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Caravane de presse sur l’assurance maladie obligatoire (AMO): Comment les acteurs vivent l’AMO au quotidien ?
Publié le lundi 27 avril 2015  |  L’Humanité




C’est pour répondre à cette question que l’Association des Editeurs de la Presse Privée (ASSEP) a initié une caravane de presse sur l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Aller à la rencontre des structures qui collaborent avec la CANAM dans le cadre de la mise en œuvre de l’Assurance Maladie Obligatoire (hôpital, centres de santé de référence CSRF, pharmacies conventionnées) des villes de Fana, Ségou et Markala afin d’échanger avec leurs responsables sur le fonctionnement de l’AMO et recenser les difficultés, tel était l’objectif de la caravane de presse organisée par l’Association des Editeurs de la Presse Privée (ASSEP).
La caravane de presse a permis aux journalistes de sillonner les principales agglomérations de la cité des Balazans du 23 au 24 avril 2015. Elle a été utile et très riche en enseignements. Au cours de la caravane, la parole a été donnée à certains promoteurs de pharmacies conventionnées, aux points focaux AMO dans les trois localités, aux médecins chef des CSRF ainsi qu’à certains assurés de l’AMO.

A Fana des entretiens ont eu lieu entre les journalistes et le docteur Abdoulaye Sylla, promoteur de la pharmacie « Officine Djénéba Maguiraga », le point focal AMO à Fana, Salif Traoré, le docteur Tégué Guindo, médecin chef adjoint du Centre de Santé de Référence de Fana et Mme Traoré Maïmounata Yattara, une assurée de l’AMO. A rappeler que le Centre de Santé de Référence de Fana, enregistre près d’une quarantaine de consultations par jour. Il dispose d’un bloc chirurgical, médical et obstétrical. Toutes les pathologies y sont traitées.
Dans la capitale du Balazan, c’est d’abord à l’hôpital Nianankoro Fomba que la délégation s’est rendue. Là-bas, elle a eu des entretiens avec le directeur général par intérim de l’hôpital, Tiécoura Samaké et le docteur Soungalo Sanogo, point focal AMO. Ensuite, elle a eu un échange avec le promoteur de la pharmacie « officine Amary Daou », le docteur Cheick Sangaré, non moins président de l’Ordre des Pharmaciens de Ségou. A noter qu’il y a une vingtaine de pharmacies conventionnées à Ségou.
Le bâtiment de l’hôpital, faut-il le rappeler, a été crée en 1932. Le bâtiment était d’abord une garnison militaire. A partir de l’indépendance, dans les années 1960, il est devenu un centre de santé. En 1980, il a été érigé en hôpital régional. En 1984, il fut baptisé hôpital Nianankoro Fomba. A partir de 2006, il a devenu un établissement public à caractère administratif et commercial (EPAC). L’hôpital a un effectif de 213 agents toute catégorie confondue. Parmi ces agents, il y a 30 médecins et 18 spécialistes. Sa capacité d’accueil est de 170 lits. Depuis un certain temps, les travaux de bâtiments d’astreints sont en cours. Ce qui va permettre d’approcher les spécialistes des malades et du coup jouer sur la qualité des soins donc sur le taux de mortalité.
A Markala, avant d’être reçus par le gestionnaire du Centre de Santé de Référence, Ousmane Traoré, les journalistes ont eu des échanges avec le docteur Traoré Djénébou Oumar de « l’officine O.D ». Ils ont enfin recueilli les témoignages de deux assurés. Il s’agit de Mme Kadiatou Traoré dite Mah N’Diaye et de Youssouf Dembélé.

A l’issue de la caravane, nous nous sommes rendus compte que l’AMO suscite un engouement certain. Tous les acteurs rencontrés ont reconnu les avantages de l’AMO qui est, selon eux, un outil efficace de solidarité et de lutte contre la pauvreté. En plus, nous avons constaté que beaucoup de difficultés rencontrées sur le terrain sont dues à l’incompréhension entre la CANAM, l’INPS, la CMSS et certains prestataires (établissements sanitaires, pharmacies) ainsi qu’aux tentatives de fraude. A ces deux problèmes s’ajoute la lourdeur administrative.
A la lumière des échanges, nous avons retenu que la lourdeur dans le paiement des factures, la non disponibilité des imprimés, la rupture fréquente de stocks de médicaments, le retard dans la délivrance des cartes constituent les principaux problèmes qui ralentissent le décollage complet de l’AMO. Elles sont d’ailleurs connues par la direction de la CANAM qui ne ménage aucun effort pour pouvoir les corriger pour le grand bonheur des assurés.
M.M.B, envoyé spécial à Fana, Ségou et Markala

ILS ONT DIT…..

DOCTEUR ABDOULAYE SYLLA, PROMOTEUR DE LA PHARMACIE OFFICINE DJÉNÉBA MAGUIRAGA :
« Des difficultés existent mais la CANAM les corrige au fur et à mesure »
« Le retard dans le paiement des factures constitue pour nous un sérieux problème. Il joue sur le rythme des commandes or le taux d’enlèvement des médicaments est souvent très élevé grâce à l’engouement suscité par l’AMO. La disponibilité des médicaments est aussi une préoccupation importante. Nous nous faisons la commande au niveau la Pharmacie Populaire du Mali (P.P.M) qui souvent est en rupture de stocks en ce qui concerne certains produits. Pour palier à ce problème de rupture, nous passons la commande des médicaments non disponibles avant leur livraison, nous les remplaçons par d’autres sous le contrôle des prescripteurs. Dans l’ensemble la mise en œuvre de l’AMO poursuit normalement son chemin ».

