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Libération des régions Nord du Mali: La Communication militaire : un outil incontournable
Publié le lundi 26 novembre 2012  |  Le 26 Mars


Crise
© Reuters
Crise au Nord du Mali
Des milicien de Ansar Dîne


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En toute évidence, une intervention militaire est la seule solution à même de libérer les régions nord du Mali. Mais, une guerre contre des individus pressés de mourir pour se retrouver au « paradis » n’est pas facile à gagner.

Le rôle que jouera la communication militaire dans ce genre de bataille sera déterminant.

L’armée fut longtemps surnommée, comme chacun le sait, « la Grande muette ».

La pratique du silence attachée à l’institution militaire s’enracine dans un lointain passé. D’une manière générale, on note cette invitation au mutisme dans la plupart des traités de polémologie (étude de la guerre considéré comme phénomène d’ordre social et psychologique) évoquant les principes stratégiques des guerres classiques.

Ainsi recommande-t-on, dans plusieurs ouvrages analysant la bataille guerrière dont L’Art de la guerre (premier traité de stratégie militaire écrit au monde) par un philosophe chinois du nom de Sun Tzu , la connaissance des projets de l’ennemi par la voie du renseignement, tandis qu’une grande discrétion sur les desseins personnels est conseillée, afin que soit rendue possible une guerre éclair prenant par surprise les troupes adverses. La diffusion de fausses rumeurs ou intoxication est également proposée pour que les forces antagonistes soient trompées sur les intentions réelles de l’attaquant. Car « la guerre repose sur le mensonge »…

Très tôt dans l’histoire militaire, donc, une attention de premier ordre a été accordée à la quête et à la circulation maîtrisée d’une information qui peut rapidement être convertie en désinformation. Apparaissant comme une arme à double tranchant, pouvant tout aussi bien entraîner la victoire ou la défaite, la communication fut toujours considérée avec méfiance et maniée avec prudence par les armées. Conscientes, à l’instar de Napoléon Bonaparte, que « quatre gazettes font plus de tort que 100 000 soldats en campagne », celles-ci ont assis leur mode de fonctionnement même sur la protection du secret, grâce à une classification des documents détenus selon leur degré de confidentialité.

Outre ce fondement stratégique, on relève des motivations de nature structurelle et organisationnelle : le devoir de réserve, par exemple, impose des limites au militaire afin que ce dernier ne livre une opinion personnelle lorsqu’il s’exprime au nom de l’institution à laquelle il appartient. Le principe de subsidiarité, quant à lui, selon lequel chacun participe à la délivrance de l’information à son niveau, est plus particulièrement lié à la structure hiérarchique des armées.

DE L’INFORMATION À LA COMMUNICATION : CAUSES ET ENJEUX

Ce n’est que très progressivement que les armées ont abandonné leur familière position de repli pour s’ouvrir au monde profane de la communication. À la base de ce processus, on peut identifier trois causes majeures.

La première, de nature géopolitique, correspond à la fin de la guerre froide. Jusqu’aux années 80, en effet, les rivalités qui opposaient les blocs de l’Est et de l’Ouest justifiaient que chaque partie tût ses avancées technologiques en matière d’armement et de conquête spatiale ; mais à mesure que le danger diminuait, le mutisme à l’égard de la population perdait sa raison d’être. En outre, les « menaces moins perceptibles » entraînent une vision floue des armées et un certain détachement à l’égard de la chose militaire, comme le souligne le Schéma directeur de la communication de la Défense 2000-2002. Dans le climat du dégel, l’institution de Défense a donc dû justifier ses dépenses, prouver sa légitimité et sa nécessité en communiquant sur ses besoins, ses moyens et ses enjeux, auprès des décideurs politiques afin que lui soient alloués les budgets garantissant son fonctionnement, mais aussi auprès du grand public, pour remporter l’adhésion et obtenir le soutien de ses opérations.

