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Le ministre Dramane Dembélé ultra optimiste sur la résolution de la crise du nord «La crise va finir bientôt et ce sera mieux après, tout ce que nous demandons aux Maliens c’est d’être sereins »
Publié le mercredi 6 mai 2015  |  Le Matin




Le Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat doit avoir un secret. Car l’optimisme – contagieux pour toute oreille qui l’aurait écouté- dont il a fait preuve à notre micro ne peut être basé sur du vent. En effet, ‘’Le Matin’’ a profité du déplacement de ce membre du gouvernement à Fana pour la pose de la première pierre des logements sociaux, pour lui demander s’il avait une explication sur cette recrudescence de la violence terroriste au nord et au centre du pays. En lieu et place de causes à effets, il avait réclamé la sérénité : la crise va finir bientôt.
Le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dramane Dembélé est arrivé au chef-lieu de la commune du Guegnéka le dimanche matin 2 mai afin de procéder à la pose de la première pierre de 40 logements sociaux. La délégation a été interceptée à la frontière des régions Ségou et Koulikoro par le sous-préfet Badda Maïga, le Maire Soumaila Diaby - accompagné du conseiller Nouhou Camara – et par le chef de village Banou Traoré à la tête d’une importante délégation. Le ministre et sa suite ont été alors acheminés vers un hôtel de la place avant d’aller prendre place sous les bâches sur le site même de la cérémonie et de la construction des 40 logements sociaux où l’attendait une foule nombreuse de notables, de griots et d’anonymes.
Le Maire Soumaïla Diaby a été le premier à prendre la parole pour exprimer son impatience de voir les logements s’arracher de terre, les fanois se l’arracher et les heureux élus rembourser correctement enfin que d’autres logements voient le jour. En bon soninké, donc adepte de la rapidité, de l’efficacité et d’esprit pratique, le maire de la Commune du Guegnéka a exprimé son souhait de voir toutes les parties faire le plus vite possible. Il a été succédé au pupitre par l’adjoint au préfet de Doïla Bocar Kané qui a parlé de joie pour les populations de Doïla et de Fana qui ne disposeraient pas d’un grand pouvoir d’achat. Il promet que les bénéficiaires sont engagés à rembourser et il demande que cette opération soit multipliée. « Soyez notre porte-parole pour dire nos remerciements au président de la République IBK pour les logements moins chers » (le message est passé).
Le ministre lui répondra en bamanankan avant de continuer en français. Aussitôt après les formules d’usage, il avait annoncé : « On était à Niono avant-hier, hier à Baroueli et aujourd’hui ici à Fana. Le pays a besoin de mythes. Soundiata a été contemporain de Louis IX. Le monde entier parlera toujours de Soundjata mais personne ne connaît Louis IX. Le Mali tangue mais le Mali ne se renversera pas. La crise va finir bientôt et le pays sera mieux après.
Nous sommes ici pour nous occuper des citoyens ; faire un peu la péréquation. Ces logements font partie d’un vaste programme de logements conformes à une vision du président de la République pour l’accès à un logement décent pour le plus grand nombre ». Pour les 40 logements de Fana (F3, tôle et 20x15 m2 de terrain), 355 millions F Cfa sont débloqués pour des logements disponibles en 120 jours. «Je serai intraitable sur ce délai ». A ce sujet, nous avons touché le groupement d’entreprises dont Samba Makadji est le leader, à travers son homme de terrain pour lui demander si le délai sera tenu. Sékou Tangara est catégorique : « Nous sommes toujours en avance sur les délais impartis ».
Apres cette allocution, le directeur de l’urbanisme a présenté le projet affiché sur chevalets et le ministre Dembélé à la pose de la première pierre avant d’accorder une interview à la presse (locale et celle de Bamako).
Les logements n’occultent pas la crise du nord
Le ministre était certes à Fana pour un évènement heureux mais il ne pouvait pas oublier la situation générale du pays – la crise au nord notamment. En effet une fois qu’il avait eu la parole et qu’il avait dit deux-trois phrases sur le motif du jour, et comme un divagateur, il avait embrayé sur des sujets au début vague. Et presque un soliloque en bambara il avait entamé: « Le pays a besoin de mythes. Soundiata a été contemporain de Louis IX. Le monde entier parlera toujours de Soundiata mais personne ne connaît Louix IX. Le Mali a besoin de mythes. Le Mali tangue mais la crise passera bientôt ». Dembélé revient à ses moutons – les logements sociaux – mais était visiblement soulagé d’avoir l’occasion de revenir sur ce sujet de crise en rapport avec le nord qui le tient manifestement à cœur. C’est votre hebdo favori, ‘’Le Matin’’, qui lui a offert lors de l’interview accordée à la presse en lui posant la question suivante (posée en français et à laquelle le ministre a répondu en bamabara) : « M. le ministre, en ce moment, les groupes armés attaquent un peu au nord et au centre du Mali. Avez-vous une explication pour cela ? ». Ecoutons en intégrale la repose fournie – qui déborde d’optimisme.
« J’ai dit tout à l’heure que le Mali va avancer…Pour bâtir un pays il faut savoir avancer malgré les plaies qu’on porte en soi et ne se préoccuper que de l’avancée du pays. C’est comme cela que l’on peut garantir le bonheur de demain. Au jour d’aujourd’hui, ceux qui agissent contre la paix, ceux qui veulent se battre et tirer le pays vers l’arrière s’activent de leur côté. Mais de leur côté, les Maliens s’activent et Dieu aussi est dans ses œuvres. On vient de le répéter que « Mandé tangue mais que Mandé ne se renverse pas ». Le Mali ne se renversera pas. Le Mali est un pays béni et si dieu le veut bien, chers Maliens, le Mali ne se renversera pas. Il se fait beaucoup de tapage uniquement pour nous obliger à nous arrêter ou alors nous pousser à la faute.
Dans quelques jours nous allons signer un document (l’Accord d’ Alger) et après cela, on verra chacun à l’œuvre…on verra de quoi chacun est capable. Tout ce que nous demandons aux Maliens c’est de rester tranquilles et sereins. Crise il y a certes, mais rassurez-vous, c’est une crise qui va déboucher sur l’essor du pays. Il ne faut surtout pas croire qu’il s’agit de difficultés qui vont tirer le pays vers l’arrière, mais une posture qui va nous pousser à nous poser des questions afin que cela ne se reproduise plus jamais. C’est l’appel que je voulais lancer avec la grâce de Dieu et sous les hospices du président de la République et du Premier ministre chef du gouvernement pour inviter tous les Maliens à être sereins.
Nous sommes tous les mêmes, tous les Maliens sont les mêmes abstractions faite de l’appartenance ethnique et autres considérations. Il faut que nous soyons unis dans l’action dans un même sens. Dieu va stabiliser le Mali ».
En écoutant ce responsable, votre serviteur avait l’impression « qu’il avait la main sur du solide ». Qu’il savait quelque chose que nous ne savions pas encore. Et qu’une grande surprise agréable nous attendait au coin de la rue. Franchement, s’il s’agit d’un langage de politicien, alors…

Amadou Tall, envoyé spécial à Fana
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