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Le Pr Bakary Kamian à propos de l’US-RDA: « L’US-RDA était un parti monolithique au sein duquel militait activement tout le Peuple du Mali»
Publié le mardi 26 mai 2015  |  Infosept
Meeting
© aBamako.com par as
Meeting de l’Union malienne-Rassemblement démocratique africain (UM-RDA Faso jigi)
Samedi 8 juillet 2012. Bamako. Maison de la Presse. Meeting organisé pour marquer de la solidarité envers les populations du Nord du Mali. Pr Bakary Kamian, historien malien.




En prélude au centenaire de Modibo Keita, le père fondateur de la République du Mali, qui sera célébré le 4 juin prochain, nous vous proposons dans les lignes qui suivent l’entretien exclusif avec le Pr Bakary Kamian sur le mode d’organisation du parti qui a conduit le Mali à l’indépendance. L’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA) est un parti politique malien créé en 1946 au lendemain du congrès fondateur du Rassemblement démocratique africain. Il devient de fait le parti unique sous la présidence de Modibo Keïta. Interdit après le coup d’État de GMT, il continue à exister dans la clandestinité et participe en 1991 à la chute du régime autoritaire.

Pour le Pr. Bakary Kamian, l’US-RDA était un parti monolithique au sein duquel militait activement tout le Peuple du Mali. C’était le symbole de l’unité nationale, le phare qui a guidé toutes les forces vives du pays depuis 1946 jusqu’au jour où le problème de l’Indépendance s’est posé et qu’il a fallu atteindre cet objectif capital, caché derrière les voiles de l’obscurantisme préméditée par les colonialistes, dénaturé par l’impérialisme et considéré par lui comme une utopie injurieuse.

Formes d’organisation de l’US-RDA
Pour le Pr Kamian, l’organisation du parti était conçue sur deux plans, à savoir l’organisation verticale et horizontale.
L’organisation verticale répondait aux règles du centralisme démocratique. Reposant sur la base populaire, l’US-RDA, par la hiérarchie de ses organismes de direction se rétrécissait graduellement jusqu’au sommet. Pour notre interlocuteur, on pouvait caricaturer le parti par une pyramide. Le parti, organisation nationale, était constitué par l’ensemble des sous-sections correspondant aux circonscriptions administratives (cercles) et au niveau des villages et des quartiers par des comités de villages et de quartiers. L’instance suprême du parti était le congrès qui se réunissait tous les deux ans. Des congrès extraordinaires pouvaient être provoqués pour étudier des problèmes particuliers. Entre les Congrès, le parti était dirigé par un Comité directeur et un bureau exécutif. Ces deux organes de direction du parti se retrouvaient au niveau des sous-sections. Le bureau du comité de village ou de quartier comprenait au moins trois membres et pouvait s’élargir suivant les possibilités en cadres du village ou de quartier. Le bureau exécutif était l’organe de conception et d’orientation, tandis que le comité directeur, l’organe de contrôle, était périodiquement informé de la vie du parti.
Ainsi donc, la politique générale du parti, définie par le Congrès était représentée en directives et mots d’ordre aux sous-sections qui devaient les placer dans le contexte local pour les transmettre aux comités chargés de leur diffusion et de leur application. Les organes de diffusion étaient variés et s’étageaient de l’Assemblée générale du comité à la Conférence Nationale, en passant par la conférence régionale et la conférence de sous-section.
Toujours, parlant de l’organisation verticale du parti, le Pr Kamian dira que l’Assemblée générale était composée par tous les résidents dans le village ou le quartier. La conférence nationale intéressait toute la section (appelée conférence des cadres) permettait au cours de rencontres de délégués des comités et des sous-sections, des contacts facilitant la diffusion des mots d’ordre, l’apport des correctifs à telle ou telle position politique. Éclairant aussi davantage tel ou tel problème, accélérant la prise de conscience nationale, rejetant à l’arrière-plan toutes les préoccupations partisanes. Le choix des dirigeants à tous les échelons et des délégués aux conférences se faisait démocratiquement avec une large participation de tous les militants. Ainsi donc, le bureau du comité était élu en Assemblée générale du village ou du quartier, le bureau exécutif de la sous-section par la conférence de sous-section. Les délégués du comité à la conférence de sous-section étaient élus en Assemblée générale du village ou de quartier alors que la conférence était constituée par les délégués des sous-sections en conférence de sous-sections. Dans le respect de ces principes, le parti vivait de l’action conjuguée d’organes de conception et d’exécution des mots d’ordre. L’organisation verticale du parti pouvait donc se schématiser ainsi : le Congrès, le Comité directeur, le bureau exécutif ou politique national, la conférence Nationale, la sous-section, la conférence de sous-section, le comité directeur, le comité de village ou de quartier et l’Assemblée générale.
L’organisation horizontale des jeunes, des femmes et des commissions techniques.
Les jeunes constituaient l’élément dynamique du mouvement. Pour le Pr Bakary Kamian, la jeunesse, grâce à son dynamisme supporte péniblement les lenteurs. Son ardeur et sa foi lui faisaient accepter avec enthousiasme tous les sacrifices, surtout lorsqu’il s’agissait de défendre ses idées ou se rendre utile à son pays. La volonté d’action de la jeunesse, ses qualités morales et physiques ont été célébrées au Mali comme ailleurs et à toutes les époques, pour l’exaltation, la mobilisation des masses dans la conquête de l’indépendance nationale, dans la révolution politique, économique et sociale.
La jeunesse de l’US-RDA était fière de poursuivre au Mali, la tâche gigantesque entreprise par se ainés de la Révolution d’octobre 1917, de la libération de la Chine…
Depuis 1945, la jeunesse intellectuelle s’est mobilisée. Devant la délinquance du régime colonial, la volonté d’émancipation des populations bien encore soumises à toutes les formes de l’arbitraire et de l’oppression, la jeunesse avait compris que sa place était à l’avant-garde de la lutte libératrice. «Si elle (la jeunesse) avait été quelques fois désorientée par une tactique trop subtile des hommes politiques, il lui avait été dit clairement ce que nous voulons, où nous allons, les moyens que nous attendons utilisé pour atteindre nos objectifs, il lui avait été précisé que notre action se situe dans la perspective de la libération totale de l’Afrique, de la construction d’une Nation africaine, nous étions assurés de leur concours» indique l’historien Bakary Kamian.
La Nation ne pouvait s’en passer des jeunes du parti, à moins qu’elle tourna le dos à l’avenir et essayant d’ignorer le souffle irrésistible qui a secoué les pays coloniaux ou automnes. C’est la raison pour laquelle, les jeunes étaient groupés au niveau de toutes les sous-sections, mais coiffés au sommet par un bureau exécutif national faisant pendant au comité directeur du parti à tous les échelons.
Notons que cette organisation ne se limitait pas seulement aux intellectuels du pays qui ne faisaient à peine que 10% de la population. Elle s’étendait à la jeunesse rurale, occupée aux travaux champêtres. La jeunesse de l’US-RDA savait bien qu’une Révolution est toujours suscitée et conduite par une minorité et que celle-ci ne doit son succès qu’à la mobilisation des masses autour des mots d’ordre adoptés par celle-ci et défendant les intérêts commun. C’est pourquoi la jeunesse des grandes cités et celle intellectuelle se sont soudées à la jeunesse rurale pour amener celle-ci à la conception de grands problèmes, à la compréhension des grands courants qui renversent le monde, à l’action militante pour la réalisation de l’idéal commun de paix et de liberté.
Indiquons par ailleurs que tous les jeunes du Mali se retrouvaient au sein des pionniers, de la milice populaire, de la brigade de vigilance, du service civique rural. Outre leur intervention dans les manifestations politiques et les activités qui leur étaient propres, les jeunes étaient mobilisés pour l’éducation populaire : protection de la Santé, modernisation rurale et pastorale, lutte contre l’analphabétisme et la dégradation morale etc. Cette contribution volontaire des populations à l’essor économique du pays n’était possible que si les jeunes faisant confiance au parti, communiquent leur enthousiasme, leur ardeur combattive.

