en intégralité le discours que le ministre des Affaires étrangères de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, vient juste de tenir devant le Conseil de sécurité des Nations Unies à New York.
Madame la Présidente,
Permettez-moi de vous adresser les chaleureuses félicitations de la délégation du Mali pour l’accession de votre pays, le Royaume hachémite de Jordanie à la présidence du Conseil de sécurité pour ce mois d’avril, et en même temps, rendre à la République française tout l’hommage qui lui revient pour la perspicacité avec laquelle elle a conduit les travaux du Conseil au cours du mois dernier.
Je voudrais ensuite exprimer la profonde gratitude de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali, du Gouvernement et du peuple maliens à l’endroit de notre Organisation commune, les Nations Unies, ainsi qu’à ses Etats membres pour l’appui multiforme et constant au processus de paix au Mali depuis janvier 2012, date à laquelle a commencé la plus grave crise de l’histoire de notre pays.
Dans ce chapitre, je salue et réaffirme la confiance du Gouvernement du Mali dans la Médiation internationale dirigée par l’Algérie, et comprenant l’Organisation des Nations Unies, l'Union africaine, la CEDEAO, l'Union Européenne, l'Organisation de la Coopération Islamique, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Nigéria, le Niger et le Tchad.
Je salue le rôle et la contribution de la France au Mali et tous les sacrifices consentis.
Je voudrais saisir cette occasion pour saluer l’engagement personnel du Secrétaire général en faveur de la paix et de la réconciliation au Mali.
J’adresse les vifs remerciements du peuple malien à toutes les nations amies et organisations internationales partenaires qui ont manifesté leur solidarité vis-à-vis du Mali en envoyant sur le terrain leurs enfants ou leurs experts pour défendre les valeurs qui fondent notre humanité.
Je m’incline pieusement devant la mémoire de ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur, au Mali, pour la défense de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie.
Madame la Présidente,
Le Gouvernement du Mali prend acte du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur l’évolution de la situation au Mali, publié sous la côte S/2015/219 du 27 mars 2015.
Toutefois, il convient d’atténuer l’affirmation selon laquelle je cite : « toutes les parties maliennes ont violé le cessez-le-feu », fin de citation. A ce propos, je tiens à souligner que le Gouvernement n’a jamais violé le cessez-le-feu. Et les mécanismes de vérifications et d’observations mis en place à cet effet, la Commission technique mixte de sécurité (CTMS) et les Equipes mobiles d’observation et de vérification (EMOV), présidés par la MINUSMA, n’ont jamais signalé aux autorités maliennes une quelconque violation du cessez-le-feu par les forces armées et de sécurité du Mali.
Madame la Présidente,
Il vous souviendra que le 25 juin 2014, dans cette même salle, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 2164, prorogeant le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Aux termes de cette résolution, le Conseil de sécurité, je cite : « Exige de nouveau de tous les groupes armés présents au Mali qu’ils déposent les armes, cessent immédiatement les hostilités et renoncent à la violence, et prie instamment tous les groupes armés qui ont rompu tous liens avec des organisations terroristes et reconnaissent sans condition l’unité et l’intégrité territoriale de l’État malien, d’entamer un dialogue sans exclusive ouvert à toutes les communautés du nord du Mali » fin de citation.
En outre, le Conseil « exhorte en particulier les Autorités maliennes à lancer sans tarder un processus de négociation crédible et ouvert avec les groupes armés qui ont signé l’Accord préliminaire de Ouagadougou ou y ont adhéré et avec les groupes armés du nord du Mali qui ont rompu tous liens avec des organisations terroristes et se sont engagés à respecter sans conditions les dispositions de l’Accord ».
Enfin, le Conseil « demande instamment aux parties en négociation, de se concerter avec le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali afin de parvenir à un règlement politique durable de la crise et au rétablissement de la paix et de la stabilité à long terme partout dans le pays, dans le respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’État malien ».
Madame la Présidente,
Loin de procéder à une lecture fastidieuse de cette résolution, je voudrais simplement faire observer par allégorie, que par les dispositions précitées, le Conseil de sécurité, dans sa grande sagesse, a confié aux parties maliennes en négociation et à la Communauté internationale, l’exécution d’une symphonie à trois partitions devant être jouées sur la plateforme de la paix et de la réconciliation à long terme au Mali.
Si le Gouvernement du Mali a pleinement et entièrement joué la sienne en s’engageant de bonne foi dans le processus de paix enclenché à Alger le 16 juillet 2014 et en paraphant en même temps que la Plateforme des mouvements du Nord l’Accord soumis aux parties par la médiation internationale, tel n’est pas le cas de la Coordination des mouvements du Nord qui a refusé d’aller dans cette direction, en dépit des nombreux appels de la Communauté internationale.
Cette attitude constitue une marque de défiance vis-à-vis de la Communauté internationale à travers la Médiation qui a consacré huit longs mois d’efforts intenses et de sacrifices pour l’avènement de la paix et de la stabilité au Mali et dans la région du Sahel.
