Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Les leçons d’Aminata Dramane à Mossa Ag Attaher and cie…
Publié le lundi 1 juin 2015  |  L’enquêteur
Cérémonie
© aBamako.com par Momo
Cérémonie de remise des prix Litteraires
Bamako le 11 mars 2015, cloture de la biennale des lettres sous le haut parrainage de Madame la premiere Dame KEITA Aminata Maiga, l`epouse du chef de l`Etat




La maman Aminata Dramane très engagée dans l’appropriation et la mise en œuvre du processus de l’accord de paix signé le 15 mai dernier, a profité de la journée du 25 mai dernier, célébrant l’unité africaine pour inviter les « enfants égarés » du pays à la réflexion et au vivre ensemble. Car selon elle la solution à la crise qui secoue le Mali n’est pas au bout du fusil, mais bien lié au développement et à la compréhension de la marche du monde.
« Mossa Ag Attaher et tous ces jeunes-là, s’ils ont une meilleure compréhension des enjeux du développement leur projet de créer un Etat ou d’être autonome est sans issue. C’est beaucoup plus important, si vous avez des griefs, si vous avez des revendications, il faut les inscrire dans le champ du débat démocratique. C’est ça aussi. Il faut qu’on multiplie les espaces pour que les gens s’expriment librement, quand les gens en ont gros sur le cœur et qu’ils ont l’impression que tout va bien (C’est vrai que ca va bien pour une minorité au Mali). Quand vous voyez l’amertume du développement inégalitaire, de part le monde, le fossé est en train de se creuser constamment aujourd’hui entre les riches et les pauvres, selon le PNUD. Comment combler ce fossé chez nous ? Redistribuer (les ressources, ndlr), faire de telle sorte que les gens puissent vivre dignement. Moi, je pense que ça n’échappe à personne, mais si vous voulez prendre des armes pour revendiquer cela ; à moins qu’il y ait un sentiment de supériorité, si vous pensez aux gens qui quittent Kayes et à mourir à la porte de l’Europe qui ont les mêmes problèmes que vous. Alors on se met tous ensemble pour trouver une solution. Ce drame de l’immigration, qui nous arrive au moment où nous sommes dans ce processus de négociation doit être pris en compte dans le débat en disant que, si le développement avait vraiment marché pour les gens de Kayes, Didiéni, Diéma et autres… est ce qu’ils seraient partis ? Donc, si ça n’a pas marché là-bas, si à Sikasso ça n’a pas marché, si à Paris Hollande même est confronté au casse-tête de l’emploi. Cela montre qu’on est dans des politiques économiques qui sont structurellement défaillantes. Donc, ces politiques économiques qu’il faut revoir. Si nous ne nous donnons pas les moyens d’inventer l’économie de changer nous-mêmes. Parce que pour l’instant, nous travaillons pour les autres. Par le passé, on a mis en place les infrastructures qui ont drainé vers les ports nos matières premières mal payées de surcroît. Maintenant, si nous voulons des infrastructures en Afrique, il faut que ça soit dans le cadre de l’intégration : nationale d’abord et sous-régionale. ».

AMINATA D.TRAORE SUR LA JOURNEE DE L’AFRIQUE : « On a souffert de la politique imposée …»
Dans le cadre de la célébration du 25 mai, journée de l’Afrique, Aminata Dramane Traoré a animé une conférence débats. La militante altermondialiste ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de donner son point de vue sur l’état général du continent. Occasion pour l’altermondialiste d’évoquer l’accord d’Alger, le drame de l’émigration et, elle a surtout invité les femmes et les jeunes du Mali au lancement de la campagne nommée : « Des mères sociales pour la réconciliation, la paix et la sécurité humaine ». C’était en présence d’un parterre de personnalités composées du Ministre de la Réconcialiation nationale Zahabi Ould Sidi Mohamed, de la représentante adjointe de la Munisma, Mbaranga Gassarambwé et de plusieurs hautes personnalités. A l’issue de la conférence nous avons recueillis les propos de Aminata Dramane Traore que nous vous livrons intégralement.

