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A la loupe : Aide publique pour rien
Publié le lundi 27 avril 2015  |  Le Prétoire




Le Mali, depuis le début du processus démocratique galvaudé et détourné de son véritable chemin indiqué par le peuple malien, compte plus de cent cinquante partis politiques. Si ces formations font assez de boucan lors de leur irruption intempestive sur la scène politique nationale et pour certaines occasions, les autorités semblent ne rien savoir. Ainsi, seuls quarante-sept partis politiques, soit moins du tiers du total, viennent d’être élus pour percevoir l’aide publique que l’Etat leur accorde gracieusement. Et comme on pouvait s’y attendre, c’est le parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali, qui se taille la part léonine avec 520,131 millions F Cfa sur 1,888 milliards F Cfa.

A quelques longueurs seulement derrière la créature d’Ibrahim Boubacar Kéita, parade son ancien parti, le Pasj, désormais ex-parti majoritaire, avec 367 836 555 F Cfa, puis l’URD, du malheureux finaliste de la présidentielle de 2013, qui bénéficie de 267 165 828 F Cfa. Ces trois partis, tous de la grande famille Adema, s’en sortent ainsi avec plus de 1,155 milliards F Cfa. Il en est ainsi – à part pendant le bienfaisant épisode au cours duquel le RPM avait été mis en quarantaine salutaire- depuis toujours.

Ces trois partis sont également ceux qui, selon les nombreuses plaintes enregistrées par le juge électoral après les différentes élections organisées ici, sont régulièrement accusés de fraude électorale, d’achat de vote et de conscience, de tripatouillage des résultats. Si le RPM est sorti largement vainqueur des dernières élections en surclassant tous les autres, qui tous savent comment il est devenu parti majoritaire, rares sont ceux qui ont voulu s’opposer à lui. A commencer par les « Abeilles » qui se sont couchés devant le vainqueur qu’ils avaient chassé de leurs rangs quelques années auparavant. Mais pour une fois, les « Abeilles » ont été « honnêtes » et promptes dans leur choix. Contrairement à celui-là qui, avant même la proclamation officielle des résultats par le juge, a couru féliciter son adversaire vainqueur jusque chez lui, avant de déclarer à une radio étrangère que le Malien n’a pas vocation à faire de l’opposition. Mais le président de l’Urd s’est par la suite résigné à choisir le camp de l’opposition, sachant que le Rpm n’est pas un parti à partager le pouvoir, même s’il l’a acquis par défaut. Après ce trio de tête qui devrait faire honte à la démocratie que le peuple veut pour le Mali, viennent dans l’ordre le Cnid de Mountaga Tall qui n’a jamais vraiment su ce qu’il veut, la Codem qui ment en disant qu’il faut compter sur ses propres forces tout en mendiant l’Etat, le Parena en manque de repères même au sein de l’opposition qu’il a judicieusement et honnêtement choisie, le parti Sadi plein de contradiction y compris dans ses amitiés et amours, le MPR qui a fait de l’opportunisme son sport privilégié.

Pourquoi ces formations ont-elles été choisies par la Cour suprême ? Entre autres critères, il y a la tenue rigoureuse des instances statutaires du parti et la justification de la provenance de ses fonds. Or, aucun parti politique malien ne respecte son règlement intérieur, notamment en ce qui concerne les réunions, congrès et conférences. En outre, il sera difficile pour ces partis, même s’ils savent être assurés de l’impunité la plus totale, de déclarer par écrit que leurs ressources financières ne proviennent pas toutes des cotisations, dons et legs des militants et cadres. Personne n’achète la carte de membre et chacun vient pour tirer profit du parti et non pour le financer. Pour se dénigrer, les responsables politiques s’accusent mutuellement d’abuser des biens de l’Etat, de voler dans les caisses publiques, de recevoir des fonds occultes contre des marchés publics. A ce jeu, un haut commis de l’Etat a été accusé par ses adversaires d’avoir perçu des fonds de la mafia corse pour financer sa campagne électorale en 2013.

En réalité, ces fonds versés aux partis politiques devraient leur servir à éduquer leurs militants à la citoyenneté, à les inciter à participer plus activement à la vie politique. Or ce qui manque le plus au Mali, c’est un taux de participation honorable aux différentes élections. Quand un président de la République est élu avec 99,99% des voix à l’issue d’une élection où le taux d’abstention a été de moins de 50%, il a été élu par la minorité. Au Mali, le peuple s’est toujours abstenu de voter à la majorité, laissant 15 à 20% des électeurs potentiels amuser la galerie et justifier ce qualificateur trompeur de Mali démocratique. On ne vote pas parce qu’on ne voit les candidats qu’entre deux élections, le reste du temps ceux-ci s’abstiennent de se montrer faute de pouvoir honorer les nombreuses promesses de campagne.

Ils ne font même pas la restitution des lois adoptées au parlement par les représentants du peuple minoritaire. Ce travail est laissé aux médias. Les journalistes, pour remplir leurs colonnes ou occuper leur temps d’antenne, s’adonnent à ce jeu : animer et informer le peuple, lui dire ce que les députés ont voté en son nom. Mais pour ce travail, la presse est de moins aidée par le pouvoir public. Cette année, tous les médias confondus, l’aide publique à la presse n’atteint pas cent millions F Cfa. La baisse a commencé avec les autorités de la transition conduite par Dioncounda Traoré et va sans doute se poursuivre avec des autorités de plus en plus « médiaphobes » et liberticides. Quant à la grande majorité du peuple, elle sait que le journaliste est plus utile que le député ou le maire. Mais, peut-être, attend-elle que les directeurs de publication et directeurs de radio fassent de véritables investissements dans des entreprises de presse au lieu de prendre de nouvelles épouses ou d’acheter des véhicules polluants avec l’argent de l’aide publique à la presse.

Cheick TANDINA
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