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Lutte contre la corruption: L’échec d’IBK
Publié le jeudi 7 mai 2015  |  L’aube
Commémoration
© aBamako.com par A S
Commémoration du 26 mars 2015
Le Président IBK dépose une gerbe de fleurs au monument des martyrs




Les rapports 2013 et 2014 du Bureau du vérificateur général rendus publics lundi 4 mai dernier offrent aux Maliens le droit légitime de « Crier Haro ! »… Cela pour marquer leur extrême indignation vis-à-vis d’un chef d’Etat rattrapé par sa parole, ses promesses et ses engagements. Adepte des grosses expressions, IBK décrétait l’année 2014, année de la lutte contre la corruption.

Mais, les rapports à lui remis lundi par le Végal le confondent : au total 153 milliards de FCFA égarés dans les dédales de l’administration (en fraude et en mauvaise gestion). Alors, combien de nos francs seront-ils détournés d’ici à l’an 2018 ? Les Maliens, perplexes, s’interrogent et s’attendent au pire.

Un adage traditionnel de chez nous dit, approximativement, ceci : « Si ton pied t’enfonce, tu peux t’en sortir ; mais si ta langue te confond, tu t’enfonces définitivement ». Transposé au chef de l’Etat. Ce diction sied parfaitement… Démonstration :
Les Maliens gardent encore dans un coin de l’esprit un passage tonitruant du discours d’IBK à l’occasion du nouvel An 2014 : «…au risque d’en faire une rengaine, j’insiste sur la gestion rigoureuse de nos deniers, ceux que l’Etat génère auprès du contribuable malien bien sûr, mais aussi l’aide que la communauté internationale met à notre disposition grâce aux sacrifices de ses propres contribuables. La gestion rigoureuse de nos ressources passe par le contrôle de la corruption sur deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques….Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient.

C’est pourquoi, je décrète l’année 2014, année de la lutte contre la corruption. Un combat dans lequel je demande à chaque malienne, chaque malien, de s’engager avec moi.
Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Incha’Allah.
Je suis conscient que les familles souffrent, que les salaires sont dérisoires, et que tout ceci ne contribue pas à prévenir la corruption. Tout ce qui sera en notre pouvoir de faire pour augmenter les revenus le sera, c’est mon rôle et ce sera ma fierté.

Les hommes et les femmes du gouvernement cesseront, croyez-moi, d’être à leur place, le jour où ils ne travailleront plus à un Mali qui arrive à nourrir ses enfants, à les éduquer convenablement, à les employer, bref à les encadrer dans un environnement hautement concurrentiel où les pays qui n’anticiperont pas resteront sur le quai ».

Ce beau discours avait donné tant d’espoir aux 77% de nos concitoyens qui avaient plébiscité quelques mois plus tôt le président Ibrahim Boubacar Kéïta, supposé être en son temps comme le sauveur ou encore l’homme de la situation. Cependant, ils ont dû vite déchanter quand éclatèrent trois mois après les sulfureuses affaires de l’achat de l’avion présidentiel et du contrat d’équipements militaires. Mais, le pire est à venir.

En effet, l’audit des deux affaires par le Bureau du Végal (commandité par le Fmi) et par la section des comptes de la Cour suprême étale au grand jour l’ampleur de la fraude et de la corruption sous IBK et dans une année décrétée année de lutte contre la corruption. Entre 29 et 38 milliards auraient disparu dans ces deux scandales qui avaient défrayé la chronique dans le landerneau politique malien.

Corruption à ciel ouvert
Mais, les Maliens n’étaient pas encore au bout de leur peine. Les rapports 2013 et 2014 du Bvg remis au président de la République lundi dernier à Koulouba mettent à nu la gestion catastrophique et chaotique d’IBK, ainsi que la corruption à ciel ouvert instaurée sous son mandat.

Grosso modo, ces rapports révèlent un trou de 153 milliards de FCFA de manque à gagner pour l’Etat malien engendré par une mauvaise gouvernance. Ce préjudice énorme à l’Etat se décompose comme suit : 80,21 milliards de FCFA dont 12,28 de fraude et 67,93 milliards de mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2013 et 72,97 milliards de FCFA dont 33,95 de fraude et 39,02 milliards de FCFA de mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2014.

Le Vérificateur général, Amadou Ousmane Touré, impute ce chaos financier à des pratiques illégales qui ont pour noms la non-application à dessein des textes législatifs et réglementaires, la mauvaise gestion des dépenses effectuées au niveau des régies, la multiplication injustifiée des contrats simplifiés pour éviter les appels d’offres, la non-justification et la non-éligibilité de dépenses, la réception de biens non conformes aux commandes, l’octroi d’avantages injustifiés, la fabrication et l’usage de faux documents pour justifier des dépenses fictives, des manipulations des offres par les commissions de dépouillement et d’évaluation dans les opérations de passation des marchés publics, le non-reversement au Trésor Public de ressources collectées, et enfin de la réalité et de l’effectivité de certaines missions administratives.

Dans le cadre d’une politique de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, le Végal propose au chef de l’Etat, trois sanctions majeures à l’encontre des corrupteurs et des corrompus : des sanctions administratives infligées par les autorités de tutelle, des amendes prononcées par les juridictions financières sur la base des infractions à la législation budgétaire et financière, et enfin, des poursuites pénales par les procureurs compétents.

En outre, Amadou Ousmane Touré informera IBK que dorénavant, en plus des dénonciations des faits susceptibles de constituer des infractions pénales, et en application de la loi l’instituant, le Vérificateur général saisira la Section des Comptes de toutes les fautes commises relativement à la législation budgétaire et financière.

Le président donnera-t-il une suite favorable à cette proposition du Végal. Nous en doutons. Parce que IBK ne semble pas être un modèle de « lutteur » contre la corruption et la délinquance financière. La preuve : les Maliens attendent toujours les poursuites contre les ministres, cadres et autres agents accusés et/ou soupçonnés de fraude et de détournements dans les scandales de l’avion présidentiel et du contrat d’armement.
C. H. Sylla








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