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L’accord de paix signe en grande pompe
Publié le lundi 18 mai 2015  |  Le Prétoire
Cérémonie
© aBamako.com par A.S
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger.
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger.




. Les mouvements de la Coordination en rangs dispersés
. Les vérités d’«ami» d’IBK à la communauté internationale
En refusant de s’associer à la cérémonie de signature, ce 15 mai 2015, le Mnla, le Hcua et le MAA, qui constituent le noyau dur de la Coordination des mouvements de l’Azawad, ont choisi, avec la duplicité de la communauté internationale, d’aller à leur propre rythme. C’est ainsi dire que cette signature, quoique salutaire, est loin de mettre un terme au processus de dialogue. Il faut par ailleurs souligner que le président de la République du Mali n’a pas fait dans la dentelle lorsqu’il se sentit obligé, à l’occasion de cette cérémonie, de recadrer le représentant du Secrétaire général de l’ONU, un certain Hervé Ladsous.
La journée fut mémorable et l’instant hautement historique, tant cette cérémonie de signature était censée marquer le point de départ d’un envol pour le Mali, environ 10 mois après le début des pourparlers inter-Maliens qui s’étaient ouverts à Alger en juillet 2014. Et qui, faut-il le rappeler, avait abouti à l’accord à ce jour paraphé par l’ensemble des parties et dont la signature était au centre de l’événement du jour.
C’est donc à juste raison que le Centre international de conférence de Bamako, qui a servi de cadre à la cérémonie, a accueilli un parterre de personnalités venues de partout du monde, dont une dizaine de chefs d’Etat africains. Au nombre de ces derniers, on retient notamment les présidents Robert Mugabe du Zimbabwe (président en exercice de l’Union africaine), John DramaniMahama du Ghana (président en exercice de la Cedeao), Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Goodluck Jonathan du Nigeria, Paul Kagamé du Rwuanda, Alpa Condé de la Guinée, Mahamadou Issoufou du Niger, Mohamed Ould Abdelaziz de la Mauritanie, Faure Gnassimbé du Togo et Michel Kafando, président de la transition du Burkina Faso. A leurs côtés: des anciens chefs d’Etat du Mali, en l’occurrence le Général Moussa Traoré et Pr Dioncounda Traoré, les présidents et membres des institutions de la République, les représentants des organisations et pays membres de l’équipe de médiation, ceux des corps diplomatiques, les leaders de la classe politique, ceux de la société civile et des confessions religieuses, etc.
Un goût d’inachevé
C’est en présence de ce beau monde que le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, au nom du Gouvernement malien, les mouvements de la Plateforme, notamment Mohamed Ould Sidi Mohamed du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA-loyaliste), Me HaroumaToureh de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CM-FPR1), Fahad Ag Almahamoud des Groupes armés touaregs, imghads et alliés (Gatia) et l’ensemble des pays et organisations membres de l’équipe de médiation ont apposé leurs signatures au bas de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Du côté de la Coordination des mouvements de l’Azawad, seules la Coalition pour le peuple de l’Azawad (CPA) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CM-FPR2), représentées respectivement par Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun et Pr Younoussa Touré, ont signé le document. Le Mouvement de libération de l’Azawad (Mnla), le Haut conseil unifié de l’Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA-séparatiste) qui constituent le noyau dur de la CMA, ont, conformément à leurs déclarations antérieures, refusé de signer l’Accord à la date du 15 mai 2015. Toute chose qui donne un goût d’inachevé en ce sens que le dialogue devrait, conformément à la volonté de la médiation, se poursuive avec les récalcitrants qui avaient paraphé le document juste la veille de la cérémonie de signature. C’est donc à juste titre que le ministre algérien des Affaires étrangères, RamtaneLamamra, en sa qualité de chef de file de la médiation, avait salué cette cérémonie qu’il estime être un ‘’développement positif’’, annonciateur du ‘’parachèvement’’ du processus afin que l’ensemble des Maliens se tourne vers la tâche exaltante de la reconstruction nationale. Le diplomate a ensuite lancé un appel aux mouvements non signataires de la Coordination à mettre immédiatement fin à ‘’l’effusion’’ de sang et à rejoindre ce ‘’sursaut national et international’’. Il a, par ailleurs, exprimé sa confiance que les responsabilités qui échoient à la communauté internationale, notamment en terme de suivi, seront pleinement assumées par l’ensemble des membres de l’équipe de médiation pour la mise en œuvre de l’accord qui vient d’être signé. Pour le représentant des mouvements signataires de la Coordination des mouvements de l’Azawad, la signature de cet accord est pour eux la réponse à la sollicitation des populations de l’ ’’Azawad’’, dont le souci majeur reste la paix. Partant, il a réaffirmé l’engagement de leurs mouvements respectifs, en l’occurrence la CPA et la CM-FPR2, ainsi que leurs militants et combattants, à s’inscrire sans condition dans cet accord qui, de son avis, apporte une valeur ajoutée importante aux accords précédents. Il a, de ce fait, sollicité l’accompagnement de la communauté internationale pour sa mise en œuvre. Aussi, s’est-il dit convaincu qu’un chemin, autre que celui de la paix, ne sera pas profitable aux mouvements récalcitrants, encore moins aux populations qu’ils sont censés défendre. C’est pourquoi, il les a invités à s’inscrire dans le processus, car, dit-il, ‘’nous sommes simplement tous des Maliens’’. A sa suite, Me HarounaToureh, au nom de la Plateforme des mouvements d’autodéfense, a réaffirmé la fidélité et la loyauté de son organisation à la mère patrie. Certes, nous sommes, dit-il, sortis du doute, mais l’orateur a tenu à rappeler que l’Accord reste une œuvre humaine que seuls l’esprit patriotique et le dialogue peuvent parfaire. Et l’avocat d’en appeler à l’esprit de tolérance et de retenue de la CMA, avant de prôner le pardon, seul moyen d’apporter la paix à nous-mêmes et au reste du monde.