Les femmes
L’action militante des femmes du Mali était plus ardente que celles des hommes. Si ceux-ci étaient moins sensibles aux découragements, les femmes sont moins portées vers les honneurs, moins corruptible. Comme les jeunes, les femmes de l’US-RDA étaient désintéressées, leur action a une triple action: elle satisfait le goût d’émancipation, elle est un stimulant pour le dynamisme des hommes et leur assiduité aux réunions, elle permet aux femmes de sortir, de se rassembler avec une totale liberté. Leur encadrement posait toute une série de considération dont il fallait tenir compte comme le milieu social, les coutumes traditionnelles etc. la forme d’encadrement des femmes dépendait non seulement de la direction nationale du parti mais également de chaque sous-section. A l’instar des jeunes, les organisations des femmes étaient liées à toutes les instances du parti. Il demeure entendu que les organisations des femmes et des jeunes n’étaient pas des partis organisés, mais de section de l’US-RDA. Si les institutions gouvernementales mises en place par le parti pouvaient assurer la promotion politique, économique et sociale du pays, c’était parce qu’elles étaient animées par des compétences.
Concernant les commissions techniques, signalons que toutes les organisations de masse étaient du parti. Les principales organisations populaires étaient : l’Union nationale des travailleurs du Mali (formée de l’union de tous les syndicats maliens), l’Union des femmes du Mali, l’Union des anciens combattants, l’Union des femmes travailleuses, le Mouvement de la Paix, etc. Concernant l’organisation législative, indiquons qu’elle appartenait à une chambre unique, appelée l’Assemblée Nationale composée de 80 députés.
A retenir par ailleurs que l’Essor était l’organe d’expression de l’Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain. Son rôle était d’informer les militants, éclairer l’opinion publique sur les objectifs et les activités du parti, réputer les attaques dont celui-ci pouvait être la cible.
Notons enfin que du 18 au 21 octobre 1946, le congrès constitutif du Rassemblement démocratique africain (RDA) se tient à Bamako. Félix Houphouët-Boigny en est élu président. Le 22 octobre, la section soudanaise du RDA est créée par la fusion du Bloc soudanais de Mamadou Konaté, du Parti démocratique de Modibo Keïta et d'une aile dissidente du Parti progressiste soudanais (PSP). Mamadou Konaté devient président et Modibo Keïta secrétaire général de ce nouveau parti : l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain.
Dieudonné Tembely
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