Madame la Présidente,
J’ai fait ce rappel pour souligner que conformément aux dispositions pertinentes des résolutions et déclarations du Conseil de sécurité, le Gouvernement du Mali, guidé par les orientations du Chef de l’Etat, le Président Ibrahim Boubacar KEITA, a engagé les Pourparlers inclusifs inter-maliens, sous l’égide de la Médiation internationale menée par l’Algérie.
A l’issue de huit mois d’intenses négociations, les parties aux pourparlers inclusifs inter-maliens ont conclu et paraphé le projet d’Accord pour la paix et la réconciliation au le Mali, à l’exception de nos frères de la Coordination des mouvements armés qui ont demandé un délai pour consulter préalablement leur base.
Pour sa part, le Gouvernement du Mali a toujours honoré ses engagements. En effet, en paraphant le projet d’accord, en toute responsabilité et malgré la non prise en compte de son Mémorandum de 12 pages d’amendements remis aux membres de la Médiation internationale, le Gouvernement du Mali a montré sa bonne foi dans la recherche de compromis dynamiques permettant de parvenir à une paix juste et définitive à la crise que traverse notre pays, et cela dans le respect strict des principes édictés par le Président de la République du Mali, à savoir le respect de l’intégrité territoriale, la souveraineté, le caractère unitaire de l’Etat du Mali, sa forme républicaine, démocratique et laïque.
Permettez-moi de rappeler, qu’en ce qui le concerne, le Gouvernement malien a organisé, à toutes les étapes des pourparlers inclusifs inter-maliens, des campagnes de sensibilisation des forces vives du Mali (partis politiques, société civile, leaders communautaires, personnes réfugiées et personnes déplacées, forces armées et de sécurité…), en vue d’une adhésion massive des populations au Processus.
Les Maliens dans un mouvement d’ensemble, ont formé une Alliance nationale pour la Paix et l’Unité du Mali et ont organisé des marches gigantesques dans toutes les grandes villes du pays pour montrer leur attachement à la paix et exiger la signature de l’Accord par toutes les parties.
Le Gouvernement malien a donc paraphé l’accord, fort du soutien de la grande majorité des maliens, qui n’aspirent qu’à la paix.
C’est dire, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de sécurité, que nous avons là un momentum à saisir : oui, les Maliens sont prêts pour la paix. Ils sont fatigués de la guerre. Ils veulent tourner cette page sombre de l’histoire de notre Nation, Une et Indivisible. Ils veulent aller de l’avant. Ils veulent surtout être entendus, ils veulent être compris et respectés.
Madame la Présidente,
Au moment où je vous parle, soit exactement 40 jours après le paraphe de ce projet d’accord, force est de constater que la Coordination n’a toujours pas paraphé ce document de compromis. Cela :
· malgré l’engagement qu’elle a pris, le 9 juin 2014 à Alger, de s’investir pour résoudre pacifiquement le conflit du Nord du Mali à travers un accord de paix global et définitif avec le Gouvernement du Mali ;
· malgré les nombreux appels lancés par votre Conseil et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine;
· malgré la visite, le 17 mars 2015 à Kidal, de la Médiation internationale pour amener la Coordination de ne pas rester en marge du Processus de paix.
Un refus de parapher et de signer un accord obtenu à l’issue d’un processus inclusif, vous en conviendrez avec moi, comporte des risques énormes pour la paix au Mali et dans la région, voire au-delà. Il crée une atmosphère non propice à la consolidation de la confiance tant nécessaire entre tous les protagonistes pour la poursuite du processus de paix et prépare le lit d’initiatives malsaines susceptibles de remettre en cause l’édifice chèrement bâti au cours des huit mois de négociations.
Le refus de la Coordination de parapher le projet d’accord favorise également les groupes terroristes et de narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du Nord du Mali et de toute la région du Sahel, voire au-delà. En témoignent les attentats terroristes perpétrés depuis mars 2015 à Bamako, Gao, Kidal, Boni…
Je dois dire ici que le processus de négociations a été marqué par des consultations directes et indirectes avec l’ensemble des parties prenantes maliennes, parfois sans la Médiation, car certaines discussions directes ont eu lieu souvent dans nos chambres d’hôtel et dans les couloirs.
Madame la Présidente,
C’est le lieu de rappeler que ce n’est pas le Gouvernement du Mali qui a mis fin aux négociations. La Médiation, après avoir longuement écouté toutes les parties maliennes, y compris la société civile, a proposé le projet paraphé, en tant que compromis dynamique et équilibré permettant de résoudre définitivement la crise actuelle dans notre pays.
Nous saluons le courage et le sens de compromis de la Plateforme des mouvements, qui a clairement fait le choix de l’unité du pays et de la paix.
