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Moussa Mara à propos de la signature de l’accord d’Alger 2015 : «Même si le Mali doit signer seul l’accord, il faudra le faire car il s’agit de la refondation de notre État»
Publié le dimanche 10 mai 2015  |  Le Reporter
Primature:
© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  




En marge du lancement du Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM), Moussa Mara, ancien Premier ministre, s’est exprimé sur la recrudescence des actes d’insécurité au nord et la signature de l’accord d’Alger 2015 prévue pour ce 15 mai. Nous vous proposons un extrait de l’interview qu’il a accordée à nos confrères de Radio Klédu.

Quel est votre avis sur la situation actuelle au nord du Mali ?
Moussa Mara : Il y a beaucoup d’acteurs de la crise qui n’ont pas intérêt que la crise soit résolue, qui vivent de l’insécurité : soit de pillage, soit de brigandage, soit simplement de représentation dans les capitales occidentales, de séjours dans les grands hôtels ; et d’autres qui n’ont pas intérêt que les choses se calment parce que quand les choses le seront, il va falloir venir sur le terrain. Il va falloir faire campagne ; il va falloir être élu. Certains n’ont pas l’habitude et surtout n’ont pas les masses derrière eux pour avoir ses responsabilités.

Il y aura toujours une franche des acteurs qui fera tout pour que la paix ne revienne pas. Ensuite, il y a des bandits, des irréductibles, qui vivent de razzias, qui vivent d’attaques de forains, et d’autres qui profitent de l’insécurité pour s’adonner à leurs pratiques malsaines. Nous espérons que nous tiendrions le délai du 15 mai. En tout cas, nous allons soutenir les autorités pour aller dans ce sens. Je crois que le gouvernement est en train de prendre toutes les dispositions pour que le délai du 15 mai 2015 soit respecté.

Il y aura des attitudes de sabotage, mais restons sereins ; pensons à nos compatriotes qui vivent le martyr tous les jours, et engageons-nous tous pour qu’à partir du 15 mai, qu’il y ait une réduction significative de belligérance, des hommes en armes sur cette partie du territoire de notre pays. Que progressivement, la paix, le développement et la réconciliation puissent intervenir dans le cadre de la mise en œuvre de bonne foi et objective de l’accord par toutes les parties.
Avec ce qui se passe sur le terrain, avez-vous espoir qu’il y ait la signature de cet accord d’Alger ?

Moussa Mara : Je pense que même si le gouvernement doit singer seul cet accord, et le mettre en œuvre, il faut qu’il le fasse parce que cet accord, c’est aussi la refondation de l’État. Même s’il n’y avait pas la crise au nord, l’État malien aurait besoin d’être refondé. Ce n’est pas moi qui ai écrit deux livres sur l’État, pour demander ça depuis des années, qui vais me plaindre de cela. Donc, cet accord contient des réformes importantes qui sont de toute façon indispensables même si ce n’était pas la crise d’aujourd’hui.

C’est pourquoi, je pense qu’il faut qu’on le signe, il faut qu’on le mette en place. Maintenant viendra qui voudra venir. Ceux qui ne voudront pas venir, ils apparaîtront tels qu’en eux-mêmes devant la communauté nationale et internationale, c'est-à-dire comme des fauteurs de troubles qui méritent d’être traités comme tels. J’espère que les actions en cours actuellement, pour ramener tout le monde autour de la table, puissent prospérer sous l’égide de la médiation, de la communauté internationale, avec l’implication des autorités nationales. Mais quel que soit le cas de figure, je pense que trop c’est trop, il faut avancer.

Est-ce que le Centre d’étude et de réflexion au Mali (CERM) ira au nord du Mali ?
Moussa Mara : Moi je suis parti au nord quand c’était chaud. Je pense que les intellectuels doivent avoir le courage d’aller partout où les enjeux sont importants. Et d’aller parler, d’aller réfléchir et proposer partout où cela est nécessaire. L’intellectuel est quelqu’un qui doit être engagé.

À ce titre, j’admire beaucoup les intellectuels comme Maloro qui, au-delà de la plume, a eu le courage d’aller se battre et porter leur combat partout où cela est nécessaire. Donc, je pense que nous devons avoir ce courage. Moi, personnellement, je n’ai absolument aucun doute que le CERM doit être au nord, que le CERM doit être actif au nord. Et si jamais le CERM a besoin de moi en tant qu’intellectuel, que je puisse venir au nord, pour contribuer à son essor, à ses activités, ce sera avec plaisir. Et ça, ce sont les responsables du CERM qui le décideront notamment le président Ousmane Sy et son bureau.

Kassim TRAORE
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