« C’est la journée de l’Afrique qui est célébrée pour insister sur l’importance de l’intégration, de la solidarité et de l’unité africaine. Dans le cadre de la signature de l’accord il y a une des figures de cette lutte pour la libération de l’Afrique : le président Mugabé, qui nous a rappelé que Modibo Keita, Kwamé Nkrumah et Sékou Touré ont servi d’exemple, avec leur volonté à l’époque d’aller au-delà de l’Afrique, pour construire des pôles de développement, être plus forts ensemble. Toute volonté qui était à l’origine de l’union Ghana-Guinée-Mali on s’en souvient tous. Comme il l’a dit c’est un symbole fort de la volonté de l’Afrique de se libérer du joug de la colonisation et d’avancer ensemble. Ça c’est très important comme motivation lors de la création de l’OUA. Pourquoi j’attache une importance particulière à cette journée ? C’est une raison de se passer des pays qui résistent. On sent aujourd’hui au niveau des citoyens ordinaires un besoin d’apprendre de comprendre davantage. Le monde est en train de bouger à une vitesse phénoménale malheureusement, il marche sur la tête. Je dirais même à reculons. Personne n’aurait pu imaginer dans nos pires cauchemars qu’au nom de la lutte contre le terrorisme, l’ancienne puissance coloniale allait pouvoir revenir sur ses pas, gagner du terrain et exiger qu’on lui dise : « merci ! » De notre côté, le conflit comme celui qui est au cœur de l’accord du 15 mai allait prendre cette dimension quand on regarde vers le nord. Gravissime ! La rébellion et, de l’autre côté, le jihadisme. Vous regardez pendant que vous êtes en train de vous demander comment vous allez parvenir à revivre ensemble, vous appreniez par milliers aussi que d’autres jeunes vont mourir aux portes de l’Europe. C’est énorme ! C’est beaucoup ! C’est tout cela qui fait de cette journée une journée particulière, dans un contexte particulier où les intellectuels et les artistes doivent jouer leur rôle. On a beaucoup entendu les politiques, on voit les militaires, on connait les contraintes pour ces acteurs-là, mais une véritable société civile doit s’emparer de ces questions sans tabou, les examiner. Une masse critique de Maliens comprennent mieux et pourquoi, après 54 années de développement on se trouve encore aujourd’hui dans cette situation de résoudre nos problèmes, on a ces épines dans le pied alors qu’on a envie de bouger et d’aller de l’avant. Donc, aujourd’hui, je voudrai que les Maliens situent le Mali dans le contexte de l’Afrique. Quand nous disons dans notre hymne : « Pour l’Afrique et pour toi Mali »… Ce n’est pas banal au-delà ; nous ne sommes pas seulement un symbole mais un cas d’école. J’ai cité Mme Zuma N’Nkosazana Dlamini lors de son passage dans notre pays: « votre combat, femmes du Mali est le notre. Et si vous réussissez, les femmes d’Afriques réussiront avec vous ». C’est un beau défi ! Il est un défi intellectuel et politique qui nécessite aujourd’hui que nous les femmes allions au delà des chantiers battus des idées reçues.
Pourquoi c’est important?
C’est l’union africaine qui a dit: « 2015, c’est l’année de l’autonomisation des femmes. » Ce 25 mai doit être l’occasion pour les femmes de s’interroger : « quel genre d’autonomisation ? »
De quelle autonomisation peut-on parler ?
Lorsque le pays n’a pas les coudées franches dans les choix économiques et qu’une masse critique de femmes ne participent pas, ne se mobilisent pas parce qu’elles sont désinformées, ne sont pas nécessairement outillées intellectuellement pour participer à ce débat…. C’est pourquoi que cette notion de mère sociale a été développée par Karamoko Bamba qui considère que nous sommes une force du fait que nous sommes à la fois l’âme seule qui donne la vie « Woloba », la mère, celle qui éduque l’enfant « Lamoba » et celle qui protège « Lamoba », mais dans cette fonction de protectrice nous ne nous occupons pas seulement de nos enfants. Par, le passé n’importe quelle femme, quand tu vois d’autres enfants en difficulté, tu dois pouvoir te reconnaitre dans ces enfants, qui vont au jihad, dans ces enfants, qui se noient aujourd’hui, tu dois reconnaitre les tiens, tu dois te poser la question de savoir : « est-ce-que je suis une femme chanceuse ? »
Si, aujourd’hui mes enfants vivent ici ou travaillent, que je les vois à côté de moi ici avant de mourir, que je les vois vivre une vie normale, je les vois chômeurs, trafiquants de drogue, migrants et pourchassés….C’est infernal, insupportable ! Nous devons essayer de comprendre le pourquoi. Nous sommes dans des processus de développement et de démocratisation dont nous n’avons pas le contrôle. J’ai écrit de long en large sur le programme d’ajustement structurel.
Les programmes d’ajustement structurel ont considérablement affaibli l’Etat, l’armée, l’école et la famille, donc toutes les institutions qui participent à la construction de l’homme malien. On a souffert de la politique imposée. Il faut que les femmes maliennes se disent que l’OUA avait élaboré le plan d’action de Lagos. Le plan d’action de Lagos, les africains avaient à cœur d’avoir une orientation définie par eux-mêmes. A l’époque du revers de la main, on a balayé le plan d’action de Lagos. On lui a substitué le rapport Eliot Berg. On est entrés dans les politiques d’ajustement structurel et on a le culot de nous dire aujourd’hui que nous sommes les fautifs, entièrement responsables de tout ce qui nous arrive. Qu’il s’agisse du Nord, qu’il s’agisse de l’immigration ou qu’il s’agisse de tous les problèmes, on nous rend responsables de tous ces maux. Et si nous Maliens, nous n’allons pas vers ce que j’appelle l’université citoyenne que nous voulons créer, si nous n’allons pas quelque part à une école, comme Jean Bosco Konaré l’a dit, pour mieux comprendre ce qui nous arrive, nous sommes condamnés à nous entredéchirer au niveau des familles, au niveau des quartiers, au niveau des partis politiques. On a plus de 150 partis politiques. Les responsables politiques ont la responsabilité morale d’éduquer leurs membres et adhérer à un parti politique. Ce n’est pas seulement avoir une carte mais, aussi de devenir un militant, un militant éclairé et avisé. Ça veut dire que, quand vous prenez une position par rapport à une question, la base doit savoir ce que vous pouvez changer vous-mêmes. Quand vous aurez le pouvoir, quelles sont les contraintes qui peuvent vous empêcher de faire ce que vous avez envie de faire. C’est comme ça qu’on pourra semer les graines de développement à la base. La paix par le développement les femmes s’engagent ! »

A.B.D
Source: L'Enquêteur
Commentaires