Nous sommes convaincus que beaucoup de nos frères et sœurs de la Coordination n’aspirent qu’à la paix. Ils nous l’ont dit et nous croyons en leur bonne foi. Cependant, leurs voix restent encore peu audibles, à côté de celles de quelques radicaux qui, pour des motifs inavoués et par des manœuvres dilatoires et des tergiversations, veulent faire obstacle à la paix.
Le Conseil de sécurité et les bonnes volontés doivent aider ceux qui veulent la paix à assumer leur choix avec courage et à le faire savoir.
Notre appel ardent est que la Coordination des mouvements saisisse l’occasion historique de faire la paix, dont la première étape est le paraphe et la signature en l’état du projet d’accord pour la paix et la réconciliation. Car, il n’y a pas d’alternative à la paix.
Il est donc inacceptable que le processus de paix au Mali, espoir de 15 millions de Maliens, soit pris en otage par un groupe d’individus radicaux et extrémistes. Ceux qui, malgré tout, auront choisi de se mettre en travers du chemin menant à la paix, ne laisseront à la Communauté internationale que le choix de les isoler et de les traiter comme tel en leur imposant des sanctions, conformément du reste à la Déclaration de votre Conseil du 6 février 2015.
Nous saluons donc, toutes les initiatives visant à encourager nos frères de la Coordination à s’inscrire résolument dans la dynamique et à faire en sorte que le mois d’avril soit le mois de la décision pour le paraphe et la signature de l’accord.
A cet égard, nous sommes encouragés par l’annonce faite par l’Algérie de la cérémonie de paraphe par la Coordination des mouvements, prévue pour le 15 avril 2015 à Alger, avec l’espoir qu’elle aboutira rapidement, sans condition ni préalable, à la signature par toutes les parties de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Madame la Présidente,
Le statut quo nous met en face d’une question de sécurité nationale, sous-régionale, régionale voire internationale. Nous demandons au Conseil de sécurité de ne pas se laisser distraire par l’aile radicale de la Coordination qui instrumentalise les populations pour faire croire à la communauté internationale que sa « base a rejeté l’Accord ».
Aujourd’hui, la Communauté internationale, à l’image de ce qu’elle fait dans d’autres régions, devrait tout mettre en œuvre pour extirper les terroristes, les narcotrafiquants et les forces hostiles à l’Accord de paix au Nord du Mali. Un travail déjà entamé dans ce sens devrait être achevé.
Madame la Présidente,
Je suis venu devant le Conseil de sécurité des Nations Unies pour lui demander :
1. d’endosser l’Accord paraphé, le 1er mars 2015, comme l’a fait le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, dans son Communiqué, adopté le 27 mars 2015 à Addis-Abeba et dont copie vous a été distribuée ;
2. d’apporter son plein appui à l’Accord paraphé à l’image de la France qui l’a déjà fait à Alger le 1er mars 2015;
3. de continuer à exercer les pressions nécessaires pour amener la Coordination des mouvements du Nord à parapher l’Accord sans délai en vue de sa signature à Bamako courant avril 2015 et le cas échéant, envisager des mesures, y compris celles contenues dans votre déclaration présidentielle du 6 février dernier à savoir les sanctions ciblées contre ceux qui font obstacle au processus de paix d’Alger.
Enfin, je suis venu vous demander de ne pas cautionner une reprise quelconque des pourparlers d’Alger pour la simple raison qu’une telle option est inacceptable pour mon Gouvernement et pour la Médiation internationale ; car elle fait courir le risque d’un précédent dangereux.
Je voudrais saisir cette occasion pour réaffirmer que le Gouvernement du Mali n’a jamais fermé la porte du dialogue avec nos frères de la Coordination. Mais les négociations sont terminées.
Le Gouvernement a d’ailleurs commencé à prendre certaines mesures dans le cadre de l’application de cet accord. Ainsi, les agences de développement régionales ont été créées ; les dates des élections communales ont été repoussées en vue de la participation de toutes les collectivités à ces échéances électorales de proximité ; les campagnes de sensibilisation sur l’accord paraphé ont été menées dans les régions, à Bamako et dans les camps de réfugiés dans les pays voisins.
Madame la Présidente,
Pour terminer, je voudrais rappeler que nous sommes à une phase cruciale du Processus d’Alger. Le Gouvernement du Mali a pris toutes ses responsabilités en s’engageant pour la paix. La Plateforme des mouvements a fait de même.
La Médiation internationale, menée par l’Algérie a, à l’unanimité, paraphé cet accord. La France l’a également paraphé et les Etats-Unis d’Amérique ont fait une déclaration de soutien à l’accord paraphé.
Nous saluons l’unité d’action de la Médiation internationale, qui est essentielle pour l’aboutissement du Processus de paix.
Aujourd’hui, le Conseil de sécurité des Nations Unies est, à son tour, mis devant ses responsabilités.
Le Peuple malien vous regarde. Les pays de la région et le monde épris de paix et de justice vous observent.

Je vous remercie de votre aimable attention.
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