La deuxième cause est de nature technologique et sociétale. L’apparition des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), la mondialisation des flux et l’influence grandissante des médias sur l’opinion publique, qui considère le droit à l’information comme une exigence démocratique, ont incité les forces armées à réviser leur attitude de réserve. En 1994, le Livre blanc sur la Défense, évoquant les nouvelles règles du jeu qu’impose la globalisation des échanges, observe que « la gestion médiatique devient l’un des éléments de la stratégie militaire ». « L’information est désormais au cœur de toute politique de défense », pour ce que « les médias ne sont plus seulement des spectateurs mais des acteurs des crises et des conflits, qui pèsent sur leur conduite et leur issue », ce qu’avait prouvé l’intervention des armées britanniques dans les Malouines, en 1982.

Enfin, le dernier déclencheur a trait à la suspension du service national, annoncée par M. Jacques Chirac dès 1996. La professionnalisation, en effet, a entraîné de profondes restructurations et rendu nécessaire l’élaboration d’une politique de communication destinée d’une part à développer le potentiel d’attractivité du métier des armes afin de recruter des effectifs ; d’autre part à augmenter la visibilité des armées et à renforcer le lien nation-défense, jadis assuré par la conscription, et dont on peut craindre qu’il sera altéré, à plus ou moins long terme.

Engageant près de 30 000 jeunes par an, la Défense se positionne comme le « 1er recruteur national », selon le mot de M. Jean-François Bureau, porte-parole du ministre et délégué à l’information et à la communication de la Défense (Dicod). Cette nouvelle donne permet de comprendre que l’institution de Défense, après avoir répondu aux attentes de l’opinion publique en faisant de l’information son premier cheval de bataille, ait progressivement donné la priorité à la communication, et plus précisément à une communication de séduction.

L’ORGANISATION DE LA COMMUNICATION DE DÉFENSE

La création de la Dicod, en 1998, a opéré une rupture radicale dans la communication de Défense. La dissolution du Sirpa central (Service d’information et de relation publique des Armées), en effet, marquait une volonté d’émancipation de l’organe militaire vis-à-vis du cabinet du ministre, dont il n’était jadis que le bras séculier, ce qui donnait fréquemment lieu à des conflits.

Chargée de définir les grandes orientations stratégiques et de délivrer les discours officiels du ministre auprès du public, mais également auprès des Sirpa des quatre forces armées et autres services, la Dicod conserve un lien étroit avec le ministère de la Défense, puisqu’elle élabore notamment ses campagnes de communication. Le rôle d’intermédiaire qu’elle occupe entre le ministère et les armées atténue cependant les ingérences directes des figures politiques et des hauts fonctionnaires civils dans la sphère militaire. Cette entité interarmées est donc tout à la fois centralisatrice et coordinatrice. Elle impose aux différentes armées un fil directeur qui assure une harmonisation du discours et garantit simultanément une autonomie relative de ces dernières vis-à-vis du politique.

La communication institutionnelle de la Défense s’exprime, grâce à la Dicod et aux Sirpa, à travers l’édition de nombreuses revues, la diffusion d’éléments de langage, la préparation d’argumentaires relatifs à des dossiers sensibles, la simulation de crises, la mise à jour d’un site Internet, l’organisation d’événements médiatiques divers, d’expositions et de manifestations militaires en tous genres, destinés à promouvoir l’image de la Défense, enfin l’élaboration de campagnes institutionnelles et de recrutement.

Paradoxe pour le moins surprenant, la Défense, d’abord réticente à communiquer, possède à ce jour le dispositif de communication le plus important de l’État, d’un point de vue quantitatif. Qualitativement, en revanche, il n’en va guère de même : en dépit de moyens financiers non négligeables, la communication peine à se hisser au rang de spécialité reconnue. Majoritairement militaire, le personnel qui y œuvre exerce ses fonctions sans avoir été formé (à 61,79 %) et le déplore fortement.



Ahmed M.THIAM

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