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Mali : Délivrance du passeport au Mali – Moussoudou Arby fait usurpation de fonction – La société Oberthur soupçonnée d’espionnage
Publié le jeudi 30 avril 2015  |  Le Reporter




C’est une véritable mafia qui s’est installée autour de la délivrance du passeport au Mali. Après une pénurie qui ne dit pas son nom et des mensonges à travers des reportages commandités sur l’ORTM, même après le passage du ministre de la Sécurité intérieure à l’Assemblée nationale, la délivrance du passeport fait toujours débat dans notre pays. Rien n’a changé même si le «général du bois» blanchit l’actuel directeur de la police et dit avoir sanctionné des agents.
Mais, il y a d’autres problèmes plus profonds au niveau de la police des frontières. En effet, on ne sait pas trop ce que fait le commissaire divisionnaire Moussoudou Arby -précédemment commissaire du 3ème Arrondissement- à la division des documents de voyage. Il n’a pas son nom sur la décision N°2015-009- /MSPC-SG portant nomination à la direction générale de la police nationale. Sur cette décision du ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, à la police des frontières, le chef de la division des documents de voyage est le commissaire principal Youssouf Koné.

Nulle part sur la décision du 18 février 2015, signée par le ministre Sada Samaké, ne figure le nom de Moussoudou Arby. Comment s’est-il alors retrouvé chef de la division des documents de voyage ? Peut-être que le commissaire divisionnaire Moussoudou Arby, qui est venu du 3ème Arrondissement, était pour quelque chose dans la victoire aux législatives de la liste Rpm-Codem sur laquelle se trouvait Karim Keïta.

Cette situation crée beaucoup de frustrations au niveau de la police des frontières. D’autant que le commissaire principal Youssouf Koné, qui était commissaire à Kayes, n’arrive jusqu’à présent à rentrer en fonction parce qu’il n’y a pas eu de passation de service. En clair, Moussoudou Arby, qui est le chouchou du directeur de la police et du ministre, fait usurpation de fonction. Il est donc soutenu par le ministre et le directeur de la police qui ignorent la hiérarchie lorsqu’ils se rendent à la police des frontières. Ils y vont directement dans le bureau du chef de division.

Par ailleurs, il nous est revenu que les 20 agents relevés travaillaient correctement. Ils ont été relevés parce qu’ils ne voulaient pas faire ce que le directeur général de la police voulait : des listes parallèles, le favoritisme et le clientélisme au niveau de la délivrance des passeports. Or, c’est tout le contraire que le ministre Sada Samaké a défendu devant les députés de l’Assemblée nationale.

La société Oberthur soupçonnée d’espionnage

Le général Sada Samaké, lors de son passage à l’Assemblée nationale, a fait savoir qu’un nouveau marché d’appel d’offres a été lancé pour la fabrication des passeports maliens, car il ne veut plus de la société canadienne. Mais, ce que Sada Samaké ne sait pas, c’est que la société française choisie, alors que les Canadiens vont continuer jusqu’en 2016, est décriée à travers le monde. Une recherche sur la société en question nous a permis d’avoir des informations chez nos confrères algériens, «Algérie patriotique», dans un article intitulé : «Y a-t-il une affaire d’espionnage derrière le retard du passeport biométrique algérien ?»

En tout cas, la société française Oberthur qui doit venir au Mali fait de la sous-traitance. Mieux, elle met des informations à la disposition des autorités françaises. Certes beaucoup de pays veulent aller vers la délivrance du passeport biométrique, mais elle peut être confrontée à de sérieux problèmes de sécurisation.

En 2013, le ministre algérien de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, a choisi cette société française. Cette décision aurait été motivée par la mauvaise qualité avérée du système de sécurité PKI (Public Key Infrastructure) fourni par l’ancienne société. Mais au bout de quelques mois, les Algériens se rendent compte d’un système développé sur la base d’une technologie tellement dépassée que des étrangers arrivent à manipuler aisément l’identité de milliers de citoyens algériens. Cela, alors que le but même de cette acquisition était d’éviter toute intrusion dans la base de données du passeport biométrique. Alors des questions fusent de partout : S’agirait-il d’une arnaque ? D’un complot ? D’une affaire de corruption ? Comment et pourquoi Oberthur a-t-elle été choisie ? Le mystère reste entier. Le choix a été désastreux, alors qu’il devrait être la solution.

Keynectis et Oberthur, même salade

Selon notre confrère algérien, Keynectis n’est pas une société comme les autres. Elle a été créée au début des années 2000 par le gouvernement français dans le but de contrecarrer les Etats-Unis dans le domaine très sensible des nouvelles technologies et de la protection des données informatiques. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que ses tuteurs lui aient donné naissance un 14 juillet, une date hautement symbolique pour la France. En quelques années d’existence, Keynectis réussit à devenir une entité incontournable dans la sécurisation et le cryptage (et décryptage) des données. Son secret reste bien gardé par les services des renseignements français. La création de Keynectis par le gouvernement français est due à la perte du leader français en la matière, Gemplus, qui a été racheté majoritairement par un fonds d’investissement américain, très proche des services secrets, avec à leur tête la CIA. La reprise de Gemplus par les Américains avait tourné à l’espionnage industriel et technologique. Pour ne pas mettre leur sécurité nationale entre les mains des Américains, les Français ont décidé de créer cette nouvelle entité dont le principal actionnaire est l’Etat français, auquel se sont greffées quelques sociétés privées de droit français. Le but recherché avec Keynectis est de créer une entité française puissante qui pourrait tisser ensuite des alliances stratégiques au niveau européen et même mondial. Il est certain que l’Algérie, de par les enjeux politiques et économiques actuels et futurs, est une cible de choix dans le cadre de cette stratégie. Et Keynectis semble s’être bien introduite en Algérie.

Le ministère de l’Intérieur était-il au courant de la relation contractuelle qui lie Oberthur à son sous-traitant Keynectis ? Est-il au courant des nombreuses affaires de corruption et scandales dans lesquels est impliquée Oberthur dans plusieurs pays ? Techniquement, Oberthur est connue pour sa qualité d’intégrateur qui exploite des solutions d’autres opérateurs. Et au-delà de toute autre considération, la solution de Keynectis reste en-deçà des besoins de l’Algérie. C’est une solution de sécurisation aux capacités limitées à un million de passeports, alors que les besoins de l’Algérie sont de l’ordre de 8 millions.

L’incompétence d’Oberthur dans le domaine est telle que le gouvernement français lui-même a dû annuler son contrat avec cette société, suite à une intervention de l’ancien président français Nicolas Sarkozy. C’est face à tout cela que les experts algériens ont lancé des alertes qui s’appuyaient sur l’expertise internationale. Ce qui a conduit l’Hôtel des monnaies à chercher un autre fournisseur. Le fournisseur Fasver, lui aussi, ne fabrique pas tous les éléments de sécurité du laminât holographique. Il sous-traite une partie, ce qui pénalise l’Etat algérien et l’expose à toutes formes de détournements, trafics et de vols de passeports.

À travers Oberthur et ses sous-traitants, l’Algérie allait avoir le passeport biométrique le moins sécurisé au monde. Cette affaire illustre, on ne peut mieux, comment les données sensibles de l’Algérie et de citoyens algériens allaient être confiées à des brokers (intermédiaires) sans foi, ni loi. Et apprendre que cette même société s’apprête à venir au Mali, c’est révoltant. Pourquoi Sada Samaké et ses hommes veulent-ils faire ce choix ? Peut-être qu’ils ont quelque chose en contrepartie.

LA REDACTION

Source : Le Reporter

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