Dans une déclaration faite par l’honorable Bajan Ag Hamatou, les notabilités légitimes traditionnelles et coutumières du Nord ont réitéré leur adhésion totale au présent accord, avant d’inviter l’ensemble des parties prenantes ainsi que la communauté internationale à diligenter sa mise en œuvre dans le seul intérêt du peuple malien.
Un quart d’heure maudit pour le représentant de l’ONU
L’atmosphère était partie pour être des plus conviviales jusqu’à ce qu’Hervé Ladsous, Sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, se croyant en territoire conquis, tienne des propos qui heurtent la souveraineté du Mali. En effet, M. Ladsous, intervenant au nom du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a, après avoir salué la signature de l’Accord, regretté de récentes violations du cessez-le-feu qui auraient été commises par toutes les parties ces dernières semaines. Pire, il avait ensuite rappelé un certain nombre de principes qui devraient gouverner les prochaines étapes: ‘’le dialogue doit continuer avec les groupes qui ne sont pas ici aujourd’hui; la possibilité qu’ils signent l’accord de paix à une date ultérieure doit rester ouverte; et le fait que seules certaines des parties signent l’accord de paix aujourd’hui [Ndlr: vendredi] ne peut en aucun cas servir de prétexte à la reprise d’opérations militaires contre les non-signataires’’, avait-il indiqué. En donneur de leçons, le diplomate avait enfin rappelé que ‘’les actes sont plus éloquents que les paroles’’, comme pour mettre en doute l’engagement des signataires à respecter leur engagement.
Il en a eu, heureusement, pour son compte, tant la réaction du président de la République du Mali fut à la hauteur de la duplicité et de la partialité de la communauté internationale, notamment l’ONU, depuis le début du processus. Après avoir rappelé que le Mali n’a jamais violé la cessation des hostilités, Ibrahim Boubacar Keïta a appelé les Nations Unies à faire preuve de justice et d’équité à cet égard. «Chaque fois qu’il y a eu violation de la cessation des hostilités, nous l’avons signalé. Rarement, nous avons été entendus…Un peu de respect pour notre peuple», a recadré le président Keïta, rappelant que le Mali, un peuple de dignité avérée le long des siècles, n’a jamais manqué à ses engagements envers les Nations Unies. «Et il continue de le faire aujourd’hui, pourvu, qu’en retour, il soit l’objet d’un minimum de respect», crachera-t-il sous les regards vexés de M. Ladsous. Quant à la poursuite du dialogue en vue d’une signature éventuelle du Mnla et de ses ouailles, IBK a rassuré que le Mali y reste ouvert à condition qu’il ne soit pas pris en otage. «Nous ne sommes pas des gueux…Nous sommes un pays de vielle civilisation. Jamais, depuis qu’elle a été cantonnée, l’armée malienne n’a manqué à ses engagements. Cantonnée à la ville de Kidal, il a fallu que je le dise à la Cedeao pour que nos frères comprennent quelle était la situation surréaliste que notre armée vivait à Kidal», a rappelé le chef de l’Etat, en réponse à la mise en garde d’Hervé Ladsous contre une éventuelle attaque des mouvements de la CMA. Le peuple malien est à saluer et que nul, dit-il, ne devrait se méprendre sur son sens de la dignité et sa compréhension des relations internationales.
Aussi, Ibrahim Boubacar Keïta a t-il exprimé son indignation du fait que l’on en est à courir encore derrière la signature de certains groupes armés, 3 mois après le paraphe par le gouvernement et la Plateforme. Or, il avait été convenu à Alger que tous ceux qui ne signaient pas l’accord s’exposaient à des sanctions. «Nous n’avons rien demandé, nous n’avons rien vu venir non plus». D’où sa crainte que la situation qui prévaut au Mali ne perdure, si jamais nous ne prenons garde. Partant, il a sollicité, encore une fois, l’accompagnement de la communauté internationale pour que le Mali ait son ‘’dû, pas plus, pas moins’’.
Par ailleurs, le président de la République a estimé que le temps est enfin venu de nous faire confiance. «Mes frères Bilal et Algabass Ag Intallah [Ndlr: des responsables des mouvements non signataires], aient confiance en moi…Avançons vers la paix qui, seule, vaut. Tous nos frères du monde entier ont souci de nous, ayons souci de nous-mêmes», a-t-il lancé, avec la ferme conviction que le Mali reprendra toute sa place dans le concert des nations qui comptent.
Il importe de rappeler que plusieurs chefs d’Etat présents à la cérémonie, ainsi que des représentants des Etats et organisations membres de l’équipe de médiation, ont salué la signature de l’accord, lancé un appel à la CMA et réaffirmé leur engagement à accompagner le Mali.

Bakary SOGODOGO
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