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Intervention militaire au Nord-Mali : L’heure de la libération n’a pas sonné
Publié le samedi 1 decembre 2012  |  Jeune Afrique.com


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© Reuters
Les troupes de la junte militaire qui a procédé à un coup d`État en mars dernier, garde une rue après une reprise des combats à Bamako


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La gravité de la situation au Nord-Mali impose une intervention militaire rapide et efficace pour libérer notre pays. Hélas, avec une Armée malienne faible et dépourvue de tout, nos concitoyens des régions nord doivent prendre leur mal en patience.

Une mission d’experts militaires européens vient d’achever un audit de dix jours au sein des unités à Bamako et à Sévaré. Leur constant est accablant. Un conseiller français affirme : « on se rend compte que les maliens n’ont plus rien. Dans le nord, ils se sont fait prendre les trois quarts de leur matériel » avant d’ajouter « si on peut faire monter les premières unités dans six mois, ce sera bien ».

Autant dire que les troupes maliennes sont à l’heure actuelle incapables de mener la moindre guerre. Ils ne sont même pas capables de récupérer Douentza.

Très prochainement, l’Union Européenne compte envoyer entre 250 et 300 coopérants militaires pour préparer 5000 soldats maliens au combat. Nous le savons déjà, les experts américains sont sceptiques par rapport à la configuration actuelle de la force qui mènera la guerre à savoir 3300 soldats issus des différents pays de la CEDEAO plus 5000 militaires maliens. Ils estiment que les effectifs prévus sont insuffisants.

Par rapport à la date de l’intervention, le mystère reste total. D’après le conseiller militaire français, le problème est bel et bien l’armée malienne. « S’il n’y avait que les troupes de le CEDEAO sur le terrain, il suffirait d’un mois ou deux pour faire du refreshing. Le problème, c’est l’armée malienne. Vu son état, il faut compter six mois pour rassembler les hommes, les instruire, les entraîner et les envoyer au combat. Je doute qu’il se passe quelque chose avant juin ou juillet. » Le conseiller militaire s’interroge sur la date de l’opération militaire. Il pense qu’il pourrait être reporté à Octobre 2013, après la saison des pluies. « Notre grande crainte, c’est aussi que des soldats ou des miliciens violent ou tuent des civils dans le Nord, en représailles au massacre de dizaines de militaires à Aguelhok, en janvier dernier ».

À cet effet, un accent particulier sera mis sur les droits de l’Homme. Pour plusieurs experts occidentaux, l’urgence est de prendre son temps.

La grande importance de l’aviation militaire

Pour reprendre Gao et Tombouctou, trois forces seront mis à l’œuvre. D’abord, les colonnes de l’armée malienne qui constitueront la force conquérante. Une force d’appui, composée de l’artillerie et de l’aviation malienne, de la CEDEAO et peut-être du Tchad (25 avions et hélicoptères de combat) et de l’Afrique du sud. Et enfin d’une force de soutien, composée des avions ravitailleurs européens qui apporteront armes, munitions, et carburant sur trois bases logistiques arrières, Bamako, Mopti-Sévaré et Niamey. Le conseiller militaire français affirme : « les Européens ne participeront pas au combat. On ne veut pas être pris la main dans le pot de confiture ». Des avions Breguet Atlantic français et des drones américains survoleront le nord du Mali pour renseigner les colonnes conquérantes sur les positions de l’ennemi.

La participation de soldats français sur le terrain est « inenvisageable » d’après Paris. Cependant, les 80 soldats commandos de leurs forces spéciales qui circulent entre la Mauritanie, le Burkina Faso et le Niger pourraient participer à l’opération militaire. Quant aux drones américains, jusqu’à présent, l’on ne sait pas s’ils effectueront des attaques ciblées. Récemment, les services de renseignements occidentaux ont découvert que les islamistes qui occupent le nord du Mali avaient volé des engins de construction de la société française Satom pour creuser des routes et des tunnels dans un massif montagneux. AQMI se prépare donc à un combat de guérilla.

Les principaux pays contributeurs sont : le Burkina Faso, le Ghana, le Nigéria, le Sénégal, le Niger, le Togo et peut être le Tchad.

Le Président Idriss Déby Itno hésite encore. Il veut certainement une contrepartie au renfort des troupes tchadiennes. Il attend certainement, avec beaucoup d’intérêts, sa rencontre avec le Président Hollande à Paris, le 5 Décembre prochain. Un diplomate ouest africain émet son avis : « … Si la France le laisse tranquille sur les droits de l’Homme et l’affaire Ibni (le nom de l’opposant Tchadien enlevé et disparu depuis Février 2008) il sera plus coopératif.

Le coût exorbitant de l’intervention militaire

Le 6 Novembre à Bamako, les états-majors des pays de la CEDEAO ont établi un devis de 500 millions de Dollars pour une opération de six mois. Les Européens fûrent estomaqués. Un diplomate européen exprime son étonnement : « nos amis africains voient quatre fois trop grands. Si l’on se réfère au coût des opérations en RDC ou en Somalie, le devis ne dépasse pas 125 millions de Dollars sur six mois. Mais comme nous aurons plusieurs mois de retard, mieux vaut prévoir 200 à 250 millions de Dollars sur un an ». Les principales dépenses sont les soldes des 3300 soldats de la CEDEAO, leur transport et leur ravitaillement. Romano Prodi, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, veut organiser une grande conférence début Décembre à Rome. Les différents donateurs se retrouveront pour se partager le fardeau financier.


Ahmed M.THIAM

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