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Gouvernance et lutte contre la corruption : Pourquoi le Bureau du VEGAL est-il si encombrant pour les autorités ?
Publié le lundi 1 juin 2015  |  Infosept




Crée en 2003 en inspiration de l’exemple canadien en la matière par le président ATT pour lutter efficacement contre la corruption et la mal gouvernance, le Bureau du Vérificateur Général est en passe de devenir une structure encombrante pour les autorités de la République du Mali. Pourquoi une si belle structure d’utilité publique peut-elle exister sans que les auteurs qu’elle dénonce dans ses rapports ne soient jamais inquiétés ? Pourquoi les rapports du Vegal n’ont jamais été suivis de poursuites judicaires ? Servent-ils seulement d’instruments de chantage aux cadres ? Pourquoi toutes les structures ne font pas l’objet des mêmes contrôles approfondis ? Tantôt d’autres comme l’AMRTP ne reçoivent la visite du Vegal que pour des projets qu’elle gère tandis que les autres sont auscultés au plus profond de toute leur gestion administrative et financière. Autant de questions qui demandent autant de réponses.

Le Bureau du Vérificateur Général a été institué par la loi N°03-030 du 25 Août 2003 qui lui assigne les missions d’évaluation des politiques publiques à travers un contrôle de performance et de qualité des services et organismes publics et en particulier des programmes et projets de développement. Il contrôle la régularité et la sincérité des opérations de recettes et de dépenses effectuées par les Institutions de la République, les administrations d’Etat, les collectivités territoriales, les établissements publics ou tout autre organisme financier bénéficiant du concours financier de l’Etat.

A la suite de ses investigations, il propose aux autorités publiques les mesures et actions idoines à assurer une meilleure adéquation du coût et du rendement des services publics, à rendre plus pertinent l’emploi des ressources publiques et d’une façon générale, à garantir le fonctionnement régulier des organismes et structures publics. Dirigé par un Vérificateur Général pour un mandat de sept ans non renouvelable. Un bel instrument entre les mains des décideurs pour traquer les gros bonnets et les malfrats de la République. Le bureau du Vegal est à sa source un formidable outil au Canada de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Au Mali, après l’euphorie de sa mise en œuvre, les autorités semblent avoir une tout autre appréhension et lecture des suites à donner à son travail. L’ancien Vérificateur Général M. Sidi Sosso Diarra en a appris à ses dépens. Son seul tort fut sa rigueur et sa stricte application des textes. Trimballé et humilié par une justice aux ordres des hommes politiques corrompus de l’époque, M. Diarra a échappé à la justice grâce à la détermination de la population qui menaçait de descendre dans la rue. Sidi Sosso Diarra a connu une fin de mandat difficile parce qu’on lui tirait dessus de toute part.

Ce fut ensuite M. Amadou Ousmane Touré de succéder à M. Diarra. Réputé être le juge anti-corruption, M. Touré, un magistrat qui a fait ses preuves surtout pendant la vaste campagne de lutte contre la corruption sous Alpha Oumar Konaré devra-t-il s’attendre au même sort ? A défaut d’être trimballé devant la justice, M. Touré fait l’objet de mépris de la part des hautes autorités. La preuve est que la cérémonie de remise des rapports a été reportée plusieurs fois sine die sous prétexte d’«agendas très chargé du Chef de l’Etat ». Même si tel devrait être le cas, le réflexe aurait voulu qu’il en responsabilise le Ministre Secrétaire général de la Présidence à défaut d’être remis au président de la République comme le disposent les textes. Le langage non verbal est aussi un langage. Cette méprise cache bien des intentions. Et le Vegal en prête le flanc quand il fait un choix sélectif de ce qu’il doit vérifier dans les structures. Au moment où tout le monde s’attendait à ce qu’il audite la gestion administrative et financière de l’Agence Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes (AMRTP), le Vegal instruira fermement à ses envoyés de ne fouiller que la gestion administrative et financière du Fonds d’accès universel. La gestion administrative et financière de l’AMRTP elle-même aurait permis sans nul doute de révéler à la face des maliens comment nos deniers publics issus de l’impôt numérique sont utilisés et gérés. L’AMRTP est une poudrière dont la gestion est l’une des plus politiques et des plus opaques de l’Administration malienne. C’est à l’AMRTP et nulle part ailleurs que l’on mêle le politique au technique. On se rappelle que l’AMRTP dans le cadre d’un appel d’offres sur l’achat d’équipement de contrôle de fréquence radioélectrique, avait invalidé la cotation d’une entreprise israélienne au motif que le Mali n’entretiendrait pas de relations diplomatiques avec Israël et que par conséquent il ne se justifiait pas qu’une entreprise israélienne emporte le marché. L’Agence cassera le marché pour l’attribuer à la même société israélienne qui avait un quasi-monopole mondial sur ses équipements.

Dans tous les cas de figure les différents Rapports du VGAL en disent long sur la qualité de nos gouvernants et sur leur volonté de se servir avant de servir le Peuple. Ces milliards de manque à gagner ou détournés ont été dénoncés dans tous les rapports mais aucune poursuite aux contrevenants n’a jusque-là été activée ni sous ATT, l’initiateur de cette structure, ni sous IBK qui était tant attendu pour la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière. C’est pourquoi l’ancien Premier ministre Moussa Mara affirmera que la corruption au Mali était plus grave que la crise au nord. Comme pour dire que la corruption et le détournement de fonds publics de leur destination finale est l’une des causes de la rébellion du nord dont les nombreux programmes et aides pour le développement n’ont jamais atteint les populations du nord. En définitive le Bureau du Vérificateur Général est un bel outil de lutte contre la corruption, si et seulement si, des suites judiciaires sont données à ses rapports.

Youssouf Sissoko
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