SALIF TRAORÉ, ADMINISTRATEUR DE L’ACTION SOCIALE, POINT FOCAL AMO À FANA :
« L’AMO suscite un engouement réel »
« Nous recevons une dizaine de dossiers d’adhésion à l’AMO par semaine. Nous acheminons les dossiers à la direction de la CANAM pour l’identification. La principale difficulté est relative au gros retard dans la livraison des cartes. C’est pourquoi, nous sommes interpellés chaque fois sur la livraison des cartes des adhérents ».

DOCTEUR TEGUÉ GUINDO, MÉDECIN CHEF ADJOINT DU CENTRE DE SANTÉ DE RÉFÉRENCE DE FANA :
« L’INPS a commencé le traitement des dossiers de façon décentralisée ce qui est une très bonne chose »
« Actuellement, il n’y a pas assez de problèmes en ce qui concerne le fonctionnement de l’AMO dans le CSRF de Fana. Tous les médicaments sont disponibles au centre. La fréquentation du centre augmente. A départ, les uns et les autres se plaignaient du retard de paiement de factures surtout par l’INPS. De puis, un certain temps, l’INPS a commencé le traitement décentralisé des dossiers. Chose qui a huilé davantage le système ».

MME TRAORÉ, MAÏMOUNATA YATTARA, UNE ASSURÉE AMO :
« Certains médicaments n’existent pas les assurés sont obligés d’aller les chercher ailleurs »
« Moi je suis ménagère, je suis assurée depuis quatre ans. Mon souci c’est au niveau de la disponibilité de certains produits. Ensuite, souvent on fat la queue. On s’arête très longtemps. Je lance un appel pour que des dispositions soient prises pour remplir les pharmacies. Puisque certains médicaments n’existent pas. Il faut aller les cherches en dehors. A part ces petits problèmes, l’AMO est une bonne initiative. Elle est saluée et à pérennisée ».

DOCTEUR SOUNGALO SANOGO, POINT FOCAL AMO À L’HÔPITAL NIANANKORO FOMBA DE SÉGOU :
« L’AMO contribue à une meilleure prise en charge des malades »
« Depuis l’instauration de l’AMO, nous avons constaté un soulagement. Elle a permis de soulager les assurés et les ayants droits en leur permettant de supporter les coûts des frais de soins. Si l’on se réfère au taux de fréquentation de l’hôpital, on peut dire sans se tromper que l’AMO suscite un engouement. Au 1er trimestre 2014, nous avons enregistré 5200 consultations. A la même période en 2015, il y a eu 7500 prestations réalisées. Cet engouement ne doit pas éclipsé les difficultés. Elles sont nombreuses. Il s’agit entre autres de l’immatriculation, du retard dans le paiement de la part de l’INPS, du retard dans la livraison des cartes, de la rupture de stocks des imprimés. En plus de ces difficultés, certains pharmaciens ne respectent pas les termes de la convention. Les solutions que je préconise consistent à accélérer le processus de livraison des cartes, des imprimés, des cartes. Le message que je lance à l’endroit des réticents est le suivant : l’AMO est un système de solidarité mis en place par l’Etat pour soulager les populations. C’est une réalité ayant de nombreux avantage ».

DOCTEUR CHEICK SANGARÉ LE PROMOTEUR DE LA PHARMACIE AMARY DAOU, PRÉSIDENT DE L’ORDRE DES PHARMACIENS DE SÉGOU :
« Au départ il y avait des problèmes mais la confiance s’est instaurée »
« Je salue cette initiative des journalistes et de la CANAM. C’est la première qu’une telle délégation vienne nous voir. Entre nous et la CANAM, la confiance s’est instaurée. Le répertoire des médicaments a augmenté, le nombre des assurés aussi. Ce qui est une chose. Un écueil auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est relatif à l’application de certaines décisions. C’est pourquoi, nous avons proposé, pour l’amélioration des choses, de créer une plate forme d’échanges. Elle permettra de raccourcir la gestion des problèmes ».

OUSMANE TRAORÉ, GESTIONNAIRE DU CENTRE DE SANTÉ DE RÉFÉRENCE DE MARKALA :
« Je note avec satisfaction que la réticence des pharmaciens diminue »
« Avec l’AMO aujourd’hui ça va. Au départ il avait des problèmes dans le paiement des factures en plus de la réticence des pharmacies. Maintenant les choses s’améliorent avec la décentralisation des paiements. Avec l’AMO nous avons noté une hausse de la fréquentation du centre. Nous enregistrons entre 60 et 65 consultations par mois ».

DOCTEUR TRAORÉ DJÉNÉBOU OUMAR DE L’OFFICINE O.D :
« Je souhaite qu’on nous fasse des avances sur le paiement de nos factures »
« Ces derniers temps, nous avons noté des avancées considérables dans le fonctionnement de l’AMO. Surtout au niveau des paiements. Mais nous avons souvent des problèmes avec les prescripteurs qui ne jouent pas franc jeu. En collusion avec certains assurés, ils prescrivent des ordonnances où en sent l’odeur de la magouille. Souvent des médicaments ayant les mêmes effets se trouvent prescrits avec des appellations différentes. Je profite de votre passage pour lancer un appel aux travailleurs qui sont réticents de venir puisque l’AMO est une réalité, c’est vrai. En plus tous les produits sont dans l’AMO. Il n’y a plus lieu de s’inquiéter. Mon dernier appel s’adresse aux structures qui nous paient. Je leur propose de faire souvent des avances sur le paiement de nos factures. Ce qui nous permettra d’approvisionner correctement et régulièrement nos pharmacies afin d’éviter les ruptures de stocks en ce qui concerne certains médicaments parce que nous sommes très souvent confrontés aux ruptures. Ce qui décourage les assurés. »
Propos recueillis par M.M.B
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