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Accord de paix : ce qui devrait changer
Publié le lundi 18 mai 2015  |  Le Point
Cérémonie
© Présidence de CI par DR
Cérémonie de signature de l`accord de paix d`Alger
Bamako, le 15 mai 2015 au CICB. Le Gouvernement malien et les groupes rebelles du nord ont procédé en présence de nombreux chefs d`Etats africains et de la médiation internationale à la signature du document de paix issu du processus d`Alger.




Signé par les autorités gouvernementales maliennes, uniquement paraphé par la rebellion, l’accord de paix est bien loin d'avoir tout réglé.
Trois ans de conflit, près d’un an de négociations. Vendredi 15 mai devait être une journée cruciale pour les Maliens. Une vingtaine de chefs d’État étaient présents pour la cérémonie de l’accord de paix qui vise à ramener la paix dans le nord du Mali, parmi lesquels le président ivoirien Alassane Ouattara, celui du Rwanda Paul Kagame ou le Zimbabwéen Robert Mugabe. La signature s’est pourtant déroulée en l’absence d’une des deux parties, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), comme annoncé. Seuls, le gouvernement de Bamako et les groupes armés qui le soutiennent ont signé.
Les rebelles souhaitent de nouvelles négociations
En signe de bonne volonté, la CMA avait accepté de parapher le préaccord la veille : c’est Bilal Ag Acherif, le chef du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), l’aile dure de la CMA, qui s’était rendu à Alger. Mais parapher n’est pas signer. Les rebelles réclament de nouvelles discussions et amendements aux articles avant un accord définitif. Ils souhaitent notamment que le terme d’Azawad, présent dans le texte, revête une dimension politique et juridique. Autres réclamations : la création d’une assemblée interrégionale et 80 % de ressortissants du Nord intégrés dans les forces de sécurité de la région. Ils exigent également des garanties à l’égard des violations du cessez-le-feu. Pas de pression sur la date, cependant. Pour donner toutes les chances au processus de paix, l’ONU avait évoqué la possibilité de signer l’accord de paix après la cérémonie.
Ce que prévoit le texte
S’il n’évoque ni le fédéralisme, encore moins l’autonomie, l’accord, négocié par Alger, chef de file de la médiation internationale du processus, reconnaît l’Azawad comme "une réalité humaine, socioculturelle mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord". Une première. Le texte confère également plus de pouvoir aux collectivités territoriales, par le biais d’assemblées locales, élues au suffrage universel direct. Si l’armée reste contrôlée par le pouvoir central, la création d’une police locale, placée sous l’autorité de la région, est prévue. Aucune mention, en revanche, des fractures entre les communautés du Nord, dans ce texte concentré sur le différend qui oppose le centre à la périphérie. C’est le reproche formulé par l’International Crisis Group, une ONG spécialisée dans la résolution des conflits. L’Azawad, rassemble en effet des Touaregs, des Arabes et des Peuls, qui sont loin de former un bloc unifié contre le pouvoir central. Pour lutter contre les tensions, l’équilibre de leur représentation politique ainsi que de l’accès aux ressources est donc primordial. "L’accord a été négocié en finalement très peu de temps afin de mettre fin à une situation de blocage institutionnel, puisque les fonds de l’aide internationale destinés au développement du Nord sont conditionnés par la signature de l’accord. Il aurait en réalité fallu plusieurs années pour pouvoir prendre en compte avec précision la situation communautaire", estime David Vigneron, chercheur associé au Grip.
L’échec des accords précédents
Ces négociations entre Bamako et rebelles ne sont pas une première. En 1991-1992, puis en 2006, déjà, de précédents accords reconnaissaient déjà la spécificité du Nord, matérialisés par des assemblées régionales. Ils déléguaient aussi une partie de la sécurité au niveau local et prévoyaient la création d’un fonds dédié au développement du Nord. Cependant, le manque de fonds ainsi que l’absence de mécanisme de garantie internationale n’ont pas permis d’assurer leur mise en œuvre. "Ces accords n’ont pas été suivis d’effets. Cela explique les réticences d’une partie de la population du Nord pour ce nouveau processus de paix", observe David Vigneron.
Des tensions qui viennent de loin
Les premières rébellions se font sentir lorsque le Mali est sous administration française, et se poursuivent après l’indépendance, dans les années 1960. Le MNLA réclame l’autonomie de l’Azawad, cette région qui couvre Gao, Tombouctou et Kidal. Les Touaregs réclament en effet le droit à l’auto-détermination en matière de développement et de sécurité. Le mouvement sécessionniste actuel prend corps en janvier 2012, après la chute de Kadhafi. Lourdement armés, des Touaregs, d’anciens rebelles qui avaient été enrôlés pour servir dans l’armée de l’ex-dictateur, rentrent de Libye. Ils n’hésitent pas à user de leur influence pour recruter des jeunes, étudiants pour la plupart. Le coup d’État qui voit, quelques mois plus tard, le renversement du président Amadou Toumani Touré, affaiblit encore l’autorité de l’état, qui peinait déjà à maintenir ses forces armées dans le Nord. Les violences explosent, sur fond de pauvreté.
Les Maliens, premières victimes
Alors que l’accord de paix peine à avancer, la situation sur le terrain continue de se dégrader. Les hostilités ont repris, en violation du cessez-le-feu, signé entre le gouvernement et les rebelles, le 23 mai 2014. Quatre jours avant la date de la signature de l’accord, une embuscade, revendiquée par les rebelles de la CMA contre les forces armées, a fait 8 morts et 10 blessés côté soldats, tandis que des affrontements ont lieu régulièrement depuis la reprise de Menaka par les milices pro-gouvernementales du Gatia. Le Nord du Mali compte 190 000 déplacés et réfugiés. L’ONU s’inquiète aussi des attentats contre la Minusma, qui augmentent régulièrement. Sur le long terme, les problèmes de sécurité liés à la présence des djihadistes depuis 2012 et des trafiquants de drogue s’ajoutent à un retard économique important par rapport au reste du pays. Dans ce contexte, le processus de paix est plus urgent que jamais.
Le Point Afrique - Publié le 18/05/2015 à 13:56
Source: Le Point.fr
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